Après que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international aient prédit une récession mondiale, c’est maintenant au tour de l’Organisation mondiale du commerce de faire de même. Quelles sont les implications pour l’économie mauricienne ? Points de vue de quatre économistes.
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L’économie mondiale est confrontée au risque d’une récession mondiale à peine deux ans après la pandémie de Covid-19. C’est ce que prévoient trois organisations internationales : la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) et l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Le monde entier connaît actuellement des « chocs exogènes simultanés » (insécurité, chocs climatiques, hausse des prix des denrées…) qui le fragilisent, indique la patronne de l’OMC. Elle a fait cette déclaration lors de l’ouverture du forum public annuel de l’OMC, à Genève, le mardi 27 septembre.
Ngozi Okonjo-Iweala a expliqué que l’organisation s’attendait auparavant à une « reprise post-pandémie ». Or, « maintenant, nous devons faire face à ce qui ressemble à une récession qui approche », a-t-elle dit, avant de préciser qu’il s’agissait d’une récession mondiale. Cette situation aura sans aucun doute des conséquences importantes sur Maurice.
Tourisme : nouveau coup de massue
Les autorités mauriciennes tablent sur l’arrivée d’un million de touristes pour pouvoir atteindre un taux de croissance de 7 % en décembre 2022 et de 8,6 % en juin 2023. Selon l’économiste Takesh Luckho, avec plus de la moitié des visiteurs venant de la France et de la Grande-Bretagne, une récession dans nos marchés européens ajoutée à une dépréciation de l’euro et de la livre sterling mènera à une baisse dans la demande pour les réservations pour la destination mauricienne. C’est un avis que partage l’économiste Eric Ng.
« Une récession mondiale risque d’impacter l’économie mauricienne à travers une baisse du nombre de touristes qui visitent l’île. On sait que la croissance économique de Maurice dépend actuellement beaucoup de la reprise dans le secteur touristique et de la demande extérieure, étant donné que la demande domestique est handicapée par l’inflation », explique-t-il.
C’est un argument qu’avance également l’observateur économique Imrith Ramtohul. « Il y aura moins d’arrivées de touristes, car ils subiront une baisse du pouvoir d’achat. C’est un peu inquiétant, car nous n’avons pas encore atteint le nombre d’arrivées touristiques pré-Covid-19 », confie-t-il.
Baisse des exportations
Les exportations pourraient diminuer compte tenu de la baisse de la demande d’autres pays. C’est ce que prévoit Imrith Ramtohul. D’ailleurs, il souligne qu’une baisse des exportations a déjà été enregistrée pendant la récession causée par la pandémie de Covid-19. C’est une opinion que partage l’économiste Bhavish Jugurnath.
« Nous pouvons anticiper une forte réduction des exportations, de l’accès au financement et éventuellement une baisse des recettes fiscales », dit-il. Pour sa part, Takesh Luckho est d’avis que les exportations de nos produits manufacturiers seront affectées. « Les entreprises locales auront du mal à remplir leur cahier de commande », dit-il.
Stagnation de la croissance
Selon Eric Ng, les autorités mauriciennes ont peu de marge de manœuvre en termes de politique budgétaire, vu le niveau élevé de la dette publique, et en matière de politique monétaire avec la remontée du taux d’intérêt.
« Donc, une récession mondiale viendra compliquer la relance de l’économie mauricienne en affaiblissant son taux de croissance », explique-t-il. Dans ce cas de figure, poursuit l’économiste, une stagflation (faible croissance et forte inflation) n’est pas à écarter. C’est un avis que partage Imrith Ramtohul. « Avec une récession mondiale, l’activité économique diminuera. Et les entreprises locales pourraient par conséquent enregistrer une baisse de leurs revenus. Ce qui mènera certainement vers une baisse de la croissance », estime-t-il.
Pour sa part, Bhavish Jugurnath est d’avis que la demande pour les soutiens sociaux et le maintien des filets de sécurité sociale pourraient augmenter le niveau du chômage à Maurice. Ce qui entraînera une baisse du produit intérieur brut. De son côté, Takesh Luckho prévoit qu’une récession mondiale peut coûter à Maurice environ 2 % de croissance durant l’année fiscale 2022/23.
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