- Le gouvernement britannique veut « résoudre cette question importante et de longue date en priorité »
Le nouveau gouvernement britannique semble s’orienter vers la restitution des îles Chagos à Maurice, en qualifiant cette question d’« affaire urgente ». Cependant, tout dépendra des discussions en cours avec le gouvernement mauricien et des conditions posées par ce dernier.
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Cette position officielle, émanant du gouvernement élu le 4 juillet dernier, a été confirmée dans une réponse écrite de la baronne Chapman de Darlington, sous-secrétaire parlementaire au Foreign, Commonwealth and Development Office, déposée récemment au Parlement britannique. Le 13 août, Lord Ross Kempsell, député conservateur, a interrogé le gouvernement travailliste sur les discussions avec Maurice concernant la souveraineté du British Indian Ocean Territory (BIOT) et la politique actuelle du Royaume-Uni sur ce dossier. Pour rappel, le BIOT est une entité créée en 1965 par le Royaume-Uni pour administrer l’archipel
des Chagos.
Dans sa réponse, la baronne Chapman a indiqué que « le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères ont rencontré le Premier ministre mauricien le 23 juillet et se sont engagés à poursuivre les négociations sur l’exercice de la souveraineté sur le BIOT/l’archipel des Chagos ». Elle a néanmoins précisé qu’il est « trop tôt pour spéculer sur les délais ou les conclusions », tout en affirmant que la « priorité du gouvernement britannique est de résoudre cette question importante et de longue date, tout en garantissant le fonctionnement sûr et efficace à long terme de la base militaire conjointe Royaume-Uni/États-Unis à
Diego Garcia ».
Un accord avant les élections générales à Maurice semble toutefois peu probable. Cependant, à l’Hôtel du gouvernement à Port-Louis, l’espoir persiste. Les discussions s’orienteraient vers une rétrocession de l’archipel, assortie d’une compensation financière et d’un bail de 99 ans accordé aux Britanniques et aux Américains pour Diego Garcia, leur garantissant le contrôle de la base militaire sans ingérence des autorités mauriciennes. Sur le plan financier, il est question de plusieurs dizaines de milliards de roupies en termes de compensation et de loyer.
négociations
Sous le gouvernement conservateur, le retour de l’archipel à Maurice avait été maintes fois reporté, les négociations s’éternisant depuis leur reprise en 2022. Le 29 avril dernier, Rishi Sunak, alors Premier ministre, laissait encore entrevoir l’espoir d’un accord possible. Un communiqué du 10, Downing Street, daté du même jour, indiquait que Pravind Jugnauth, Premier ministre mauricien, et Rishi Sunak « ont discuté des progrès réalisés dans les négociations entre le Royaume-Uni et Maurice concernant l’exercice de la souveraineté sur le Territoire britannique de l’océan Indien/l’archipel des Chagos. Les deux dirigeants ont réitéré leur engagement en faveur d’un résultat mutuellement bénéfique et ont demandé à leurs équipes de continuer à travailler rapidement. Ils se réjouissent de pouvoir se reparler prochainement ».
À cette époque, Rishi Sunak n’avait pas encore annoncé la tenue d’élections. Cependant, il a dû faire face à des objections au sein de son propre gouvernement, notamment de la part de David Cameron, nommé secrétaire d’État aux Affaires étrangères du Royaume-Uni en novembre 2023.
Du côté travailliste, la ligne directrice depuis des années a toujours été de permettre à Maurice d’exercer sa souveraineté sur les Chagos. Jeremy Corbyn, prédécesseur de Sir Keir Starmer (actuel Premier ministre) à la tête du Parti travailliste, avait promis en 2019 de renoncer à la souveraineté britannique sur les îles Chagos pour « corriger une des erreurs de l’Histoire ».
L’espoir de mise
Le 10 juillet 2023, David Lammy, actuel secrétaire d’État britannique aux Affaires étrangères, alors député de l’opposition, avait pris l’engagement de trouver une solution au problème des Chagos. Dans un discours au Bingham Centre for the Rule of Law, il affirmait que « pendant des années, le gouvernement a ignoré les avis de la Cour internationale de justice, du Tribunal international du droit de la mer et de l’Assemblée générale de l’ONU concernant les îles Chagos. Ce n’est que récemment que le gouvernement a recherché ce que nous réclamions depuis longtemps : un nouveau règlement qui amène le Royaume-Uni à se conformer au droit international, répare l’injustice historique faite aux Chagossiens, maintient l’environnement marin protégé autour des îles et répond aux préoccupations de sécurité stratégique ». Il ajoutait qu’
« un principe central qui sous-tendra la politique étrangère du prochain gouvernement travailliste est le respect inébranlable de l’État de droit, tant en droit national qu’en droit international ».
À Port-Louis, l’espoir est donc de mise pour une résolution relativement rapide de ce dossier, devenu favorable à Maurice depuis 2019. Le 22 mai de cette année-là, l’Assemblée générale des Nations unies avait reconnu la souveraineté de Maurice et exigé le retrait du Royaume-Uni, jugeant son administration du territoire « illégale » et demandant qu’elle cesse dans les six mois. Bien que, dans un premier temps, le Royaume-Uni ait ignoré cette décision sous prétexte qu’elle était consultative, il a néanmoins entamé des discussions avec Port-Louis depuis lors.
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