Frédéric Jollet, Fred pour les intimes, a des racines vendéennes (France), mais vit présentement à l’île de la Réunion depuis une bonne décennie. Fred fait partie de ces fortes personnalités, en dehors des associations ou des partis politiques, qui pensent par eux-mêmes. En général, ces citoyens s’engagent en leur propre nom. Nous avons profité du passage de cet animateur et chanteur à Maurice pour partager notre vision du monde.
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Pouvez-vous vous présenter aux lecteurs du Défi Quotidien ?
Je suis Frédéric Jollet, animateur de soirées privées et animateur commercial qui fait de la voix pub pour la radio et la télé. J’ai aussi été animateur à la Télé Créole. Je vis avec ma compagne et mon fils d’un an. Par passion toujours, par conviction parfois, je réalise des chansons/clips au gré de mes humeurs et de mes colères.
Effectivement tes clips, selon moi, à l’instar du SDF ou Merci Greenpeace, démontrent ta sensibilité, et mine de rien, ton engagement face aux injustices criantes et autres problèmes de société. Une personne comme toi serait un atout certain pour une organisation politique ou civile !
Je ne sais pas. Tu sais, je réagis instinctivement à ce que je vois autour de moi. Je ne me retrouve pas dans l’engagement militant, même si je dois dire que j’adore les personnes qui sont prêtes à donner même leur vie pour leurs idées. La société a besoin de ces gens courageux. Moi, dans le confort de ma chambre, j’écris un clip et j’exprime mon ressenti. C’est tout.
Dans Merci Greenpeace, tu écris ‘Comment respecter les droits de l’homme/quand avec la nature on déconne !’ D’où t’es venue cette âme d’écolo ?
Cela dépend de ce que tu entends par le terme ‘écolo’. Je pense que tout être humain pensant devrait respecter la nature et veiller à ce que notre planète ne s’abîme pas, non ? Est-ce cela être écolo ? Si c’est ça, je le suis et nous devrions tous l’être !
C’est ce système économique pervers qui règle et dérègle nos vies.»
En 2018, face à l’accord de pêche entre le Japon et Maurice, tu montes au créneau sur Facebook. Ta dénonciation de la tuerie des baleines dans les eaux mauriciennes devient virale avec plus de 100 000 vues. Tu demanderas même à ‘boycotter Maurice’ comme lieu touristique avant de t’excuser de ta ‘maladresse’…
Oui, c’était un cri de cœur et ma priorité est de garantir aux Réunionnais que les baleines qui viennent sur leurs côtes avec leurs petits ne rentrent pas dans les filets des bateaux de pêche japonais. Vois-tu, je nage avec les baleines et je suis un amoureux de ces animaux. Alors, je ne peux concevoir qu’on les tue alors qu’elles sont censées être une espèce protégée. Bon, j’ai été un peu excessif dans ma première volonté de boycott, mais je me suis rétracté par la suite.
Tu es à la Réunion depuis plus de dix ans. Que penses-tu de ton nouvel habitat ?
La Réunion, comme tu le sais, a connu un développement brutal. Il n’y a pas eu de période transitionnelle et cela a été tout de suite la surconsommation, les nouvelles technologies. C’est une société à plusieurs vitesses avec des nantis, une classe moyenne qui se plaint d’être énormément taxée et une masse de chômeurs bénéficiant du RSA (Revenu de solidarité active). Cependant, bon, j’aime ce pays et je m’y plais pour plusieurs raisons.
Et ton pays, la France ? Tu y retournes souvent ? Que penses-tu de la situation sociopolitique actuelle et du phénomène des Gilets jaunes qui a pris toute la classe politique par surprise ?
En tant que citoyen, j’ai suivi la marche des Gilets jaunes dans toute la France avec une attention particulière. Tu sais, je suis de plus en plus convaincu que les politiques ne servent plus à grand-chose et que le président de la République est un pantin, car il y a toute une superstructure qui les contrôle. Je veux parler bien évidemment du système capitaliste avec ses banquiers, sa bourse, etc. Le gouvernement Macron, comme les précédents, est, selon moi, à côté de la plaque et coupé de la réalité. En fait, que voit-on ? Des voleurs, que dis-je, des gangsters, avec costumes et cravates qui détournent l’argent, qui mentent et qui ont pour seul souci de conserver leur petit pouvoir. Les Gilets jaunes ont agi, avec conviction, force et discipline, car ce n’est pas facile pour n’importe quel être humain de se lever tôt le matin, braver le froid, manifester pendant des heures. Vous croyez que c’est plaisant ?! Cependant, ces citoyens se sont mis debout pour dire à l’État ‘Attention, il y a des règles du jeu et vous êtes en train de les changer et nous nous levons contre cela !’
Mais n’est-ce pas un plus grand danger qui nous guette, Fred, de décréter que la politique ne sert à rien et qu’un président n’est qu’un pantin !? Tu sais qu’historiquement les dictatures sont nées quand il y avait de la désespérance et un grand vide politique !
Vois-tu, je n’ai rien de personnel contre le président Macron. Quand je dénonce la superstructure, c’est la fonction présidentielle et non l’homme. J’ai écrit une lettre à Emmanuel Macron pour lui expliquer ma conception du phénomène des Gilets jaunes, lettre qui a obtenu près de 3 millions de vues. Ce que je pense, et je me répète, c’est ce système économique pervers qui règle et dérègle nos vies.
Tu as un fils, Fred. Dans quel monde aurais-tu aimé le voir vivre ?
Je n’en connais pas d’autres malheureusement. Notre monde a un système de base qui est mal fait et il y aurait pu y avoir un meilleur ordre mondial. Ce sera toujours le cas si collectivement nous ne décidons pas qu’il nous faudra prendre notre destinée en main, car ceux qui nous gouvernent ont failli.
T’as entendu parler de DIS-MOI , Fred ? Qu’en penses-tu ? Es-tu au courant qu’il y a une structure embryonnaire qui vient d’être formée à l’île de la Réunion sous la présidence de Didier Sooben ?
La démarche est très bonne et je pense qu’une organisation régionale qui regroupe les citoyens du Sud-Ouest de l’océan Indien est déjà quelque chose de positif. Néanmoins, je me pose parfois la question suivante : à quoi servent les droits humains si au 21e siècle les femmes sont toujours battues, voire tuées par leurs partenaires ! Tu me diras peut-être, toi, le passionné des droits humains, que l’histoire humaine n’est qu’une lente évolution, mais, moi, ce sont des sujets qui me bouleversent et me mettent en colère.
Le mot de la fin, Fred ?
Je suis à Maurice en tant que touriste et c’est effectivement une super destination touristique. Il y a un savoir-vivre ensemble, un respect des autres cultures et une coexistence pacifique. Évidemment ce n’est pas parfait, mais il n’y a pas de pays parfaits.
Cependant, ce que je trouve chagrinant au niveau du tourisme, c’est que parfois le système pourrait être plus organisé. Je te parle d’une expérience personnelle. Je suis allé en excursion pour voir les dauphins et il y avait plusieurs bateaux qui suivaient ces pauvres animaux, un véritable acharnement. Imagine une trentaine de bateaux à moteur se dirigeant vers les dauphins ! Il n’y a qu’à mettre des règles, des horaires et ce divertissement touristique pourrait être plus plaisant.
Entrevue réalisée par Lindley Couronne
SDF
Auteur : Fred Jollet / Musique : Alex Sorres
Si tes cartons sont vides. C’est que chez toi t’es bien posé.
Si les cartons sont lits, vides, c’est que le SDF s’est reposé.
Difficile de grelotter en été, mais des fois, trop difficile en hiver de se réchauffer. Si tu as, le choix, prends-la, en deux secondes, elle se déploiera.
Il y a qu’une pièce recroquevillée. Avec une légère senteur de pied. Mais je te jure, c’est ce qui camoufle les odeurs, des voitures à moitié.
Sortir dessous ta toile, le zip de ta porte s’ouvre, sur la grande étoile
celle des grands boulevards, où tu n’as qu’un regard, celui d’un clébard. Quand tu étais petit, tu te revisionnes tes héros, pas comme aujourd’hui, en train d’ chiper le mégot.
Trouver un boulot, mais pas d’douche, alors pas beau.
Trouver un boulot, puis au cœur, choper le resto.
On vivote, on survit. Juste, pour aujourd’hui, ou vers minuit.
Si la pièce tombe, c’est pour Molière, et moi, je me boirai une bonne bière. C’est pas de l’alcoolisme, c’est de la dépression, pour boire une bière ? Belle citation !
Ma main a une autre fonction, plus celle de serrer. Ma main a une autre fonction, celle de quémander.
Un peu comme le pigeon de la société, atterrissant dans un parc pour subsister. Putain c’est ma fierté, mais !?, seulement des fois, c’est la seule façon pour manger. Je ne parle pas des réseaux, SDF, qui enrichissent des propriétaires d’humains. Positionnés à des endroits stratégiques, très touristiques. Tout en exigeant d’chiper un bien.
Je ne parle pas des réseaux, SDF. Style pet’land vendant aux quatre coins de Paris, des tas de petits chiens.
Moi je suis, SDF, parce que j’ai perdu mon travail, puis avec le temps cela devient une situation qui nous tiraille, de pote en pote de bars en bars, je finissais par me noyer, ma femme voyant ça commençait à se lasser, le divorce a été prononcé, de mes enfants j’ai été séparé, et puis mes bras se sont baissés, et de moi, la rue s’est emparée.
Tu penses être à l’abri de tous ces petits soucis, tu perds le travail qui agrémente ta vie, tu as fait une prise de crédit, et là c’est toute ton existence qui est anéantie, allez bouge ton cul, vas taffer, tape ton cv.
Même sur le clavier azerty, les lettres SDF sont suivies.
Alors, qu’est-ce que tu peux espérer !, te remettre sur pied !, te refaire une santé !, et aller bosser?
Chimère !!! Tu arrives en tenue vestimentaire, délabré, serrant la main d’un recruteur étonné.
Te disant, on va vous rappeler. Mais ? As-tu un numéro à donner ou une adresse à divulguer.
Alors on va à la collecte, voir, s’il n’y a pas un truc correct.
Un petit livre, un égouttoir, une petite vaisselle contre 1 euro, histoire d’additionner quelques puces, pour se payer un repas chaud.
On n’est l’humain de trop, on n’est rien, on s’fait passer pour des salauds, nous sommes les rats de cette vie, et de la société, nous sommes le mépris. Les assocs je leur dis merci, elles ont évité un tas d’autopsies, le froid et la faim nous ont endurcis, mais on restera toujours meurtri
Je suis paumé près des gabiers, là où j’entends les beaux billets,
je voudrais bien en gagner, mais je n’en suis plus autorisé quelques souvenirs de mes achats, mes souvenirs, la famille autour du chat
des rires et des éclats
J’ai un âge trop mature, je garde la même posture alors tu sais
une vie sans futur, c’est une vie qu’on clôture. Une vie sans avenir, c’est une vie à finir
j’ai pas envie de mourir, j’ai pas envie de rester.
PARDON ! SDF philosophie ? Non ! Seulement.
SDF cherche un abri.
Lien du Clip SDF : https://www.youtube.com/watch?v=MFtbJzqGZOkLien du clip
Merci Greenpeace
Greenpeace est une organisation non gouvernementale internationale (ONGI) de protection de l’environnement. Ses militants se manifestent parfois par des actions d’éclat pour sensibiliser les citoyens sur la cause environnementale. Fred Jollet a voulu ici leur rendre hommage dans ce très beau clip.
Rire de la politique de ces embûches,
que l’on retrouve dans les sketchs de Coluche
Anesthésie visuelle, acte résiduel,
mis en couleurs dans les télépoubelles.
Comment laisser le choix d’un être humain,
Rayer les forêts des Amazoniens.
Vivre à contre-courant dans notre temps,
Dur dur d’être un mouton récalcitrant.
Comment imaginer ne pas s’planter,
en mangeant les graines avant d’les semer?
Notre terre se dégrade à tire d’ailes,
loin des respects, des actes conventionnels.
Comment puiser, voler, sans s’arrêter,
Sans que la terre puisse se régénérer ?
On pulvérise, on récolte, on arrache.
L’ère de la démolition est en marche.
Merci Greenpeace et tous les autres mouvements
De dénoncer l’assassinat permanent de la Terre et de tous ces continents,
de rendre visibles les horreurs de l’argent
Les terres souillées en découlent dans les fleuves,
encore des doutes ? Avec le passé en preuves ?
La nourriture se transforme en alien,
dans n’importe quelle pub on nous engraine,
avec un ptit qui dit « maman, je t’aime »,
cuillère dans la bouche remplie « d’OGM »,
le cœur mondial, système pyramidal, la mort de la terre, nette et radicale
Comment respecter les droits de l’homme,
quand avec la nature, on déconne !
Afin que la mondialisation puisse reluire,
la hausse des chiffres, « détruire pour produire »
et si la Terre avait un visage
et que ces traits étaient des paysages
pourrait-on la regarder en face,
En lui disant je n’ai laissé aucune trace ?
Merci Greenpeace et tous les autres mouvements
de dénoncer l’assassinat permanent,
de la terre et de tous ces continents
de rendre visible les horreurs de l’argent
Lien du clip Merci Greenpeace : https://www.youtube.com/watch?v=O6_UUBy862o
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