Près d’une décennie s’est écoulée depuis que le Mouvement socialiste militant a promis une distribution d’eau 24/7. Mais l’objectif n’a toujours pas été atteint, de nombreuses régions continuant à être affectées par des pénuries. Le ministère des Services publics envisage de recruter un consultant pour revoir la politique nationale de l’eau. Serait-ce un aveu d’échec ?
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L’eau était un thème majeur de la campagne électorale du Mouvement socialiste militant (MSM) pour les législatives de 2014. Le parti avait promis une distribution 24 heures sur 24 et sept jours sur sept (24/7). Le MSM, qui avait accusé le Parti travailliste d’incompétence dans la gestion de la construction du barrage de Rivière-des-Anguilles, s’était aussi engagé à achever ce projet.
Près de dix ans plus tard, l’objectif d’assurer une distribution d’eau 24/7 est loin d’être atteint, les habitants de nombreuses régions continuant à se plaindre de pénuries, tandis que le projet Rivière-des-Anguilles Dam est au point mort. Le ministère des Services publics compte recruter un consultant qui sera chargé de réviser la politique nationale de l’eau. Il devra évaluer en profondeur ses répercussions environnementales et sociales.
C’est donc au cours d’une année électorale que le ministère procède à ce recrutement, grâce à un prêt accordé par l’Agence française de développement en décembre pour un montant de 200 millions d’euros, soit environ Rs 9,72 milliards. Ce virage du ministère est largement interprété par de nombreux observateurs comme le signe manifeste d’un échec retentissant de la politique de distribution d’eau à Maurice.
Harry Boolauck, ancien directeur général de la Central Water Authority (CWA), estime que cela témoigne, une fois de plus, du fait que Maurice tourne en rond par rapport à la gestion de l’eau. « On perdra, une fois de plus, énormément de temps et d’argent avec le recrutement d’un énième consultant », déplore-t-il.
Il rappelle que la CWA a, depuis sa création en 1973, dépensé des milliards de roupies dans le recrutement de consultants. Cinquante et un ans plus tard, c’est la même idée qui est contemplée, c’est-à-dire recruter un nouvel expert pour résoudre des problèmes qui n’ont pas pu être résolus jusqu’à présent.
Pourtant, souligne Harry Boolauck, depuis 2014, le gouvernement s’est engagé dans un plan de remplacement de tuyaux défectueux, en particulier dans les régions des Upper et Lower Plaines-Wilhems. « Mais quel a été le résultat de cette politique de remplacement ? Ni la CWA, ni le ministère n’a été en mesure de faire un bilan afin de nous démontrer les résultats réels », fait-il remarquer.
Harry Boolauck souligne également que des millions de roupies ont été investies dans la station de traitement de Pailles. L’objectif était de garantir que les infrastructures de ce centre de traitement ne soient plus affectées par les eaux boueuses en période de pluie.
Cependant, comme le fait remarquer l’ancien directeur général de la CWA, cette station de traitement s’est, une fois de plus, retrouvée en difficulté lors du passage du cyclone Belal, privant d’eau plusieurs Portlouisiens.
« Pendant près de neuf ans, nous avons tourné en rond, en se lançant dans des initiatives sans résultat concret et en mettant en avant des promesses non tenues dans le dossier de la distribution d’eau 24/7. Le concept est perçu comme une illusion », indique le président du Parti travailliste (PTr), Patrick Assirvaden.
Selon lui, l’initiative visant à recruter un consultant en 2024, soit après une décennie, pour résoudre de manière globale les problèmes liés à l’eau, « représente une reconnaissance totale des déficiences de A à Z ». Il estime que « les projets initiés par Collendavelloo et Lesjongard ont été des échecs ».
Le responsable du dossier Services publics et Énergie au sein du parti rouge met aussi en avant le fait que des Singapouriens, recrutés par le gouvernement du PTr, avaient parlé d’un problème de distribution d’eau et non d’un problème de stockage. « Il est impératif de résoudre les problèmes de distribution car plus de 50 % de l’eau est perdue », dit-il.
Patrick Assirvaden est d’avis qu’en l’absence d’une vue d’ensemble, il faut établir un masterplan et identifier de manière définitive les obstacles. Pour ce faire, poursuit-il, il faut des consultations entre toutes les parties prenantes, y compris la Water Resources Unit, le ministère des Services publics et que les propriétaires de forages.
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