Les cas de harcèlement sexuel au travail se multiplient. Rien ne semble décourager les harceleurs bien décidés à assouvir leurs bas instincts. Souvent, ces femmes sont seules au monde.
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« Cela dure depuis un moment. Il me touche les seins, pose la main sur ma jambe. Il me dit que je suis belle, qu'il a envie de moi et d'autres trucs du genre. J'ai rapporté le cas à mon patron. Je lui ai dit que j'allais m'absenter, le temps de porter plainte à la police de Quatre-Bornes. Au début, le patron semblait comprendre ma situation. L'employé qui me harcelait n'était pas bien vu de la direction et a failli être renvoyé pour non-performance. Toutefois, dès que j’ai porté plainte à la police, le patron a changé d'attitude à mon égard. Il m’a interrogé, comme pour me reprocher d'avoir porté plainte. Il prétendait que j'étais la seule employée à avoir autant de problèmes avec mes collègues, que j'étais allée trop loin et qu'il allait aussi porter plainte contre moi. Quand je lui ai demandé le motif de son acte, il m'a reproché d'élever la voix contre lui. Il a appelé la police sur le champ », relate T. U.
L’affaire a été rapportée au poste de police de Quatre-Bornes. T. U., une jeune femme de 26 ans, mère d'un garçon de quatre ans, sur le point de divorcer, est téléagent dans une firme de marketing. Elle est employée par la boîte depuis huit mois. C'est compréhensible : la jeune femme passe par une phase difficile. Mais comme si la situation n'était pas suffisamment pénible, elle rapporte aux policiers qu'elle est harcelée sexuellement sur son lieu de travail. Et que son patron ne fait rien pour la défendre contre le harceleur.
Ce que dit la loi
Le harcèlement sexuel est mentionné à l'article 254 du Code pénal. « Toute personne qui, en abusant de l'autorité que lui confèrent ses fonctions, harcèle une autre personne en usant d'ordres, de menaces ou de contraintes, dans le but d'obtenir des faveurs de nature sexuelle, sera punie d'un emprisonnement qui n'excèdera pas deux ans et d'une amende qui n'excèdera pas Rs 100 000. » <Publicité
Employé modèle
Au bureau du Travail, un inspecteur tempère la jeune femme, lui demande de prendre patience, le temps que le ministère boucle son enquête. Hélas, elle n'en pouvait plus : « J’étais moralement fatiguée, j'ai fait une dépression. J'ai dû suivre une thérapie ». Aux inspecteurs du bureau du Travail, le patron devait concéder que la jeune femme est une employée modèle et qu'il ne voulait pas qu’elle parte comme elle menaçait de le faire. Sur les conseils du bureau du Travail, elle a accepté de rester jusqu'à la fin de décembre. Toutefois, l’officier lui a demandé de rapporter tout nouvel écart de conduite du collègue harceleur ou du patron. T. U. affirme n'avoir pas été gâtée par la vie. Elle a réclamé le divorce, dit-elle, car son mari la trompait. « C’est un homme violent qui a menacé de me défigurer. La Cour a émis un « Protection Order » en ma faveur, mais il ne respecte pas cet ordre. Quand il vient prendre son fils pour passer quelques heures avec lui, je me sens vulnérable, à sa merci ».Un policier harceleur
Souvent, ceux qui sont en situation de force exercent un chantage sur celles qui, même harcelées, ne sont pas prêtes à céder. D'autres sont transférées. C'est la menace qui pèse sur une policière qui compte trois ou quatre ans de service. La trentaine, mariée et mère de deux enfants, elle est harcelée par un collègue, dans la trentaine, marié et père de deux enfants. « Cela a commencé, voilà six mois. Au début, je ne faisais pas attention. Je croyais que cela allait passer. Toutefois, son obsession pour moi a grandi. Il me harcelait de plus en plus, par SMS. J'ai changé de numéro de téléphone, il a fini par avoir mon numéro à travers d'autres collègues. Son obsession pour moi n'a pas cessé », confie-t-elle. Cette policière affirme avoir dénoncé en vain à ses supérieurs l'attitude de ce collègue, qui devient même violent. N'en pouvant plus, elle a porté plainte contre lui, au poste de police de sa localité. Encore une fois, sans aucun résultat. Maintenant, elle souhaite porter plainte contre lui dans l'endroit où elle travaille. Jane Ragoo, la présidente de la CTSP invite la policière à dénoncer ce collègue harceleur auprès du ministère du Travail. « Rien ne peut être entrepris si les victimes ne rapportent pas le cas au ministère. Certes, toutes ne peuvent le faire ouvertement, mais si elles se confient à nous, à la CTSP, nous les défendrons en notre nom. J'invite cette policière à lire la section 54 de la loi du Travail et à nous contacter », a-t-elle déclaré.Le nombre de cas en hausse
Le nombre de cas de harcèlement sexuel est en hausse à Maurice, témoignent les chiffres de la Confédération des travailleurs du secteur privé (CTSP). Selon son secrétaire général, Reaz Chutoo, « au moins deux cas sont enregistrés chaque semaine. Cependant, tous les cas ne sont pas entendus par le personnel du ministère du Travail et des Relations industrielles, les victimes se rétractant sous la pression de leurs proches qui craignent de voir leur nom trainé dans la boue ». D'autre part, comment prouver le harcèlement sexuel en cour, si personne n'est pas disposé à témoigner ? Ce point a été soulevé par un avocat. Un autre facteur qui décourage les victimes à dénoncer leurs harceleurs sur leur lieu de travail : la crainte de ne pas recevoir une lettre d'attestation. Une femme en situation contractuelle, qui dénonce son patron qui la harcèle, ou qui ne cède pas à ses avances, risque fort de ne pas voir son contrat renouvelé. Et quand elle part, le patron, qui a forcément des relations, fera tout pour qu'elle ne trouve pas d’emploi.Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !