Sa nomination au poste d’Ombudsperson for Children est la suite de son engagement en faveur des enfants. Elle n’est pas sa finalité car Rita Venkatasawmy a fait de l’enfance en détresse, son combat.
Rita Venkatasawmy, qui prêtera serment ce mardi, succède à l’ex-juge Vidya Narayen. Fondatrice et directrice du Centre d’éducation et de développement pour les enfants mauriciens (Cedem), elle avoue que ce n’est pas sans un pincement au cœur qu’elle quitte Cedem, même si c’est temporaire, pour assumer ses nouvelles responsabilités.
À 52 ans, Rita Venkatasawmy aborde cette nouvelle étape avec confiance. « Mon combat reste le même. Il n’a pas changé et quel que soit l’espace dans lequel j’évoluerai, il ne changera pas », insiste-t-elle. Car ce combat est toute sa vie. Pour comprendre ses motivations, il faut remonter dans le temps.
L’aînée de Dev et Preetilah Ramtohul a toujours, d’aussi loin qu’elle puisse se souvenir, eu l’âme très sensible pour le bien-être des autres. Son enfance heureuse à Vacoas fera d’elle, une petite fille très réaliste. Bien qu’affectée par la séparation de ses parents, la petite Rita ne se laissera pas abattre. « J’ai joué à la marelle, nagé dans les rivières, et grimpé aux arbres. Je regrette qu’aujourd’hui les enfants ne connaissent pas ces joies simples mais inestimables ».
Après de brillantes études au Queen Elizabeth College, où elle s’engagera dans les activités sociales, Rita fera une brève incursion à la banque de Maurice avant de démissionner quelques mois plus tard pour lancer Cedem. « J’avais 13 ans quand j’ai participé à la manifestation des étudiants en mai 75. Malgré mon jeune âge, je comprenais ce qui se passait. C’est là que mon âme de militante, mon âme de combattante se sont réveillées ».
« Ma mère ne comprenait pas vraiment, mais elle n’y a jamais objecté. Quand j’écoutais les chansons engagées de Bam Cuttayen et Soley Ruz de Dev Virahsawmy, entre autres, je rentrais en transe. Je sentais ce besoin de me battre pour l’autre, pour les moins fortunés ».
Après sept mois à la BoM, elle économise pour lancer son école maternelle avec deux enfants. « Mon entourage ne comprenait pas ce qui me motivait. Derrière mon dos, on disait ‘Rita Ramtohul so latet pe ale !’ »
La médisance ne ricoche sur la cuirasse de son indifférence. Avec Shenaz Hossensaheb et Gina Chavrimootoo, elle se donne corps et âme pour structurer Cedem. Leur premier salaire est une somme dérisoire de Rs 265.50. « Plus que l’argent, c’était la joie des enfants qui nous motivait. Dan sa konba-la pa gagn ziss fler, gagn kout ross osi », dit-elle avec philosophie.
Dans sa vie, il n’y a pas eu que son combat pour les enfants. Il y a eu aussi Coll Venkatasawmy, son unique grand amour. "J’ai connu Coll en 1990. Il m’avait interviewée pour l’inauguration des locaux du Cedem. Il a compris mon combat. Notre relation était très spirituelle. J’en ai fait un livre : « Une histoire d’amour racontée aux enfants ».
Ils se marient en 1995, mais, Coll décède une année plus tard. Un coup très dur pour Rita. Malgré sa nature combattive, elle sera affectée par cette perte car avec Coll, disparaît son désir de devenir maman. « Mais, je n’ai pas baissé les bras. J’ai pensé à l’adoption. C’est alors que Yukime Ashiana est entrée dans ma vie. Je suis incomplète sans ma fille. Je l’ai adoptée mais ma plus grande joie, c’est que c’est elle qui m’a adoptée. Elle a donné un sens à ma vie. » C’est en 1997 qu’elle l’a adoptée alors que Yukime n’avait que six ans. Aujourd’hui, elle porte le nom Venkatasawmy. Une belle complicité lie mère et fille. Mais, cela n’a pas été facile pour elles de faire comprendre aux autres que les liens du cœur dépassent certaines règles sociétales.
« Le regard des autres, les préjugés, les médisances ont blessé ma fille. On n’a pas compris comment et pourquoi une femme hindoue peut adopter un enfant non hindou. Pour moi, ma religion c’est l’amour. Je n’ai que faire de la couleur de la peur ou de l’apparence. Yukime m’a fait une faveur, elle m’a permise de vivre ma maternité, elle m’a donné l’occasion de découvrir mon potentiel d’amour maternel. » À quelques jours d’aborder ses nouvelles responsabilités, Rita Venkatasawmy a une pensée spéciale pour toute l’équipe du Cedem. Elle avoue avoir beaucoup réfléchi avant d’accepter ce poste.
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