- La production d’électricité à partir des énergies renouvelables passe de 19,2 % à 17,2 %
Depuis 2014, le gouvernement a proclamé son ambition de faire des énergies renouvelables un pilier central du secteur énergétique. Cependant, alors que son mandat touche à sa fin, cette vision semble de plus en plus éloignée. Non seulement les objectifs fixés n’ont pas été atteints, mais la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique ne cesse de décliner.
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Après une baisse enregistrée en 2022, les données publiées par Statistics Mauritius, le vendredi 7 juin 2024, pour l’année 2023, sont encore plus préoccupantes. Alors que Maurice avait atteint une production d’énergie verte de 19,2 % en 2022, marquant déjà un déclin, ce chiffre est passé à 17,6 % en 2023. Ce qui représente un recul supplémentaire.
Cette tendance est alarmante dans un secteur pour lequel le gouvernement avait affiché de grandes ambitions, dont l’une est d’atteindre une production d’énergie verte de 60 % d’ici 2030. Certains experts continuent de croire que cet objectif reste réalisable, à condition toutefois que des mesures sérieuses soient prises et que la feuille de route présentée en 2022 soit pleinement mise en œuvre. D’autres, en revanche, pensent que l’objectif de 35 % pour 2025 semble d’ores et déjà compromis.
Les sources d’énergies renouvelables exploitées à Maurice comprennent l’hydroélectricité, l’énergie solaire, la bagasse, l’énergie éolienne et le biogaz provenant des décharges. Selon les données de Statistics Mauritius, seule la production d’énergie à partir de la bagasse a enregistré une légère augmentation de 0,4 %.
Pour les autres sources, la tendance est à la baisse. À titre d’exemple, la production d’énergie hydroélectrique est passée de 4,1 % en 2022 à 2,9 % en 2023. Les chiffres de Statistics Mauritius indiquent que la production d’énergie hydroélectrique est passée de 11 031 tonnes à 8 121 tonnes pendant la période mentionnée.
En ce qui concerne l’énergie éolienne, qui représentait 0,5 % en 2022, elle est passée à 0,3 % en 2023, avec une production d’énergie en baisse, passant de 1 331 tonnes à 743 tonnes. Celle à partir du biogaz des décharges a également diminué, passant de 0,6 % en 2022 à 0,4 % en 2023. Elle a ainsi chuté de 1 480 tonnes à 1 145 tonnes. La production à partir d’énergie solaire a également enregistré une baisse. Elle est passée de 5,0 % en 2022 à 4,6 % en 2023, soit de 13 284 tonnes à 12 793 tonnes.
Ce que ces données viennent surtout mettre en évidence, c’est la nécessité pour Maurice de revoir ses stratégies et ses politiques en matière d’énergies renouvelables. Le pays devrait songer à investir davantage dans la recherche, le développement et l’infrastructure afin d’exploiter pleinement son potentiel en matière d’énergie verte. Une approche intégrée et holistique, impliquant des collaborations entre le gouvernement, le secteur privé et la société civile est indispensable pour surmonter ces défis. Cela permettrait de progresser vers une économie plus durable et résiliente.
Patrick Assirvaden, responsable du dossier Énergie au sein du Parti travailliste (PTr), soutient que les récents chiffres mettent en lumière le manque flagrant de cohérence et de planification dans la politique énergétique du gouvernement : « Cela témoigne d’un manque de cohérence par rapport à tout ce qui a été fait ces dix dernières années. Le gouvernement et le ministre Lesjongard deviennent des spécialistes en matière d’annonces vides de sens. Au niveau international, des engagements ont été pris pour produire 40 % d’énergie verte d’ici 2030. Je suis attristé de constater que notre transition énergétique est en train d’échouer. »
Selon lui, le gouvernement aurait dû investir massivement dans des projets d’énergies renouvelables d’envergure.
« Il se concentre uniquement sur des projets de kilowatts alors qu’il aurait dû se concentrer sur les mégawatts », avance le député du PTr. Il ajoute que c’est symbolique de voir le MSM et le ministre de l’Énergie Joe Lesjongard terminer leur mandat sur une note qu’il qualifie de désastreuse dans le secteur des énergies vertes.
Khalil Elahee, expert en énergie et chargé de cours à l’université de Maurice, se dit profondément inquiet. Pour lui, cette production à partir d’énergies renouvelables est historique. « Une telle situation n’avait pas été observée depuis les années 80 », dit-il. S’il accueille l’augmentation de la production d’énergie verte grâce à la bagasse, il met toutefois en garde contre son inefficacité énergétique. Il explique que la bagasse, en tant que source d’énergie, n’est pas optimale en termes d’efficacité, car elle ne produit pas une quantité significative d’énergie.
Pour inverser la situation, il faudrait, selon lui, que le gouvernement prenne une décision ferme et définitive quant à la mise en œuvre de la feuille de route actualisée en 2022. Khalil Elahee est convaincu que ce document constitue une base solide sur laquelle il faut s’appuyer pour aborder la question de la transition énergétique du pays.
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