Trafic de drogue sur l’axe Maurice-Réunion : pourquoi le Zamal réunionnais attire les trafiquants mauriciens ?

Le prix du Zamal est plus abordable à l’île sœur. Si à Maurice un kilo de ces feuilles est monnayé à hauteur de Rs 600 000, à La Réunion, il faut compter Rs 45 000, soit environ 1 000 euros. D’où l’existence de cette axe Maurice–Réunion, dans le trafic du cannabis. Mercredi, un bateau mauricien s’est échoué à Saint Benoit. Des témoins et la police réunionnaise confirment que deux occupants ont pris la fuite à pied, sacs en main. Un trafic de drogue est fortement privilégié et la brigade antidrogue à Maurice est en alerte. Deux suspects, le propriétaire et l’ancien propriétaire du bateau en question, ont été arrêtés par la brigade antidrogue à Maurice. 

« Zamal pli bon marse ki Moris. 1 000 euros le kilo, soit Rs 45 000, alor ki Moris se Rs 600 000. Or le cannabis réunionnais est commercialisé plus cher, de par de ses qualités jugées « supérieures » par les consommateurs. À Maurice, il y a un combat contre le cannabis. La police et les voleurs de cannabis sont les ennemis des trafiquants, alors qu’à l’île sœur, les autorités sont moins sévères. « Ici, le Zamal pousse partout. La loi est moins sévère et la sentence pour la prison n’est pas aussi stricte que Maurice », confie André, un habitant de St-Paul, Les Hauts, à La Réunion.

À Maurice, le cannabis réunionnais est commercialisé entre Rs 2 500 et Rs 3 000 le gramme au minimum, lorsqu’il s’agit de Skunk. Dépendant de la disponibilité, le prix connaît des fluctuations, de temps à autre. Le cannabis en provenance de La Réunion, est commercialisé à Rs 1 500. Le cannabis communément appelé boute, produit localement, est vendu par les trafiquants à environ Rs 1 200. Si à La Réunion on ne compte quasiment pas de cannabis de mauvaise qualité, à Maurice, le « Mass grainage » est vendu à Rs 800 le gramme, confient nos sources proches de l’Adsu.

« Cannabis Moris pli bon, me kan pena bizin al lor Mass la renion »

L’Adsu sait que les consommateurs privilégient le cannabis produit localement. Mais, avec le combat des autorités contre la culture et le trafic, le cannabis connaît des moments de « sècheresse » sur le marché. « Ena moman pa gagn narien ditou mem », relate un consommateur de la capitale. À ce moment-là, ce jeune professionnel, qui ne cache pas son appréciation pour le cannabis, affirme que lui et sa bande d’amis se tournent vers le cannabis en provenance de l’île sœur. « Ena so plass gagne, nou partaz bann ladres la ant nou ».

Pourquoi les Réunionnais expédient les cargaisons à Maurice ? Le profit pour le trafic de cannabis est nettement plus élevé lorsqu’il est acheté à l’île sœur. Les trafiquants de cannabis mauriciens achètent le kilo pour une moyenne de Rs 300 000, expliquent nos sources proches de l’Adsu, mais la revente les fait empocher jusqu’à Rs 1,5 million. « Profi la li ariv 1 pou 5 ».

L’Est, c’est la passoire pour les cargaisons de drogue. La région de Ste-Rose, qui s’y trouve, reste parmi les lieux les plus prisés par les convoyeurs Réunion–Maurice. « Zot reste pre kot parking legliz Ste-Rose. Kouma bato koste, zot al lor por pran kargo », confie Stéphane. Billy, un retraité habitant sur la côte Est, raconte qu’en tant que pêcheur, il croise souvent des bateaux suspects en mer. « Ces bateaux viennent de Maurice », avance-t-il.