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Top 5 des pires plantes envahissantes à Maurice

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Un quart de l’île est recouverte de forêt. Mais en réalité, il nous reste moins de 2 % de forêt indigène originelle de haute qualité, et celle-ci est attaquée par des plantes envahissantes. Contrôler cette végétation exotique est un défi quotidien. 

Plus de 1 675 espèces de plantes ont été introduites à Maurice, dont 20 ont été identifiées comme envahissantes et particulièrement agressives selon l’United Nations Development Programme (UNDP). « Ce chiffre équivaut au double du nombre de plantes à fleurs indigènes mauriciennes », souligne Christine Griffiths, la General Manager d’Ebony Forest. 

« Sans action, nous risquons de finir avec des forêts sans diversité, mais aussi de perdre des espèces végétales uniques et de la faune qui en dépend », met-elle en garde, en évoquant la lutte contre les plantes envahissantes. Contrôler cette végétation exotique est un défi quotidien pour les équipes d’Ebony Forest basées à Chamarel, Vallée de l’Est et Montagne-Longue, confie-t-elle.

Cette semaine, Christine Griffiths nous présente les cinq espèces les plus envahissantes présentes à Maurice, en raison de leur caractère envahissant, leur impact néfaste sur la biodiversité et la difficulté à les contrôler. 

Liane cerf 

Les fruits matures de la Liane cerf sont transportées sur des kilomètres par le vent.
Les fruits matures de la Liane cerf sont transportées sur des kilomètres par le vent.

Connue localement comme « Liane cerf » et « Liane de papillon » à la Réunion, l’Hiptage benghalensis est originaire de l’Inde, d’Asie du Sud-Est et des Philippines. Elle était autrefois plantée pour son parfum et ses magnifiques fleurs, explique Christine Griffiths. 
Il n’empêche qu’il s’agit d’une plante envahissante mortelle. « Elle s’établit et recouvre rapidement la végétation indigène. »
Son taux de croissance est « remarquable », poursuit Christine Griffiths, en raison de sa capacité de régénération élevée. Quant à la production prolifique de graines, elle indique que la capacité à se disperser sur de longues distances grâce à ses fruits uniques en forme d’hélicoptère à trois ailes, en fait un défi considérable à gérer. 

« Si rien n’est fait, cette espèce envahissante étouffe et étrangle les arbres endémiques, les privant du soleil tout en alourdissant leurs structures et conduisant finalement à leur disparition », prévient-elle.

Goyave de Chine

Goyave de chine

Originaire du Brésil et non de Chine, contrairement à ce que son nom local laisse entendre, la goyave de Chine ou goyavier-fraise a été introduite à Maurice comme plante ornementale et pour ses fruits. Aidée par les sangliers et les oiseaux introduits qui propagent ses graines, elle forme un fourré dense, faisant de l’ombre aux plantes indigènes, empêchant ainsi leur régénération naturelle. 

De plus, la plante de goyave de Chine, avec son écorce qui se détache, empêche la propagation d’orchidées indigènes. Elle prive également de nourriture nos oiseaux insectivores, papillons et autres insectes indigènes de nos forêts. Par conséquent, elle réduit la biodiversité locale. 
« Bien que la goyave de Chine et la Liane cerf soient parmi les pires plantes envahissantes au monde, on peut les contrôler en coupant leur tronc près de la base et en appliquant un herbicide sur la souche coupée pour empêcher la repousse », indique Christine Griffiths.

Bois noir blanc

bois noir
Laissé sans surveillance, le Bois noir blanc s’empare des espaces naturels.

Souvent confondu avec l’Albizia ou Bois noir, le Bois noir blanc a été introduit à Maurice en raison de sa croissance rapide. Cet arbre fixateur d’azote peut atteindre sept mètres de hauteur durant la première année, et jusqu’à 40 mètres à terme. Selon Christine Griffiths, le Bois noir blanc (Falcataria moluccana) supplante les plantes indigènes, notamment pour la lumière et les nutriments, formant des peuplements denses qui modifient la disponibilité de l’eau et la composition du sol. « Son attrait comme arbre ornemental cache le danger que cette plante présente pour les infrastructures et les personnes », dit-elle. Contrairement aux arbres endémiques qui sont adaptés aux cyclones, les branches du Bois noir blanc se brisent facilement. Les vents violents peuvent même le déraciner. 

« Pour éviter d’endommager les arbres endémiques déjà présents ou plantés, notre équipe de restauration pratique le ‘Ring-Barking’ en enlevant une bande d’écorce autour du tronc de l’arbre. » Pourquoi ? Christine Griffiths explique que cela perturbe la circulation des nutriments et de l’eau entre les racines et la canopée, tuant ainsi lentement l’arbre.

Liane Pauline 

La liane Pauline forme rapidement des couvertures denses, tuant la végétation indigène.
La liane Pauline forme rapidement des couvertures denses, tuant la végétation indigène.

Selon Christine Griffiths, la liane Pauline (Mikania micrantha) trouve son origine en Amérique centrale et du Sud. Sa croissance rapide dépasse les 30 centimètres par jour. « C’est ce qui lui vaut son sur surnom anglais ‘Mile-a-minute Weed’. » Cette plante grimpante forme des tapis épais qui étouffent la végétation indigène en la privant de soleil. Ses graines, dispersées par le vent, se propagent facilement, ce qui en fait un défi particulier à contrôler pour les équipes de restauration d’Ebony Forest. « Heureusement, une fois la canopée indigène formée, cette mauvaise herbe qui affectionne la lumière est laissée à l’ombre et a du mal à se développer. »

L’Arbre du Voyageur

En plus d’être une plante splendide avec des feuilles en forme d’éventail, la ravenale produit des graines bleues inhabituelles.
En plus d’être une plante splendide avec des feuilles en forme d’éventail, la ravenale produit des graines bleues inhabituelles.

L’Arbre du Voyageur ou ravenale (Ravenala madagascariensis) est originaire de Madagascar, où il est une plante culturellement et économiquement importante. Selon la General Manager d’Ebony Forest, cet arbre privilégie les zones humides et malgré son apparence de palmier, son plus proche parent est la plante Oiseau de Paradis (Strelitiziaceae). Les geckos endémiques y sont facilement repérables. 
Cependant, si cette espèce envahissante, pouvant atteindre dix mètres de hauteur, n’est pas contrôlée, elle forme des monocultures denses et déplace la végétation indigène, réduisant ainsi la biodiversité. « Nos équipes de restauration d’Ebony Forest et de Vallée de L’Est éliminent la ravenale en coupant les arbres ou en injectant du poison pour tuer lentement les plantes. »

Sauvegarde de notre biodiversité indigène

Maurice est confronté à une crise de la biodiversité. Les espèces envahissantes végétales et animales sont une cause majeure de la dégradation des écosystèmes. Selon Christine Griffiths, la plupart des espèces envahissantes ont été introduites à Maurice par l’homme. « La prochaine fois que vous envisagez de planter une plante exotique dans votre jardin, pensez peut-être plutôt à une plante endémique », conseille-t-elle. 

La restauration de l’habitat naturel nécessite un engagement et des investissements à long terme.
La restauration de l’habitat naturel nécessite un engagement et des investissements à long terme.

La restauration de l’habitat nécessite un engagement et des investissements à long terme. « C’est grâce au service forestier de Maurice et à nos partenaires que nous sommes en mesure de maintenir ce combat », dit-elle. Parmi ceux-ci, il y a la Fondation Franklinia dont la mission est de conserver certaines des plantes les plus menacées au monde et qui cofinance les activités de restauration forestière d’Ebony Forest, sur les trois sites de restauration depuis 2020. 

« Le Critical Ecosystem Partnership Fund soutient nos activités de restauration forestière depuis 2016. La Mauritius Commercial Bank, la Fondation Currimjee, Mr Bricolage, Bioculture Ltd et Livestock Feed Ltd ainsi que tous ceux qui ont visité Ebony Forest, soutiennent la sauvegarde de notre biodiversité indigène », ajoute Christine Griffiths.

 

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