Cette semaine, Devarajen Samoo, secrétaire de la Booksellers and Newsagents Association, tire la sonnette d’alarme sur les ventes de livres en baisse. Son association regroupe la plupart des libraires revendeurs. Son constat est alarmant : le chiffre d’affaires des librairies a reculé cette année et l’avenir est sombre.
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D.Samoo donne plusieurs raisons pour cette situation précaire. Les jeunes lisent de moins en moins. Parmi ceux qui lisent, une partie est abonnée à l’Internet. Puis, avec la réforme, le Mauritius Institute of Education (MIE) propose des manuels aux élèves qui ne payent finalement que pour le coût d’impression. Le manuel se vend à Rs 50 en général et les libraires perçoivent une marge de 15 % sur la vente de chaque livre. Ils considèrent que celle-ci est trop faible.
Avec une concurrence de plus en plus vive du numérique, des lecteurs moins nombreux, des marges toujours plus faibles, une flambée des coûts du loyer et du transport, D. Samoo estime que la rentabilité d’une librairie est parmi les plus faibles de l’ensemble des commerces au détail. Sans compter que les livres invendus ne peuvent être retournés et bloquent ainsi le capital investi par les libraires.
« Comme vous devez le savoir, des enseignes ont déjà mis la clef sous la porte. Avec des librairies menacées de fermeture, nous finirons par devenir une nation d’incultes. Nous avons envoyé une correspondance au directeur du MIE, le Dr Oomandra Nath Varma. Nous sollicitons aussi une rencontre avec la ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookhun. Nous ne sommes nullement en faveur de manuels chers. Nous disons simplement qu’il faut fixer des prix qui permettent aux librairies de survivre. D’ailleurs, je dois faire ressortir que le nombre d’élèves admis en Grade 7 diminue d’année en année, ce qui influe sur le nombre de livres de classe vendus », explique-t-il.
Le secrétaire de l’association évoque des conditions défavorables prévalant dans le domaine de l’éducation. Certains éducateurs vendent des manuels directement aux élèves et empochent un pourcentage sur le chiffre de vente. D’autres éducateurs font pression sur les élèves pour acheter des livres qui, au final, ne serviront à rien. Ou l’auteur du livre le vend directement aux écoles, ne nécessitant donc pas les services d’un libraire.
Notre interlocuteur fait ressortir que les éducateurs sont payés à partir des fonds publics et qu’ils ne devraient pas s’adonner à des pratiques illégales. De plus, certains auteurs modifient à peine quelques pages de leurs manuels pour vendre de nouvelles éditions, forçant ainsi les apprenants à acheter des livres neufs chaque deux ou trois ans. Et les libraires stockent, impuissants, les anciennes éditions, qui s’entassent et ne seront jamais vendus. Par ailleurs, il constate que certains manuels sont truffés de fautes, ce qui n’est guère favorable aux élèves. D. Samoo suggère qu’un organisme soit mis sur pied pour vérifier la qualité d’un manuel avant d’accorder la permission à son auteur de le publier.
D. Samoo estime être un bon gestionnaire et avoir le sens du commerce. Mais la situation économique de la librairie s’est fragilisée et il appréhende l’avenir. « J’ai tenu suffisamment longtemps dans ce domaine pour vendre des livres aux enfants de mes clients. Cette relation de proximité est une de mes plus grandes satisfactions. Cependant, je ne sais combien de temps cela va durer », indique-t-il.
Feroz Saumtally
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