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Stephan Rezannah : «Il est temps de faire de l’art un secteur économique à fort potentiel» 

Stephan Rezannah, directeur de Jorez Box – un label événementiel, d’édition ainsi que producteur de concerts et tournées pour artistes – est clair. Son « Manifeste à lui » repose sur quatre piliers : la formation, la valorisation, la transmission et la conservation. Son ambition est de professionnaliser l’industrie musicale, en investissant dans le développement des talents et en préservant le patrimoine culturel. 

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Quelles sont les priorités clés que vous souhaitez aborder dans votre manifeste en matière d’art et de culture ?
La première priorité est l’instauration d’une véritable politique culturelle qu’aucun gouvernement n’a su proposer depuis l’indépendance. Cette politique serait fondée sur une loi solide pour définir le Statut de l’Artiste, adaptée aux réalités de l’industrie culturelle. L’absence de reconnaissance légale pénalise les acteurs du secteur. Cependant, une loi seule ne suffit pas. Elle doit être assortie de soutiens financiers et logistiques pour garantir son application effective, permettant ainsi de bâtir une véritable économie autour des activités artistiques. 

Ensuite, la mise en place d’un système d’intermittents du spectacle, inspiré du modèle français, serait essentielle pour assurer la sécurité de l’emploi dans le domaine artistique. La création d’un ministère des Arts exclusivement dédié à l’industrie culturelle s’impose également, tandis qu’un autre ministère s’occuperait des événements socio-culturels.  Je considère aussi essentiel de créer un musée de la musique pour préserver et valoriser la richesse musicale de l’île. La musique étant l’identité artistique et culturelle la plus forte de Maurice, la création d’un espace dédié à l’exposition de ce patrimoine est non seulement un besoin, mais une véritable nécessité. 

Enfin, il est crucial de mettre en place un bureau d’exportation pour faciliter la participation des artistes et acteurs des industries culturelles et créatives à des événements internationaux. Cela renforcerait la promotion de la culture mauricienne sur la scène mondiale, tout en valorisant la destination Maurice.

En quoi votre manifeste peut-il enrichir le paysage culturel de la région ?
Un secteur culturel nécessite un encadrement professionnel, avec des personnes compétentes à la tête des structures de promotion des arts. Le manque d’encadrement compétent et la mauvaise gestion des postes clés liés aux Arts et à la Culture à Maurice freinent le développement du secteur. « The right man at the right place » devrait devenir une réalité, en s’assurant que des personnes qualifiées dirigent les structures de promotion artistique. 

Avec des structures professionnelles en place, non seulement la production et la promotion des projets locaux se verraient renforcées, mais aussi les opportunités d’exportation de la culture mauricienne s’étendraient vers l’international. Un accès accru aux réseaux professionnels permettrait de connecter les artistes locaux aux plateformes régionales et mondiales.

Une politique culturelle bien pensée, avec une vision à moyen et long terme et des objectifs clairs, est bien plus efficace pour atteindre ses objectifs que de simplement chercher à satisfaire les temples et les églises pendant cinq ans, dans l’espoir de s’assurer une place sur la liste des 60.

Quelles mesures proposez-vous pour soutenir les artistes émergents et leur offrir des opportunités ?
La formation demeure la seule véritable voie pour soutenir les artistes émergents. Il est crucial d’encadrer les jeunes talents qui aspirent à se faire une place dans ce milieu. Cependant, l’absence de formateurs qualifiés ou de structures offrant des formations de base constitue un obstacle majeur.  Certes, il existe quelques petites structures privées qui proposent ces services, mais elles restent des initiatives isolées. L’État, quant à lui, ne met rien en place de sérieux et de professionnel dans ce domaine.

Chaque discipline artistique dans l’industrie culturelle requiert une formation de base indispensable pour garantir et maintenir un certain niveau de qualité. L’introduction de la musique mauricienne dans les écoles, par exemple, pourrait être un excellent moyen de transmettre nos valeurs, nos richesses culturelles et notre patrimoine. « Lamizik dan lekol ! »

Quel rôle l’art et la culture doivent-ils jouer dans la résolution des problèmes sociaux ?
L’art et la culture (industries culturelles et créatives) génèrent davantage de revenus que la vente d’automobiles en France. Ce simple fait souligne à quel point Maurice est en retard dans le développement de l’art et de la culture en tant que secteur économique à fort potentiel. Ce retard est dû à l’absence d’une volonté sincère et d’une véritable compréhension de l’importance de ces industries. Il y a un manque flagrant de sensibilité et de vision chez nos décideurs, et ce, depuis plus de 50 ans.

Quelles actions prévoyez-vous pour rendre la culture et l’art plus accessibles à tous les citoyens ? 
Ce manifeste repose sur quatre piliers : la formation, la valorisation, la transmission et la conservation, chacun soutenu par un plan d’action clair. Un budget et des moyens dédiés sont nécessaires pour moderniser et repositionner les industries culturelles et créatives, afin de rattraper notre retard par rapport aux grandes nations. Rendre ces piliers accessibles et concrets permettra de combler le manque de contact régulier avec la chose artistique, qui est l’essence même de ce secteur.

  • Loto

 

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