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Selon un rapport technique : la qualité de l’eau utilisée pour la dialyse fait tiquer

Des anomalies dans le système de filtration d’eau ont été relevées dans plus de trois centres de dialyse. Les filtres utilisés seraient à l’origine d’une eau non conforme aux normes établies par le ministère de la Santé.

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Maurice compte sept centres de dialyse publics. Les centres privés et publics effectuent 16 636 séances par mois. Le nombre de patients s’élève à 1 264, dont 930 dans les hôpitaux publics et 344 dans le privé. Un technicien du ministère de la Santé affirme que les normes ne seraient pas respectées, en ce qui concerne le système destiné à filtrer l’eau utilisée par les machines.

Dans une réponse officielle, le ministère explique que l’eau doit être purifiée avant d’être utilisée. Il indique qu’il faut éliminer les sels (potassium, sodium, entre autres), les polluants et les métaux lourds.

Or, la réalité serait toute autre. Bien que le ministère assure que les normes sont respectées, certaines composantes, comme les métaux, le chlorure ou le fluorure, présentes dans l’eau utilisée pour la dialyse sont largement au-dessus du seuil fixé selon les normes.

C’est ce que révèlent les résultats des analyses effectuées en laboratoire. Un technicien explique que l’eau doit passer par des nano-filtres médicaux. « Au lieu de cela, des filtres simples sont utilisés. »  Il ajoute qu’il suffit de voir les résultats d’analyse pour se rendre compte de l’étendue du problème. Prenons le cas de l’hôpital Jawaharlal Nehru de Rose-Belle. Un Certificate of Analysis de l’eau provenant des filtres de cet établissement, en date du 23 décembre 2016, révèle que certains paramètres sont au-dessus du seuil établi par les normes internationales.

À titre d’exemple, le taux de sodium présent dans l’eau est de 0,36 milligramme par litre (mg/L), alors qu’il aurait dû être de 0,01 mg/L. Idem pour le chlorure qui affiche un taux de 2,20 mg/L alors qu’il aurait dû se situer à 0,024 mg/L. Le fluorure est à 0,23 mg/L au lieu de 0,005 mg/L.

Non conforme

Un autre rapport datant d’octobre 2012 démontre qu’à cette époque dejà, la qualité de l’eau n’était pas conforme. En 2012, le taux de sodium était de 8,235 mg/L, le chlorure de 14,49 mg/L et le fluorure de 0,227 mg/L. Pour la même période, le taux d’aluminium était de 52,66 mg/L au lieu de 1,86 mg/L. Celui de potassium était de 0,404 mg/L au lieu de 0,006 mg/L. Selon un néphrologue opérant dans le privé, avec des résultats pareils, « il ne faut pas procéder à la dialyse ». Il souligne qu’une eau corrompue avec de forts taux de métaux et de chlorure peut avoir des effets néfastes sur le patient.

« Il peut avoir une sensation de vertige ou ressentir des engourdissements », fait comprendre le spécialiste. Il ajoute que certains patients peuvent aussi être victimes de rétention d’eau et d’un assombrissement de la peau.

La filtration de l’eau se fait comme suit : l’eau du robinet passe par un filtre de sable qui enlève la boue et d’autres particules. Puis elle est acheminée dans un compartiment carbone qui bloque les particules de sodium et de potassium, ainsi que les métaux lourds.

L’eau passe, ensuite, par un softener pour enlever d’autres impuretés. Puis il y a l’étape de reverse osmosis. L’eau traverse un filtre UV. Elle est par la suite dirigée vers les machines de dialyse.

Le technicien affirme que le contrôle de l’eau doit se faire tous les mois. Un échantillon doit être envoyé au département de bactériologie de l’hôpital Victoria. Les scientifiques effectuent un comptage des bactéries et un échantillon est envoyé au laboratoire de Réduit pour d’autres vérifications.

Or, selon le technicien, l’entretien des filtres ne se ferait que chaque trois mois. « Durant le premier mois, l’eau est fiable. Pendant les deux mois suivants, il n’y a pas de contrôle. Personne ne vérifie la qualité de l’eau », s’insurge-t-il. « Bien que l’eau présente des anomalies, on continue de l’utiliser », constate-t-il.

Autre constat du technicien : les salles dans lesquelles sont préparés les fluides pour la dialyse sont insalubres. Les employés utiliseraient ces pièces pour manger ou pour ranger leurs bottes et des outils.

Dans sa réponse, le ministère soutient que les appareils utilisés sont désinfectées après chaque séance. Selon le ministère, la dernière fois que les appareils ont été remplacés remonte à 2012. Il annonce qu’il a déjà enclenché les procédures pour acquérir 52 machines.

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