C’est ce lundi 16 janvier que se tient le premier atelier de travail sur la double pratique autorisant les médecins spécialistes du service public à exercer dans le privé également. Les syndicats, qui s’opposent à cette rencontre, espèrent toutefois mobiliser un maximum d’adhérents.
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En rangs serrés, prêts à en découdre, les syndicats des médecins spécialistes font tout pour mobiliser leurs adhérents. Ils attendent de pied ferme le premier atelier de travail public sur la question de la double pratique, qui permet aux spécialistes du public d’exercer aussi dans le privé. Cet atelier se tiendra ce lundi 16 janvier à Ébène.
« Nous serons présents en force, comme il a été décidé lors de notre assemblée générale spéciale », annonce le Dr Dushyant Purmanan, président de la Government Medical & Dental Association (GMDOA). Idem du côté de la Government Medical Consultant in Charge Association (GMCCA), présidée par le Dr Bhooshun Ramtohul.
Cependant, ce dernier craint que ses troupes ne se laissent intimidées par les démêlés qu’il a en ce moment avec la police et qu’il qualifie d’actes « d’intimidation », même si, lui, il affirme garder le moral. Ces deux syndicats bénéficient aussi du soutien de la Medical & Healh Officers Association (MHOA) et de la Fédération des syndicats du secteur public (FSSP), qui ont toutes deux signifié leur intention d’être présentes à cette rencontre.
Abus dénoncés
Dès la publication du communiqué annonçant la tenue de cet atelier de travail, la GMCCA s’est élevée contre la démarche du ministère de la Santé. Pour cette association, les autorités auraient dû trouver d’autres moyens pour mettre un frein aux abus plusieurs fois mentionnés.
C’est ce que soutient également le Dr Dushyant Purmanan : « Il n’aurait pas dû y avoir un atelier de travail sur la double pratique. Si le ministre voulait prendre une décision, il aurait dû nous appeler et décider par la suite. » Il émet également des réserves par rapport à la participation du public, qui le dérange. Il affirme néanmoins qu’il participera à l’atelier de travail avec un esprit ouvert, d’autant plus que le ministère lui a confié la tâche de présenter le travail des spécialistes dans le secteur public.
De son côté, le vice-président de la Private Medical Practioners Association (PMPA), le Dr Mohammed Ishaq Jowahir, affirme que c’est peine perdue d’organiser un tel atelier de travail. Il estime que demander aux gens de donner leur avis sur la double pratique des médecins du service public « n’est que du cinéma ».
Il fait ressortir que son association a maintes fois dénoncé les abus de médecins généralistes du service public exerçant aussi dans le privé, alors qu’ils n’ont pas le droit de le faire. « Aucune sanction n’a été prise contre eux. Si rien n’a pu être fait contre les médecins généralistes, comment va-t-on contrôler les spécialistes ? » se demande-t-il.
Le Dr Mohammed Ishaq Jowahir affirme que de nombreux médecins généralistes du service public ont leur propre cabinet de consultation, ou exercent dans des cliniques, et certains travailleraient même dans des hôtels. « Nous avons donné des preuves de ce que nous avançons mais aucune mesure n’a été prise à leur encontre. »
Il est d’avis que même si les autorités promulguent une loi interdisant aux médecins spécialistes d’exercer dans le privé, ces derniers continueront à le faire. Il affirme cependant que son syndicat collaborera avec le ministère pour mettre un frein aux abus.
Un médecin à la retraite qui a tenu à garder l’anonymat affirme, lui, qu’il y a déjà un mécanisme de contrôle pour éviter les abus. « Les règlements sont déjà là. Il faut simplement les mettre en pratique », clame-t-il. Selon lui, ce n’est pas la double pratique qui devrait être au centre des discussions, mais la mise en œuvre des moyens de contrôle qui existent déjà.
Anil Gayan : « Un mécanisme de vérification sera mis sur pied »
« La double pratique n’est pas un droit mais un privilège », a fait comprendre le ministre de la Santé Anil Gayan sur les ondes de Radio Plus le samedi 14 janvier. Il a expliqué que les divers abus dont on lui a fait part l’ont poussé à essayer de trouver une solution à ce problème. Il affirme que si le privilège de la double pratique est à nouveau accordé aux médecins, un mécanisme de vérification sera mis sur pied. Les cliniques devront aussi être plus rigoureuses afin de contrôler les heures durant lesquelles les médecins du service public s’y rendent.
Une réserve de professionnels
Étendre le privilège de la double pratique aux médecins du privé afin qu’ils puissent exercer dans le service public. C’est ce que souhaite le Dr Mohammed Ishaq Jowahir, vice-président de la Private Medical Practioners Association. Il argue que ce serait une « win-win situation », dans la mesure où cela créerait une réserve de professionnels de la santé capable de combler les manques dans le service public ou quand il y a de nombreux absents.
Il se demande pourquoi la double pratique n’est qu’à sens unique, d’autant que les médecins du service public bénéficient de nombreuses allocations et avantages que ceux du privé n’ont pas. Pour notre interlocuteur, il s’agit d’une concurrence déloyale de la part des médecins du service public car comme ils ont déjà un salaire fixe, ils peuvent pratiquer de petits prix pour leurs consultations. Une source au ministère réplique que c’est une suggestion à considérer. Elle estime que cela permettrait à ces médecins d’acquérir une plus grande expérience et de rester dans le service public s’ils le désirent. « Tout comme on a des bank nurses, on pourrait aussi avoir des bank doctors », explique-t-elle.
810
C’est le nombre de médecins spécialistes enregistrés auprès du Medical Council. Ils sont 320 à pratiquer dans les hôpitaux. Environ 200 exercent à la fois dans le public et le privé, selon le président de la GMDOA. Et ils sont 490 spécialistes à travailler uniquement dans le secteur privé.
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