La Financial Intelligence Unit sonne l’alarme face à l’explosion de cas de fraude et d’arnaques en ligne à Maurice. Son dernier rapport, publié en mai, met en lumière une recrudescence inquiétante de ces pratiques malveillantes qui touchent aussi bien les particuliers que les entreprises.
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Les réseaux sociaux sont devenus le terrain de prédilection de fraudeurs qui profitent de la portée et de l’anonymat de ces plateformes pour tromper leurs victimes. C’est l’une des observations relevées par la Financial Intelligence Unit (FIU) dans son dernier rapport publié en mai dernier. Elle note que les arnaques aux frais anticipés figurent parmi les modes opératoires les plus courants. Dans ce type de fraude, les victimes se voient promettre des biens ou des services contre un paiement anticipé, mais ne reçoivent jamais ce qui leur a été promis.
D’autres techniques, tout aussi pernicieuses, sont également employées. Parmi celles-ci figurent l’utilisation de faux documents pour obtenir des avantages financiers, la compromission d’e-mails professionnels pour voler des informations sensibles ou détourner des fonds, ainsi que des arnaques à l’investissement impliquant des entités mauriciennes, qui profitent de leur exposition internationale pour masquer leurs activités illégales.
Le plus récent cas de fraude en ligne de grande envergure remonte à novembre 2023, lorsqu’un groupe de victimes d’un prétendu système de Ponzi sur la plateforme Telegram s’est rendu aux Casernes centrales pour dénoncer une arnaque orchestrée par les administrateurs d’un groupe proposant des investissements financiers. Les plaignants ont évoqué une somme de Rs 150 millions.
Selon l’avocat Penny Hack, l’augmentation des cas d’arnaques et de fraudes en ligne s’explique principalement par le contexte économique difficile du pays, qui complique la situation pour de nombreux Mauriciens. « Les gens sont tellement désespérés que dès qu’ils voient une opportunité en ligne, ils la saisissent. C’est la naïveté des gens qui les conduit à cela », affirme-t-il. L’avocat estime que, d’un point de vue juridique, les autorités disposent de peu de marge de manœuvre. Selon lui, la majorité de ces réseaux d’escroquerie en ligne n’opèrent pas sous la juridiction mauricienne, rendant ainsi leur démantèlement très difficile.
En revanche, souligne-t-il, la sensibilisation des utilisateurs de réseaux sociaux est cruciale pour prévenir les arnaques en ligne. « Il est nécessaire de renforcer la sensibilisation et d’avertir régulièrement le public », soutient-il. Il insiste sur le fait que des autorités comme l’Information and Communications Technology Authority (ICTA) devraient déployer des efforts significatifs pour informer les Mauriciens sur les dangers des arnaques sur les réseaux sociaux. « Plutôt que de consacrer constamment ses ressources à traquer ceux qui publient des commentaires défavorables, l’ICTA devrait se focaliser sur des campagnes de sensibilisation, car c’est là que se trouve le véritable travail à accomplir pour protéger les Mauriciens », ajoute l’avocat.
Selon l’avocat Ashok Radhakisson, si l’ICTA faisait correctement son travail, elle serait davantage consciente de la gravité de la situation. Il affirme qu’il incombe à l’ICTA de se tenir informée de ce qui se passe sur le terrain, notamment sur les réseaux sociaux. Ashok Radhakisson rappelle que cette autorité dispose de tous les outils nécessaires pour accomplir cette tâche. Il fait ressortir que l’ICTA travaille en étroite collaboration avec CERT Mauritius, ce qui rend inconcevable qu’elle ignore les développements en cours.
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