Sun Gongyi : «La Chine continuera à contribuer au développement de Maurice»

L’ambassadeur de Chine à Maurice explique l’importance des événements majeurs prévus en octobre. Il fait le point sur le rôle de la deuxième puissance économique mondiale dans le pays, dans la région et dans le monde.

Sur une population de 1,4 milliard, moins de 100 000 touristes chinois viennent à Maurice par an. La coopération touristique entre les deux pays a beaucoup de potentiel.

Le 1er octobre prochain sera célébrée la fête nationale chinoise. Pourquoi est-ce important ?
La création de la République populaire de Chine, il y a 68 ans, a inauguré la transformation sociale la plus profonde de l’histoire chinoise. Depuis sa fondation, et surtout depuis le lancement de la politique d’ouverture et de réforme, la Chine s’est débarrassée de la pauvreté pour devenir la deuxième plus grande économie mondiale. Elle a échappé à la désintégration pour devenir un pays solidaire, fort et prospère.

La Fête nationale chinoise revêt aussi une signification particulière pour Maurice. Chaque année au début d’octobre, vous constaterez sans doute une augmentation soudaine de touristes chinois à Maurice. C’est parce que les Chinois ont une semaine de vacances à l’occasion de la Fête nationale. De nombreux touristes chinois ont réservé leur voyage pour visiter l'île Maurice, considérée comme Heaven on Earth, pour passer les vacances.

Le 18 octobre se tiendra le 19e Congrès du Parti communiste chinois. En quoi ce rassemblement est-il important pour le pays et le monde ?
Le Congrès national du Parti communiste chinois se tient tous les cinq  ans. Le 18 octobre prochain aura lieu la 19e édition. Il s’agit d’un événement d’importance majeure pour la Chine. Au cours des cinq dernières années, l’économie chinoise a enregistré une croissance de 7,2 %. Les mesures d’assistance ciblée aux démunis ont permis, chaque année, à plus de 13 millions de personnes de sortir de la pauvreté. En matière de la lutte contre la corruption, ni les tigres en haut de l’échelle ni les mouches en bas de l’échelle ne peuvent échapper à la loi.

En matière de diplomatie, la Chine a avancé les idées de la construction d’une « communauté de destin de l’humanité » et de l’instauration d’un nouveau modèle de relations internationales axées sur la coopération gagnant-gagnant, ainsi que la Belt and Road Initiative. En quatre ans, cette dernière initiative a été accueillie favorablement par une centaine de pays et d’organisations internationales pour devenir le projet public le plus prisé au monde.

Le 19e Congrès du PCC, qui se tiendra prochainement, sera une occasion pour dresser le bilan général des cinq ans passés et pour annoncer un programme d’action essentiel, stratégique et prospectif pour le développement futur de la Chine et de ses relations extérieures. Les enjeux du Congrès concernent la voie de développement de la Chine, la croissance durable de l’économie chinoise, les intérêts vitaux du peuple chinois et l’orientation de la politique étrangère de la Chine. Il aura une influence importante tant pour la Chine que pour les autres pays du monde. Par ailleurs, la nouvelle équipe dirigeante de la Chine pour les cinq prochaines années y sera élue. Ce qui fait de l’événement l’objet de toutes les attentions de la communauté internationale.

Peut-on dire que la Chine est déjà devenue un partenaire indispensable pour l’Afrique ? 
En réalité, les relations sino-africaines ont déjà dépassé le niveau de partenariat ordinaire pour devenir ce qu’on appelle le « partenariat global stratégique ». En 2016, le volume des échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique a atteint 150 milliards de dollars. La Chine est, pour la huitième année consécutive, le plus grand partenaire commercial de l’Afrique et le troisième plus grand investisseur en Afrique, ce qui a crée un grand nombre d’emplois. En 2012, le président chinois XI Jinping, lors de sa première visite officielle en Afrique après sa prise de fonctions, a avancé les principes de « la sincérité, du pragmatisme, de la fraternité et de l’honnêteté » pour les relations sino-africaines et « la bonne conception de la justice et des intérêts ».

L’essentiel de ces idées est de connecter le développement de la Chine avec celui, autonome et durable, de l’Afrique, afin de réaliser une coopération gagnant-gagnant. En décembre 2015, le président XI Jinping a annoncé, lors du Sommet de Johannesburg et du Forum sur la Coopération sino-africaine, les dix grands projets de coopération sino-africaine pour les trois ans à venir. Il a promis de fournir 60 milliards de dollars d’aide pour soutenir l’Afrique dans ses efforts pour améliorer ses capacités d’auto-développement. 

Selon les statistiques disponibles, depuis le Sommet, plus de 600 projets ont été signés et le montant total des investissements est de plus de 108 milliards de dollars. Ces projets ont permis de créer plus de 200 000 emplois directs.

Quel sera l’apport de l’Afrique de l’Est dans la Belt and Road Initiative?
Les pays d’Afrique de l’Est sont parmi les pays participants à l’initiative. Il faudrait tenir compte des spécificités de chaque pays qui doit faire valoir ses propres atouts. Pour Maurice, on peut travailler au renforcement des trois aspects suivants : la coopération financière, l’aviation civile et le tourisme.

Sur une population de 1,4 milliard, moins de 100 000 touristes chinois viennent à Maurice chaque année. La coopération touristique entre les deux pays possède beaucoup de potentiel. Les deux gouvernements doivent travailler davantage pour faciliter les échanges humains. Les entreprises touristiques des deux pays doivent aussi innover davantage pour explorer des ressources encore plus riches et de meilleure qualité pour le marché.

Depuis l’établissement des relations diplomatiques sino-mauriciennes, il y a 45 ans, les deux pays ont maintenu de très bonnes relations d’amitié et les échanges culturels sont très intenses. Ces dernières années, la coopération économique et commerciale ne cesse de croître. D’où vient cette tendance ?
La Chine et Maurice sont tous deux d’ardents défenseurs de la globalisation économique. Dans un monde marqué par une interdépendance croissante entre les différents pays, personne ne peut réaliser à lui seul son développement économique. La Chine et Maurice sont pleinement conscients que ce n’est qu’en renforçant la coopération économique et commerciale, sur la base de bénéfices mutuels et d’une relation gagnant-gagnant, que les deux pays verront leurs relations d’amitié se consolider (…)

La nouvelle aérogare de l’Aéroport international SSR, le Bagatelle Dam, le bâtiment de la MBC sont parmi les projets exemplaires de la coopération sino-mauricienne. La transformation réussie de la zone économique de Jinfei lui a offert de nouvelles perspectives de développement. Avec l’étude de faisabilité conjointe pour un accord de libre-échange entre les deux pays qui est bouclée, la Chine et Maurice sont prêts à mener des négociations officielles pour l’étape suivante. (…) Comme le dit le proverbe : « A friend in need is a friend indeed». Dans le passé, la Chine a fourni des aides de développement à Maurice et à l’avenir, elle continuera à le faire dans la mesure de ses capacités.

La Bank of China fait désormais partie du paysage financier mauricien. Qu’est-ce que cet ancrage représente dans l’axe Afrique-Asie?
La Banque de Chine s’est installée à Maurice en 2016. Ce qui a permis de poser un jalon historique dans les relations économiques entre nos deux pays. La Banque de Chine est devenue la première banque chinoise basée à Maurice. J’ai visité cette succursale peu de temps après ma prise de fonction. Maurice possède de nombreux atouts sur le plan géographique, des investissements et l’accès rapide aux finances, un environnement stable et il est un État de droit.

Tous ces atouts attirent énormément les institutions financières de Chine et les incitent à investir ici. L’installation de la Banque de Chine à Maurice attirera certainement des investissements des entreprises chinoises, soit directement à Maurice, soit à travers la juridiction locale pour aller sur le continent ou vers d’autres pays de la région, afin de promouvoir le développement économique régional.