Rentrée scolaire : les nouveautés de 2020

Ce lundi 13 janvier marque la grande rentrée scolaire. Comme chaque début d’année, il y a du nouveau et des améliorations dans les secteurs du préscolaire et du secondaire. En voici quelques-uns. 

Préscolaire : des écoles dans toutes les régions

Le préscolaire est la base même de l’éducation. Les autorités s’attèlent à restructurer le secteur grâce à une série de mesures. Ils s’assurent que tous les moyens soient disponibles, car avec une base solide, l’enfant pourra continuer son apprentissage comme il le faut. Le curriculum a déjà été revu et un Development Program, pour tous ceux qui opèrent dans ce secteur (enseignant ou chef d’établissement) est en cours. La structure de l’Early Childhood Care and Education Authority (ECCEA), est revue. Avec une nouvelle directrice à la tête de cette institution depuis l’année dernière, un plan de travail a été établi pour la bonne marche du préscolaire.

L’objectif du ministère de l’Éducation est d’avoir des écoles dans toutes les régions de l’île. Il y a un manque en ce sens dans l’Ouest, le Sud et à Midlands. Leela Devi Dookun-Luchoomun est d’avis que « chaque dollar dépensé dans le préscolaire permet d’économiser pour plus tard parce que c’est à cet âge que tout se joue ». L’autre élément à revoir, c’est le zoning. Il n'y en a que deux dans toute l’île. Ce sont les zones où sont enregistrées les différentes écoles, qui permettent aux directeurs d’école d’y venir pour les besoins administratifs. Il revient que des discussions sont en cours pour augmenter le nombre à plus de cinq pour tout le pays. 

ZEP : Repas chauds à l’école Bois-des-Amourettes dès la rentrée

Une nouvelle étape sera franchie dans les écoles de la Zone d’Éducation Prioritaire (ZEP). Comme annoncé dans le précédent mandat, un repas chaud sera distribué aux écoliers. Ainsi dès la rentrée scolaire, ceux de l’école primaire Bois-des-Amourettes recevront un repas. Le ministère de l’Éducation dépend beaucoup du MPI et des contracteurs pour la réalisation de ses projets. Les infrastructures de la cuisine et de la salle à manger ont été complétées. Après Bois-des-Amourettes, ce sera au tour de l’école de Pointe-aux-Piments. Dans le cas de l’école de Cascavelle, qui se trouvait aussi dans le projet, les constructions ont cessé après la découverte d’une cave.  

Primaire : encadrement des écoliers

Les écoliers éprouvant des difficultés au niveau de Grade 3, bénéficieront d’une attention particulière à partir de cette année, tout comme c’est le cas pour ceux des Grade 1 et 2. La mesure du Support Teacher’, introduite il y a deux ans au primaire, va continuer. L’objectif est d’encadrer les enfants éprouvant des difficultés académiques. Ils sont suivis par un instituteur qualifié autre que celui de la classe. Une fois la leçon expliquée en aparté, l’enfant retrouve sa place auprès de ses camarades.   

Les recommandations du Mauritius Examinations Syndicate (MES) sur les derniers résultats du Primary School Achievement Certificate (PSAC) sont attendus en avril 2020. Les instituteurs attendent ces conclusions afin d’apporter des mesures nécessaires pour améliorer les résultats de fin d’études primaires de 2020. 

Secondaire : les examens du NCE, un droit d'entrée en académie

Les élèves de Grade 9 prendront cette année le National Certificate of Education (NCE). Cette évaluation est la première dans le cadre de la réforme éducative introduite en 2017. Elle donnera le droit aux élèves entre rester dans leurs collèges respectifs ou d’accéder à un centre du Mauritius Institute of Training and Développement (MITD), soit une admission dans une des 12 académies opérationnelles en janvier 2021. 

Mise en place des académies

L’entrée en opération des académies est suivie par l’association des recteurs et des assistants recteurs. Son président, Soondress Sawmynaden, explique que pour la bonne marche de ces futures institutions, les enseignants doivent recevoir une formation qui est utile du fait que les classes sont mixtes. « Les enseignants ont l’habitude de travailler avec des garçons ou des filles mais pas avec les deux en même temps. Il serait avantageux si une formation pouvait être dispensée non seulement aux enseignants, mais également aux recteurs pour la bonne marche de ces académies. »

Au niveau du Mauritius Institute of Education (MIE), l’organisme qui s’occupe, entre autres, de la formation des enseignants, un responsable confie qu’il ne voit pas la nécessité d’une formation pour les enseignants qui travaillent dans ces classes. Toutefois, il soutient que s’il y a une demande en ce sens, le MIE est prêt à faire le nécessaire pour guider les enseignants. 

Cinq credits obligatoires 

La proclamation des prochains résultats du School Certificate (SC) prévue le 16 janvier prochain sera marquée par l’obligation d’obtenir 5 credits pour continuer en Lower VI. Cette condition est appliquée cette année alors qu’en 2019, les élèves devaient avoir un minimum de 4 credits. Cette mesure est jugée trop dure par certains enseignants. Ils estiment que les élèves de niveau moyen ne pourront pas obtenir ce résultat et se verront mettre à la porte du collège. 

Le président de l'Union of Private Secondary Education Employees (UPSEE), Bhojeparsad Jhugdamby fait ressortir que plus de 75% des élèves n’obtiennent pas 5 credits aux examens du SC. « C’est très difficile pour les élèves d’obtenir un tel résultat. Il faut noter qu’à l’étranger, cela n’est pas requis. L’UPSEE a proposé que les autorités permettent aux élèves obtenant 2 ou 3 credits de faire le ‘A’ level. » Bhojeparsad Jhugdamby se demande aussi quelles sont les alternatives qui s’offrent aux élèves qui ne pourront pas obtenir un tel résultat. Il insiste qu’il faut à tout prix éviter qu’ils ne se retrouvent à la rue. 

Pour sa part, Soondress Sawminaden est convaincu qu’il est facile d’obtenir 5 credits. Le président de l’association des recteurs et des assistants-recteurs estime qu’il faut donner à l’élève un choix de matières où il se sent à l’aise. Il est important que ses études soient une priorité et l’encourager à travailler davantage. 

Extended programme 

L’Extended Programme est destiné aux élèves ayant des difficultés à suivre le programme académique après les examens du PSAC. Ils ont un curriculum spécial qui les amène aux épreuves du NCE après quatre ans d’étude. 

L’enseignant, Brian Pitchen, émet des réserves quant à la mise en pratique de cette condition. Il estime qu’il n’est pas possible de demander à un élève de prendre les mêmes questionnaires qu’un autre ayant suivi les classes au niveau du mainstream. « Il est trop tôt pour porter un jugement sur le niveau des élèves suivant l’Extended Programme. Après les deux premières années, je peux dire qu’il y a certaines faiblesses qui doivent être prises en compte pour être corrigées. »

Brian Pitchen ajoute que c’est trop demander à des élèves éprouvant des difficultés au niveau académique, d’obtenir d’aussi bons résultats que les autres élèves. Ayant une expérience de 18 années au niveau du secteur prevoc, remplacé par l’Extended Programme, l’enseignant propose l’utilisation de l’oral et de la langue maternelle. « Les élèves de l’Extended Programme ont le même profil que ceux du prevoc. Pour ces derniers, l’utilisation du kreol a été d’un grand avantage et ils ont réussi à leurs examens. »

L’enseignant suggère que les examens soient comme suit : oral 20 %, ‘project base learning’ 30 % et écriture 50 %. Il trouve cette formule intéressante puisque beaucoup de ces élèves ne peuvent pas formuler des phrases comme il se doit alors qu’ils sont bons à l’oral. 

Alors que les enseignants souhaitent un questionnaire différent pour les élèves de l’Extended Programme pour le Grade 9, les responsables au ministère de l’Éducation ne sont pas de cet avis. La réforme éducative parle de l’inclusion, de qualité et d’équité. La politique de ce ministère est de donner à l’élève une éducation de base qui doit être la même pour tout le monde, permettant aux jeunes qui quittent l’école d’avoir la capacité de choisir. 

Tout comme les questionnaires du SC, du Higher School Certificate (HSC) ou tout autre examen, il y a toujours des questions simples au départ et la difficulté augmente graduellement. En ayant un questionnaire commun, il y aura des questions qui seront utiles pour déceler les élèves les plus brillants. Il y aura aussi des questions qui serviront à voir si l’élève a compris un concept par rapport à un autre. 

Au ministère, l’accent est mis sur l’encadrement des élèves de l’Extended Programme. L’objectif est d’assurer qu’ils sortent de l’école avec les compétences voulues pour continuer car chacun a un potentiel.