Hayeshan Maudarbaccus avait été lui aussi incarcéré au Moka Detention Centre, plus précisément dans la cellule où le constable Arvind Hurreechurn a été retrouvé mort dans la nuit de samedi à dimanche. Le témoin dans l’affaire Gro Derek a du mal à croire à la thèse du suicide.
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«J’ai été incarcéré dans cette celulle moi aussi », lance Hayeshan Maudarbaccus. Comme le constable Arvind Hurreechurn, le star witness dans l’affaire Gro Derek a déjà séjourné dans la cellule numéro 14 du Moka Detention Centre, où l’officier de police, arrêté avec deux kilos d’héroïne la semaine dernière, se serait pendu dans la nuit de samedi à dimanche.
Alors que le Central Criminal Investigation Department (CCID) et la National Human Rights Commission ont ouvert une enquête afin de déterminer dans quelles circonstances cette pendaison a eu lieu, une voix pour le moins inattendue se fait entendre : celle d’Hayeshan Maudarbaccus. Pour l’ancien steward du Mauritius Trochetia, difficile de croire qu’un détenu ait pu se pendre dans cette celulle. « Je suis resté bouche bée quand j’ai appris la nouvelle, vu que cet endroit fait l’objet d’une surveillance permanente. »
Plusieurs rondes effectuées
Il explique qu’il y a une caméra de surveillance dans cette cellule, ce qui permet aux policiers de jeter un oeil sur les détenus à tout moment. « Un jour, je manipulais un morceau de papier et j’essayais un jeu de dames quand deux policiers ont débarqué dans la cellule », raconte-t-il. De plus, ajoute le star witness, « il y a des policiers chargés spécifiquement d’effectuer des rondes à tout moment ».
Il précise que cette cellule est une des trois seules à être dotées d’une salle de bains, de toilettes et d’un lavabo. C’est en accrochant une serviette au robinet de ce lavabo avant de s’asseoir que le constable Arvind Hurreechurn se serait pendu. Mais à en croire Hayeshan Maudarbaccus, « pa fasil met pandi. Kaso-la so plafon bien ot. Pou met pandi ar lavabo, li drol parski ena enn ti robine sa. Si la serviette est épaisse, alors on ne peut pas la nouer autour du robinet ».
Membre repenti du réseau de Gro Derek, Hayeshan Maudarbaccus a le statut de star witness. Il bénéficie pour l’instant d’une protection policière mais se demande combien de temps cela va durer : « Nous avons aidé la brigade antidrogue à mettre des réseaux de drogue hors d’état de nuire. Il faut que l’État garantisse notre sécurité. De cette manière, d’autres témoins iront de l’avant pour dénoncer des réseaux mafieux. »
Avec le démantèlement du réseau Gro Derek, l’Anti-Drug and Smuggling Unit a procédé à la saisie de Rs 180 millions d’héroïne. Hayeshan Maudarbaccus, qui travaillait sur le Mauritius Trochetia, était chargé de récupérer la drogue à Madagascar avant de la balancer en mer. Ensuite, Bruno Casimir récupérait la drogue en mer avant de la ramener à terre pour le compte de Dereck Jean Jacques.
Les images des caméras de surveillance « floues »
Après le décès du présumé trafiquant de drogue Arvind Hurreechurn dans sa celulle dans la nuit de samedi à dimanche, le CCID a visionné les images des caméras de surveillance du Moka Detention Centre. Cet endroit est doté de plus d’une dizaine de caméras installées dans les couloirs et dans certaines cellules, comme celle où le constable était enfermé. Or, les enregistrements ne sont pas d’une grande aide aux enquêteurs, car les images sont floues et de mauvaise qualité. Les membres de la National Human Rights Commission, qui enquêtent également sur ce drame, ont été informés de cette situation.
Par ailleurs, cinq policiers qui étaient de service ce soir-là ont été entendus. Ils ont expliqué qu’ils ont fait leur ronde à des intervalles de 30 minutes. Ils ont affirmé qu’à 23 h 30, Arvind Hurreechurn discutait avec d’autres détenus.
À un moment donné, il aurait déclaré à ces derniers qu’il allait se coucher. Les cinq policiers ont ajouté que lors de leur ronde suivante, 30 minutes plus tard, ils ont découvert le corps sans vie d’Arvind Hurreechurn dans sa cellule.
De leur côté, les autres détenus du Moka Detention Centre ont indiqué qu’Arvind Hurreechurn était d’humeur joviale cette nuit-là. Ils racontent qu’il fredonnait même quelques chansons bollywoodiennes.
Le commissaire de police Mario Nobin a, quant à lui, affirmé que c’est la procédure normale d’ouvrir une enquête lorsqu’il y a mort d’homme dans une cellule policière.
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