Le président de la Fédération des syndicats du secteur public donne plusieurs raisons aux critiques du directeur de l’Audit dans son dernier rapport.
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Chaque année, le directeur de l’Audit pointe du doigt les cas de gaspillage dans les ministères. On a l’impression que cela laisse insensibles les fonctionnaires. Vos commentaires ?
Certaines critiques sont inévitables. Comme c’est le cas pour le ministère de la Santé. La principale responsabilité de ce ministère est de veiller à la santé publique. Pour ce faire, il doit non seulement faire l’acquisition de médicaments pour soigner les malades existants, mais aussi de faire provision chaque année d’un stock de médicaments en prévision des maladies saisonnières plus ou moins récurrentes qui pourraient affecter le pays.
On ne décide pas sur un coup de tête pour acheter tel ou tel médicament, mais en se fondant sur des données. Par exemple, si une grave épidémie de dingue ou de chikungunya affecte des pays de la région, les autorités doivent-elles attendre que Maurice soit affectée pour acheter les médicaments nécessaires ? Qu’arriverait-il si demain, le pays est épargné par cette maladie ? L’Audit va dire dans son rapport que des millions de roupies de médicaments, qui ont été achetés, n’ont pas été utilisés et sont périmés. Dans le public, on va parler de gaspillage des fonds publics, mais la réalité est toute autre.
Le ministère responsable de la santé publique doit toujours être sur ses gardes et agir promptement en prévision des maladies qui pourraient affecter la population. Je ne joue pas à l’avocat du diable. Bien sûr que je condamne des achats et autres gaspillages qui ne peuvent être justifiés et les responsables des ministères doivent assumer leurs responsabilités. Mais je dirais aussi que certaines critiques sont les conséquences directes de la politique gouvernementale.
Expliquez-vous...
Force est de constater que ces dix dernières années, les critiques sont davantage concentrées sur des services gouvernementaux qui ont été confiés à des entrepreneurs privés. Des millions de roupies sont dépensées, mais les services laissent à désirer. Parmi, je cite les services de nettoyage, de gardiennage. Aujourd’hui, on paie aussi la politique de restriction budgétaire pratiquée par le gouvernement depuis des années. Et qui se résume, entre autres, en la suppression de certains postes dans la Fonction publique et des postes vacants qui ne sont pas remplis.
Certains départements roulent avec un personnel restreint depuis des années et des fonctionnaires sont contraints de ne pas suivre certaines procédures, notamment au niveau du procurement pour ne pas affecter le service. Ce qui pousse le directeur de l’Audit à parler d’irrégularités dans son rapport. Il se trouve aussi que dans certains départements, par manque de personnel, des fonctionnaires sont appelés à assurer des travaux pour lesquels ils n’ont pas été formés. Je cite, par exemple, la collecte de revenus. Ils l’ont fait sans connaître les procédures et ont subi des critiques dans le rapport de l’Audit.
Comment y remédier ?
Je peux vous dire que c’est à la suite de diverses critiques du bureau de l’Audit que le gouvernement a recruté quelque 10 000 fonctionnaires. Ce qui démontre que les autorités sont sensibles aux observations du directeur de l’Audit. Pour améliorer la situation dans la Fonction publique, il faut sensibiliser davantage les fonctionnaires à l’importance de suivre les procédures et à l’utilisation judicieuse de l’argent public.
On trouve que le Public Accounts Committee (PAC) a aussi été très critique contre la Fonction publique. Dans certains milieux, on souhaite des actions contre les fonctionnaires visés dans le rapport du PAC...
Le rôle du PAC est d’étudier le rapport de l’Audit et de soumettre un rapport au parlement. Je pense que 50 ans après l’Indépendance, il faut revoir le fonctionnement du PAC. Il est inconcevable que le PAC n’ait aucune structure, pas de personnel ou d’un bureau. Il tire son rapport suivant la publication du nouveau rapport de l’Audit. La Public Service Commission (PSC) prévoit déjà des actions disciplinaires pour tout fonctionnaire, quel que soit son statut, qui a fauté gravement dans son travail. Toutefois, il doit avoir l’occasion de s’expliquer.
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