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Répit cyclonique : le calme avant la tempête pour Maurice ?

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Depuis Gamede en 2007, Maurice a échappé aux cyclones majeurs. Mais l’expert Ram Dhurmea prévient : cette tendance n’est pas permanente. 

Maurice semble une nouvelle fois devoir « échapper » à l’impact direct d’un cyclone. Depuis le passage du cyclone tropical Gamede (22-25 février 2007), la quasi-totalité des perturbations saisonnières formées dans le bassin sud-ouest de l’océan Indien sont restées à distance respectable de notre territoire, n’occasionnant que des précipitations modérées et des vents limités. Cependant, ces dernières années ont mis en lumière que les vents associés aux cyclones ne constituent plus la seule menace naturelle pour notre île. Les fortes averses occasionnant des crues subites (flash floods) se révèlent désormais tout aussi dévastatrices, voire plus destructrices que les vents cycloniques.

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« Il existe divers facteurs qui déterminent la trajectoire d’un cyclone », dit Ram Dhurmea.

L’expert en météorologie Ram Dhurmea met en garde : ce répit cyclonique ne doit pas conduire à un relâchement de la vigilance ni à une démobilisation des dispositifs de préparation, sous prétexte d’une immunité illusoire. Les trajectoires du cyclone tropical Freddy en février 2023 et, plus récemment, du cyclone Chido en décembre 2024 sont venues rappeler le caractère à la fois imprévisible et potentiellement meurtrier de ces phénomènes. Le système tropical évoluant actuellement dans la région illustre parfaitement cette réalité : malgré les avancées scientifiques, Dame Nature conserve sa suprématie face aux prévisions humaines et numériques.

« La trajectoire d’un cyclone est déterminée par une combinaison complexe de facteurs », explique Ram Dhurmea. Parmi ces facteurs figure « vraisemblablement » l’influence des phénomènes El Niño (ENSO positif) et La Niña (ENSO négatif), bien que cette corrélation nécessite encore une validation scientifique. Les observations révèlent néanmoins que pendant ces phases, la majorité des systèmes dépressionnaires suivent des trajectoires caractéristiques, avec quelques exceptions notables, précise-t-il.

« En période La Niña, les systèmes dépressionnaires adoptent généralement une trajectoire est-ouest avant une possible inflexion vers l’ouest-sud-ouest ou le sud-ouest aux abords de Madagascar. C’est une trajectoire principalement zonale », indique-t-il. Certains systèmes peuvent toutefois dévier de cette trajectoire aux environs de Rodrigues. Durant ces périodes, les formations cycloniques se développent principalement dans la zone centrale du bassin, aux alentours de Diego Garcia ou plus à l’est de l’archipel.

En régime El Niño, la genèse des formations cycloniques se concentre dans le bassin central de l’océan Indien, avec des trajectoires orientées plutôt vers le sud ou le sud-est. L’expert météorologique note que sur les deux dernières décennies, on dénombre environ 11 épisodes d’Enso négatif contre 8 d’Enso positif, toutes intensités confondues, complétés par des années neutres à tendance La Niña. Cette configuration explique la prédominance des systèmes dépressionnaires se formant au centre ou à l’est du bassin indien, suivant une trajectoire zonale est-ouest avant de s’incurver vers Madagascar. 

Cette dynamique justifierait partiellement, selon lui, la relative préservation de Maurice ces dernières années, tandis que Madagascar a subi l’essentiel des impacts. Ram Dhurmea souligne néanmoins que ces analyses requièrent encore une validation scientifique approfondie. 

Les observations mettent cependant en évidence une augmentation significative du nombre de systèmes dépressionnaires atteignant ou dépassant l’intensité d’un cyclone tropical. Cette tendance accroît mécaniquement la probabilité que Maurice soit confrontée à des phénomènes météorologiques d’une intensité accrue. D’où le fait que la vigilance reste de mise, prévient-il.

Le système dépressionnaire au plus près de Maurice ce dimanche

Le système dépressionnaire qui s’approche de notre région par le nord-est donne du fil à retordre aux météorologues en défiant toutes les probabilités. L’avertissement cyclonique de classe 1 devrait être maintenu ce dimanche, à moins d’une intensification et d’un changement de trajectoire rapprochant le système dépressionnaire de Maurice, explique le directeur adjoint par intérim, Renganaden Virasami. 

Situé à environ 450 km au nord-est de Maurice samedi, le système devrait passer à son point le plus proche de l’île dans le courant de la journée de ce dimanche. La distance demeure incertaine en raison de son déplacement erratique. Cependant, les bandes nuageuses associées au système devraient nous apporter, par moments, des pluies modérées, accompagnées d’orages.

Le système, par sa faible intensité, demeure ainsi imprévisible. Ce qui tient en alerte les Mauritius Meteorological Services. « Nous devons consulter les données satellites, faire un pointage, consulter nos confrères de l’île de la Réunion et passer en revue les divers modèles numériques avant d’écrire un bulletin », explique Renganaden Virasami. Il ajoute également que Maurice est le seul pays de la région où les bulletins sont rédigés en différentes langues, ce qui demande un certain temps.

La technologie au service de la population

Plusieurs organisations et institutions internationales ont manifesté leur volonté de contribuer à l’optimisation des procédures d’évacuation lors des inondations. Le surintendant de police (SP) Aneerood Sookhareea révèle notamment l’avancement significatif des pourparlers avec le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) concernant l’application d’un système d’alerte sophistiqué en cas de fortes précipitations à Port-Louis. Le PNUD est actuellement engagé dans la recherche d’un prestataire technique et l’élaboration du plan de financement.

« Ce sera un projet pilote bien intégré, consistant en l’installation de capteurs pour mesurer en temps réel le niveau d’eau à des endroits stratégiques lors des fortes pluies. Ces capteurs fourniront des alertes précises sur les zones à éviter et les lieux sûrs où se réfugier », détaille le surintendant de police. 

Les avertissements seront à la fois audiovisuels, avec des lumières de différentes couleurs et des haut-parleurs diffusant des consignes vocales et visuelles, grâce à des panneaux d’information permettant au public de s’orienter facilement. Un expert en gestion des crises et en télémétrie est attendu. Une application mobile viendra compléter ce dispositif en intégrant l’ensemble des informations fournies par le système. Dans l’intervalle, le SP préconise l’utilisation de l’application Traffic Watch. Bien que conçue initialement pour la surveillance du trafic routier, cette plateforme s’avère également précieuse pour localiser les zones inondées à éviter.  

Un plan plus adapté pour l’évacuation de Port-Louis

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Selon le SP Aneerood Sookhareea, le plan d’évacuation de la capitale a été actualisé.

Après les inondations qui ont frappé Port-Louis, un dispositif renforcé d’assistance aux personnes sinistrées a été mis en place dans la capitale. Le surintendant de police (SP) Aneerood Sookhareea, responsable adjoint au National Disaster Risk Reduction Management Centre (NDRRMC), souligne que ces événements ont nécessité l’élaboration de nouvelles stratégies pour faire face à ces défis émergents.

Le plan actualisé met l’accent sur la communication publique, visant à informer précisément les citoyens des zones refuges en cas de précipitations intenses et de crues soudaines dans les secteurs vulnérables de Port-Louis. Les zones particulièrement surveillées comprennent les abords du Ruisseau du Pouce, le quartier de St James Court, les rues La Poudrière et La Chaussée, ainsi que la Place d’Armes. « Ce dispositif peut être activé à tout instant, particulièrement en semaine, lorsque la capitale connaît une forte concentration de population, entre citadins et employés des secteurs public et privé. Notre priorité est de les orienter vers des zones sécurisées jusqu’à la fin des intempéries », précise-t-il. 

Des négociations ont été initiées avec différentes institutions publiques et privées. L’objectif est de créer un réseau de solidarité face aux situations de crise nationale, permettant aux personnes en détresse de trouver refuge dans leurs locaux. Cette collaboration cible spécifiquement les établissements situés de part et d’autre du Ruisseau du Pouce, dans le secteur de la rue La Poudrière et ses alentours. Le SP se félicite de l’accueil favorable reçu des différents intervenants : « Ils ont exprimé leur volonté d’apporter leur aide en mettant à disposition leurs infrastructures, comme leurs parkings ou d’autres espaces couverts, pour permettre aux personnes en difficulté de s’abriter en attendant une amélioration de la situation. »

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