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Saisie de drogues d’une valeur de Rs 77 millions à Karo-Kalyptis - John Bert Phillipe : «Tousa ladrog-la pou momem»

Les trois suspects arrêtés à l’issue de la perquisition : John Bert Phillipe, Jean Fabrice Augustin et Mary Shane Paul.

D’où provient l’important stock de drogues diverses retiré du marché à Karo-Kalyptis au début de la semaine ? La question constitue l’axe majeur de l’enquête de l’Anti-Drug and Smuggling Unit, après l’opération menée par la Flying Squad, lundi, dans ce quartier de Roche-Bois. La saisie de stupéfiants d’une valeur marchande estimée à Rs 77 millions et l’arrestation de trois suspects pourraient n’être que la première phase du démantèlement d’un vaste pan du trafic de drogue à Maurice.

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L’opération était à haut risque, mais elle a été couronnée de succès. Lundi, la Flying Squad de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu) a pénétré au cœur du quartier de Karo-Kalyptis, dans le faubourg portlouisien de Roche-Bois, pour procéder à la perquisition d’une maison où une activité de stockage et de trafic de drogues était suspectée.

C’est au domicile de John Bert Phillipe, un mécanicien de 29 ans, que les hommes de l’assistant surintendant Bahadoor ont débarqué sans prévenir. À leur arrivée, les portes étaient verrouillées. À l’intérieur se trouvaient deux hommes et une femme. Les policiers ont pu voir John Bert Phillipe saisir un sac et se diriger vers d’autres pièces de la maison. Ils ont alors investi les lieux. Le suspect a lancé le sac à travers une fenêtre donnant sur l’arrière-cour avant d’être appréhendé et menotté. 

Récupéré par la police, le sac contenait diverses drogues dont la valeur marchande totale est estimée à Rs 77 millions. Les deux autres personnes présentes dans la demeure, Jean Fabrice Augustin et Mary Shane Paul, ont également été embarquées par la Flying Squad.

Au cours de son interrogatoire aux Casernes centrales, John Bert Phillipe, déjà fiché pour un délit de vente de stupéfiant, a déclaré : « Tou sa ladrog ki ena dan sa sak-la pou momem sa. » Les enquêteurs le soupçonnent cependant d’être à la fois un revendeur et un « storekeeper » parmi d’autres travaillant pour le compte de plus gros trafiquants. L’objectif de l’Adsu est de démanteler la filière.

Jean Fabrice Augustin, pour sa part, a nié être impliqué dans cette affaire. « Bert ki finn amen sa sak-la », a dit ce footballeur qui a joué pour la sélection nationale par le passé. Même version de la part de Mary Shane Paul, coiffeuse de profession : « Sa sak-la pou Bert, mo pa kone ki ti ena ladan. » Ce qu’a confirmé John Bert Phillipe. Selon lui, « Fabrice et Shane n’étaient pas au courant ».

L’Adsu pense néanmoins que le trio joue un rôle important dans l’organisation du trafic de drogue à Karo-Kalyptis. Deux accusations provisoires ont été retenues contre les trois suspects lors de leur présentation devant la justice : « drug dealing with aggravating circumstances » et « possession of dangerous drug for the purpose of distribution with an averment of trafficking ».

Le détail de la saisie

  • 3,2 kg de granulés d’héroïne
  • 1 200 doses d’héroïne conditionnées pour la vente
  • 1,1 kg de drogue synthétique de forte pureté
  • 1,8 kg de drogue synthétique déjà mélangée
  • 1 852 doses de drogue synthétique
  • 6 feuilles A4 et 484 morceaux de papier imbibés de drogue synthétique
  • 411 g de résine de cannabis
  • 493 g d’herbe de cannabis 
  • 3 balances électroniques

Des résultats probants pour la Flying Squad

Pour perquisitionner la demeure de John Bert Phillipe, lundi, les membres de la Flying Squad ont évolué avec beaucoup de discrétion. 

« Pli inportan ladan, se enn travay bien sekre ki trafikan pa gagn oken fwit ki pou ena lafouy », confie un haut gradé de l’Adsu. 

La saisie de drogues d’une valeur marchande de Rs 77 millions en plein cœur de Karo-Kalyptis est un résultat dont les Casernes centrales se félicitent. Car la tâche n’était pas aisée. « Enn mari goal sa, rant dan zot lakaz, sezi zot ladrog, san ki zot atann », déclare un travailleur social, qui salue la détermination de ces policiers. « Cette intervention a démontré que les trafiquants se trompent en pensant qu’ils ont mis sur pied des no-go areas. »

La Flying Squad a été réorganisée le 17 mars dernier. Depuis, l’unité a réalisé plusieurs saisies conséquentes. En avril, deux dealers sévissant à Roche-Bois ont été appréhendés avec 2,7 kg d’héroïne. Début juillet, la même unité a interpellé un individu à Sainte-Croix avec 103 grammes de drogue synthétique de forte pureté. La semaine suivante, elle a découvert des stupéfiants d’une valeur de Rs 700 000 dans une maison à Résidence Kennedy, où sept personnes ont été arrêtées. 

Karo-Kalyptis, « capitale de la drogue »

Dans ce quartier de Roche-Bois, les trafiquants de drogue règnent en maîtres. Pour les toxicomanes et petits dealers à travers le pays, Karo-Kalyptis est une référence. « Dan Karo, ninport ki ler ou ale ou bizin gagn ou ladrog, zame pena peniri laba », affirme un héroïnomane venant du sud de l’île. Ils sont légion, comme lui et ses amis, à s’y rendre quasi quotidiennement pour se procurer divers produits, comme on fait ses courses au supermarché. « Par zour nou pik de-trwa doz. Laba gagn meyer servis, tandi ki dan nou landrwa diler pass zong, sa ve dir li servi mwins », précise notre interlocuteur. 

De nombreux petits revendeurs s’approvisionnent à Karo-Kalyptis pour écouler la marchandise dans leurs régions respectives. « Kan mo aste, mo pike, apre mo revann dan landrwa. Laba ena marsan servi ou bien. Lerla kouma mo vinn kot mwa, mo koup ek detay », explique un habitant de Vacoas. 

Un terrain miné pour l’Adsu

« Nepli kapav azarde pou rant dan Karo-Kalyptis », déplore un élément expérimenté de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu). Selon lui, Karo-Kalyptis et certains autres quartiers de Roche-Bois sont devenus des zones impénétrables pour la brigade antidrogue. « CID zot les rantre pou aret voler, lapolis stasion kav rantre, me kouma zot kone l’Adsu pe vini, volkan leve. »

Toute une organisation, poursuit-il, a été mise en place par les trafiquants pour se protéger : « Zot met zoke veye depi lor ronpwin Esko, kot simitier, dan komansma sime Riche-Terre e kot corner Sainte-Croix. Kouma l’Adsu koste, zot fini telefone, avoy sinial krye krapo e donn lalert. » Les clients s’enfuient alors, tandis que des hommes de main et des femmes s’attellent à mettre la drogue en lieu sûr et à repousser les policiers. « Noun deza trouv bann-la kouma avoy parsel fer boul ziska zot sove dan park koson », raconte un ancien enquêteur de l’Adsu.

Filtrage des entrées

Outre les membres de la brigade antidrogue, tout le monde n’est pas le bienvenu à Karo-Kalyptis. Les « patrons » ont déployé leurs lieutenants dans des endroits stratégiques pour filtrer les entrées sur leur territoire. « Si ou abitie al aste toulezour, ou pa pou gagn problem, me si ou figir nouvo, lerla zot vey ou », explique un client. Les guetteurs et protecteurs œuvrant pour les dealers ont pour consigne de stopper les véhicules inconnus et leurs occupants sont contrôlés. « Si ou vit tinte, zot fer ou bes vit pou verifie ki pena gard pe kasiet parmi », ajoute cet habitué des lieux.

 

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