Seewoosagar Gunga, 50 ans, un habitant de Bois-Pignolet, était recherché pour tentative de meurtre sur sa petite-amie et crime d’incendie depuis jeudi 11 février. Il a mis le feu à la maison de celle-ci. Le quinquagénaire, qui avait été condamné pour le meurtre de son épouse en 2003, a été retrouvé mort.
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Le samedi 13 février, la mère de Seewoosagar Gunga a retrouvé ce dernier mort dans la salle de bains d’un bungalow à Trou-aux-Biches. Tout porte à croire que l’homme, âgé de 50 ans, a subi des brûlures lorsqu’il a mis le feu à la maison de son ex, le jeudi 11 février. La belle-mère de celle-ci, âgée de 83 ans, a subi des brûlures lors de l’incendie.
Aux petites heures samedi, la Criminal Investigation Division (CID), épaulée par la police de Terre-Rouge et le Scene Of Crime Office (SOCO) se sont rendus au bungalow à Trou-aux-Biches. Selon nos recoupements, Seewoosagar Gunga portait des brûlures sur le corps. Des vêtements brûlés ont aussi été retrouvés non loin du cadavre. Toutefois, aucune trace de blessures n’a été décelée sur le cadavre. La dépouille a été transportée à la morgue de l’hôpital Dr. A.G. Jeetoo, à Port-Louis. L’autopsie pratiquée par le Dr Premraj Chamane a attribué le décès à des « excessive burns ».
Seewoosagar Gunga est issu d’une fratrie de huit enfants, dont quatre sœurs et quatre frères. L’une de ses sœurs, Parvatee, 50 ans, confie que c’est la police qui a informé la famille, jeudi, que Seewoosagar Gunga a mis le feu à une maison. « Nounn komans gagn bokou traka », dit la sœur. Elle était au courant que son frère avait une copine, « me mo pa konn li ».
Il y a 19 ans, soit le 15 février 2002, Seewoosagar Gunga, a poignardé à mort sa femme Santa. Cela c’est passé en Angleterre. Le quinquagénaire a été condamné puis a été libéré après avoir bénéficié d’une remise de peine.
Interrogée sur l’attitude de son frère depuis sa condamnation en 2003, Parvatee indique que « cela fait quatre ans qu’il est rentré à Maurice ». « Il était normal. Seewoosagar aimait s’occuper de ses plantes et avait beaucoup d’amis. Li ti kontan ed dimounn », dit-elle.
Parvatee raconte que vendredi, sa mère l’a appelée pour lui faire part de son intention d’aller à la recherche de Seewoosagar. Comment a-t-elle deviné qu’il était dans ce bungalow ? « Je ne sais pas », conclut-elle, avant de s’atteler aux préparatifs des funérailles de son frère, le samedi 13 février.
La rencontre
Swastee, (prénom modifié) directrice d’une agence de voyages, ne se doutait pas que sa relation avec Seewoosagar Gunga allait prendre une telle tournure. C’est en 2017 qu’elle dit avoir fait la connaissance du quinquagénaire. « À cette époque, je cherchais un terrain à acheter et lui était dans l’immobilier. C’est comme cela qu’on s’est rencontré », se souvient-elle. L’homme s’est montré charmant. Les deux se sont échangé leurs coordonnées. « Il s’est montré avenant et très doux », dit Swastee. Ils s’échangeaient des messages sur WhatsApp. « C’était une relation amicale », précise-t-elle. Mais au fil des mois, elle dit avoir constaté que sous ses traits d’homme charmant se cachait un tout autre visage. « Il m’est apparu comme une personne possessive, jalouse... », confie-t-elle. Swastee ajoute avoir alors mené sa petite enquête.
« J’ai découvert qu’il avait déjà été condamné en Angleterre pour le meurtre de sa femme. Cette nouvelle m’a bouleversée », soutient-elle. Cependant, elle ne voulait pas rompre brutalement. « Je voulais prendre mes distances graduellement », explique Swastee. Ainsi quand Seewoosagar Gunga l’appelait, elle disait être occupée et qu’elle lui parlerait plus tard. Puis, elle a commencé à recevoir des menaces. « Il disait que si je le quittais, les choses n’allaient pas en rester là », affirme-t-elle. Puis, n’en pouvant plus, elle a décidé de mettre un terme définitivement à leur relation. « Je lui ai expliqué que j’ai appris pour le meurtre en Angleterre et que je devais rompre avec lui. Il m’a dit qu’il n’avait rien fait, qu’il était innocent », poursuit Swastee.
Harcèlement
Elle pensait qu’il avait compris, mais c’était mal le connaître. « Après cette rupture, il a commencé à me harceler. Il m’appelait à toute heure de la journée et de la nuit », nous dit-elle. En décembre 2020, elle a porté plainte au poste de police de Pamplemousses pour harcèlement. Les choses étaient loin de s’arranger. Malgré sa plainte à la police, Seewoosagar a continué à la harceler. « Il sait que je vis seule avec ma belle-mère », explique-t-elle. « À chaque fois qu’il m’appelait sur un numéro inconnu, je le bloquais. Il a changé de numéro à plusieurs reprises. J’ai noté 11 numéros de téléphone différents. Il utilisait même un numéro international », dit-elle.
Dans l’après-midi du jeudi 11 février, Swastee s’est rendue au poste de police des Line Barracks pour de nouveau dénoncer son ex. En rentrant chez elle vers 16 h 30, elle a vu Seewoosagar Gunga devant la maison. « Je me suis précipitée dans la maison. Il est venu et c’est ma belle-mère qui lui a parlé. Kot to pe ale ek sa galon la ?, lui a-t-elle demandé. C’était de l’essence. Il a répandu le bidon d’essence devant la porte et a mis le feu ». Les flammes ont jailli et le feu s’est propagé à travers la porte. « J’ai alerté les voisins et ils sont venus porter secours à ma belle-mère », raconte Swastee. Entre-temps, Seewoosagar Gunga a pris la fuite. Les pompiers et la police de Terre-Rouge ont été mandés sur les lieux. La belle-mère de Swastee, grièvement brûlée, a été admise à l’hôpital SSRN, Pamplemousses, avant d’être transférée à l’unité des soins intensifs de grands brûlés à Candos. « Elle a subi des brûlures aux mains, aux pieds et s’est blessée au visage », souligne Swastee.
Il avait poignardé à mort son épouse en Grande-Bretagne
Selon les archives judiciaires en Angleterre, Seewoosagar Gunga, était impliqué dans le meurtre de son épouse Santa. Les faits se sont produits le 15 février 2002. Il était alors âgé de 32 ans. C’est le 11 août 2003 qu’il a été condamné pour meurtre.
D’après le document, Seewoosagar et Santa se sont mariés en 1999. En septembre 2000, Seewoosagar Gunga a obtenu un visa pour rester en Angleterre pour étudier comme « student nurse ». En novembre 2000, il a commencé à travailler à l’unité psychiatrique Wexham Park Hospital. En septembre 2001, son épouse Santa l’a rejoint. Celle-ci a travaillé dans un magasin de vêtements. Puis, le couple a rencontré des problèmes. En 2001, il est accusé d’avoir agressé son épouse. Il lui reprochait d’entretenir une liaison extraconjugale. Le lendemain de cette agression, elle est sortie de la maison, mais n’était pas revenue. Un témoin avait affirmé qu’il ne cessait de la harceler. Il lui avait fait part de son intention de la poignarder. Il avait signifié son intention même de payer les services d’un tueur pour l’éliminer. Il savait qu’elle avait rendez-vous le 15 février 2002 dans un bureau pour son passeport. Il est allé la voir et lui a pris son passeport. Une dispute a éclaté et Seewoosagar a quitté les lieux. Dans l’après-midi, il s’est de nouveau rendu sur place et a poignardé son épouse à mort. Elle a reçu de trois coups dont deux à la poitrine et un coup fatal dans le dos.
Seewoosagar avait soutenu avoir ramassé un vieux couteau sur un banc. Mais au cours du procès, il a été établi que le couteau était neuf. À son arrestation le 17 février 2002, il avait dit à la police : « Dieu m’a dit de la tuer ». Après sa condamnation, il a fait preuve de bonne conduite en prison et a demandé et obtenu une remise en liberté sur parole. Le juge avait imposé une condition : « He will remain on licence for the rest of his life and may be recalled to prison at any time if in breach of the terms of his parole. »
Se cachait-il dans le bungalow ?
Selon les policiers, l’hypothèse la plus probable est que Seewoosagar Gunga s’est réfugié dans le bungalow, à Trou-aux-Biches, après avoir mis le feu à la maison de sa copine, le jeudi 11 février. Les enquêteurs soupçonnent que lors de l’incendie, le quinquagénaire a été victime des flammes. Bien qu’il ait été grièvement brûlé, après avoir répandu de l’essence pour mettre le feu à la maison. Il n’a pas sollicité d’aide médicale. Ce qui expliquerait que son état de santé s’est empiré et qu’il en est décédé.
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