Petit à petit « Jungle Beat : The Movie » prend forme. Une équipe de 80 personnes façonne ce premier long-métrage d’animation créé et produit à Maurice. Sept professionnels sont actuellement sur l’île, les autres sont dans diverses parties du monde. Sandcastle Studios gère ce projet aux coûts de cinq millions de dollars au cœur de Circle Square Retail Park à Forbach.
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Un château de sable se révèle sous les couleurs du drapeau national. Sandcastle Studios se dessinent sur les vitres teintées. Derrière, trois hommes ont les yeux rivés sur leur écran d’ordinateur. Leur imagination accouche des séquences du « Jungle Beat : The Movie ». Le géniteur du long-métrage ne tarde pas à faire son entrée. Il répond au nom de Brent Dawes et il est originaire du Zimbabwe.
Cela fait dix-huit ans qu’il évolue dans le domaine de l’animation chez Sunrise Productions (société qui a implanté Sandcastle Studios à Maurice). Il rêvait de devenir acteur et de tenter sa chance à Hollywood. Il suivait même des cours d’art dramatique. Au fil du temps, la brûlante envie d’être sous les feux de projecteurs s’estompe. Il prend de l’emploi dans le secteur de la publicité. Trois ans plus tard, son beau-frère lui propose de se lancer dans les films d’animation. Il tente l’aventure et y prend goût. Il ne tarde pas à se mettre à l’écriture et à la réalisation.
L’idée de Jungle Beat prend ainsi forme. Cette série télévisée tourne principalement autour du singe Munki et de son ami l’éléphant Trunk. Cela fait treize ans que cette série goûte au succès. Chaque mois, pas moins de 15 millions de vues sont enregistrées sur YouTube.
« En 2014, nous avons décidé d’en faire un long-métrage. Cela m’a pris trois mois pour rédiger le premier brouillon. Ensuite, Sunrise Productions a voulu jeter les premiers jalons d’une industrie d’animation à Maurice et il n’y avait pas mieux que la très populaire Jungle Beat pour faire un début. Aujourd’hui, Sandcastle Studios existe à travers Jungle Beat : The Movie et l’inverse », confie Brent Dawes.
Le Zimbabwéen est arrivé à Maurice en avril avec son épouse et ses quatre enfants. Sa première visite sur l’île remonte à dix-huit ans, c’était pour sa lune de miel. Cette fois-ci, il est en charge d’une équipe de cinq personnes sans compter Rita Mbanga, la productrice.
Ces sept passionnés passent huit voire douze heures par jour sur le projet. D’après le réalisateur, le film n’est complété qu’à 10 % à ce stade. « Nous travaillons dans six différents fuseaux horaires. En effet, les équipes sont basées à Los Angeles aux États-Unis, à Toronto au Canada, à Londres en Angleterre, à Cape Town en Afrique du Sud, à Forbach à Maurice et en Indonésie », indique Rita Mbanga.
Brent Dawes ajoute d’emblée qu’il serait complexe dans un premier temps de réunir ces dizaines de personnes à Maurice. « Nous avons donc identifié certains “key players” pour venir à Maurice. Ils sont originaires de l’Afrique du Sud et du Nigéria », poursuit-il.
Libres et créatifs
L’équipe locale est composée de Toni Andrews (Production Manager), Charl Collocott (Director of Photography), Stephen Kulp (Storyboard artist), Oluwasegun Oluwayomi (Concept Artist) et Lynton Levengood (Art Director). Ils sont tous vêtus d’un bermuda et d’un t-shirt. « Les artistes ont besoin d’être libres pour laisser parler leur créativité. Nous travaillons également dans un espace ouvert et éclairé pour mieux échanger nos idées », ajoute Rita.
Être décontracté et plusieurs heures de travail ne suffisent pas. Brent Dawes indique qu’un film d’animation, contrairement à du « live action », requiert de la patience et du financement. « Un long-métrage d’animation passe par plusieurs étapes et départements : Script, Storyboard/Art, Modelling, Rigging, Texturing, Shaping, Fur/Cloth, Blocking, Animation, Dressing, les effets spéciaux, la simulation, l’éclairage, Rendering, la composition et le bruitage. Jungle Beat : The Movie devrait être bouclé d’ici novembre 2019 », estime-t-il. Il confirme qu’il peut être difficile de trouver des fonds pour financer un film d’animation.
Rita s’empresse d’ajouter que les financiers font confiance à la marque. « Nous essayons également de les convaincre avec des statistiques. Dans les Top 10 au box-office d’Hollywood, par exemple, il y a au moins trois films d’animation. De plus, ces films rapportent beaucoup plus que les “live action” », dit-elle.
Même si « Jungle Beat : The Movie » nécessite un investissement de cinq millions de dollars américains, il est considéré comme un film à petit budget dans le domaine. « Ce long-métrage se trouve dans la catégorie : “home entertainment”. Il sera lancé dans certains pays. Jungle Beat : The Movie est monté des personnages innocents, purs et attachants. Contrairement à la série télévisée, le film contiendra des dialogues. Il y aura une séquence qui viendra expliquer comment ces animaux peuvent converser. L’audience verra aussi quelques nouveaux caractères comme Fneep, l’extra-terrestre. Nous n’en dirons pas plus », dit Brent Dawes avec le sourire.
Il faut donc attendre 2020 !
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