Faits Divers

Renaud Eugénie, 15 ans, mendie pour sa famille

Renaud Eugénie

Renaud Eugénie, 15 ans, habite Roche-Bois et mendie dans les rues de Port-Louis… pieds nus tous les jours ! Il y a deux semaines, il a failli être arrêté par la Child Protection Unit. Portrait.

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Renaud EugénieDurant l’année, Renaud Eugénie a préféré mettre un terme à sa scolarisation pour aller demander l’aumône. Il entend ainsi subvenir aux besoins de sa famille, car son beau-père a déserté le toit familial depuis belle lurette.

Son rêve d’enfant était de devenir policier. Avec le temps, l’adolescent a fini par comprendre que cela restera une utopie. Il fréquentait une institution spécialisée située à Roche-Bois, car il avait échoué au Certificate of Primary Education, il y a trois ans.

Pour obtenir quelques roupies, il arpente les artères de la capitale. Il compte toutefois retourner à l’école s’il a les moyens. Nous l’avons rencontré à son domicile, une bicoque de deux pièces au lieu-dit Balizaz, à Roche-Bois. Il raconte vouloir donner un lendemain meilleur à sa mère souffrante, ainsi qu’à ses trois frères et à sa sœur, plus jeunes et qui sont, eux, encore scolarisés.

La langue bien pendue et le sourire facile, mais tout ému, Renaud Eugénie vide son sac… « Je n’ai pas eu une enfance comme les autres. Je n’ai jamais rien reçu, car il n’y avait rien à la maison. On vit grâce aux allocations sociales. À 11 ans, j’ai décidé de mendier, après mes heures de classe, de 15 heures à 18 heures. Je me rendais du lundi au dimanche, pieds nus, dans la capitale. L’argent que je touchais servait à acheter de la nourriture pour les cinq membres de ma famille. Mais dans le courant de l’année, j’ai cessé d’aller à l’école et l’allocation sociale a été réduite », raconte l’adolescent.

Pas d’eau et d’électricité

La mère, Véronique Eugénie, 36 ans, en compagnie de sa benjamine.

Selon Mela Eugénie, la tante maternelle de l’adolescent, la bicoque, construite en tôles cannelées, a été érigée par la National Empowerment Foundation (NEF) sur un terrain ayant appartenu à sa mère. Celui-ci abrite également deux autres bicoques appartenant à la tante et à l’oncle maternels.

Les trois bicoques se partagent des toilettes et une salle de bain. La demeure de Renaud Eugénie, poursuit-elle, est dépourvue d’eau potable et d’électricité. « C’est moi qui aide ma sœur en lui fournissant de l’électricité. Pour ce qui est de l’eau potable, elle bénéficie du coup de main des voisins et elle rembourse une fois qu’elle touche sa pension », explique la sœur de Véronique Eugénie.

« Je suis triste que mon neveu demande l’aumône pour nourrir sa mère, ses frères et sa sœur. En tant que tante et oncle maternels, on fait tout notre possible pour leur accorder un soutien. Son père biologique a déserté le toit familial, avant sa naissance, tout comme les autres compagnons de ma sœur. La démarche de mon neveu pour subvenir aux besoins de sa famille vient de l’envie d’aider sa mère, ses frères et sa sœur. Le seul moyen pour qu’il puisse y parvenir, selon lui, c’est de mendier. La famille désapprouve toutefois ce qu’il fait. Mais bien souvent, il fait fi de l’autorité de sa mère et se rend dans la capitale, sans informer qui que ce soit de son déplacement ! » relate la tante.

Véronique Eugénie, la mère de Renaud, qui tenait son benjamin de trois ans dans les bras, raconte qu’elle ne peut pas travailler en raison d’une maladie qui a affecté son système nerveux. « Je souffre de tremblements chroniques et c’est la raison pour laquelle je bénéficie d’allocations sociales », indique la mère de 38 ans.

Elle explique que son fils obtient entre Rs 200 et Rs 300 en temps normal. Mais lors des fins de mois, il peut toucher jusqu’à Rs 500. Elle raconte qu’une fois, des passants, touchés par le train de vie de la famille, ont acheté des produits au supermarché et les ont donnés à son fils.

Les membres de la famille Eugénie vivent dans une situation précaire.

«J’ai honte…»

« Je ne sais pas lire correctement, mais je sais toutefois écrire. J’ai toujours voulu devenir quelqu’un, mais la vie ne m’a pas gâté. Je suis disposé à reprendre mes études, car j’éprouve de la honte en mendiant. Si je ne retourne pas sur les bancs de l’école, je ferai de mon mieux pour trouver un travail manuel au marché central de Port-Louis ou ailleurs », dit Renaud Eugénie. Il lance un appel aux autorités et au public.

« Ma famille a besoin de votre aide. Il est vrai que nous touchons une allocation mensuelle du gouvernement, mais la somme est insuffisante pour vivre. Je serais ravi si on pouvait bénéficier d’une aide additionnelle pour nous permettre de mener une vie descente », poursuit-il.

Pour Noël, Renaud Eugénie, ses frères et sa sœur n’attendent rien de spécial. D’ailleurs, c’est une tante maternelle domiciliée non loin qui leur offrira un repas…

 

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