Rakesh Rugoobeer, CEO de MDFP : «La marque Esko n’était pas écrite sur les biscuits qu’on a testés»

Le Chief Executive Officer commente l’affaire des biscuits de Rum & Sugar Ltd, la compagnie de Sheila Hanoomanjee, et explique pourquoi ces biscuits ont été choisis pour être vendus à l’aéroport. Il soutient aussi que la MDFP est aujourd’hui la compagnie hors-taxes la moins chère de la région.

Mauritius Duty Free Paradise (MDFP), une compagnie d’état, est sous les feux des projecteurs depuis l’affaire des biscuits de Rum & Sugar Ltd. Comment ces biscuits, que vous vendez à 17 euros (Rs 650), se sont-ils retrouvés en vente chez vous ?
Nous avons scrupuleusement respecté toutes les procédures. Comme tout nouveau fournisseur, Rum & Sugar Ltd nous a approchés et a fait une présentation de ses produits : des biscuits et des tasses. Nous n’avons pas pris les tasses car nous n’acceptons que ce qui est vendable. On n’achètera pas quelque chose qui ne nous permettra pas de gagner des sous. Nous sommes, après tout, une compagnie privée et nous sommes là pour faire des profits.

Vous ne vous êtes pas aperçus que les boîtes contenaient des biscuits Esko vendus à Rs 12 le paquet en gros ?
J’étais présent lors de la présentation, j’ai goûté les biscuits et j’ai estimé qu’ils étaient vendables. Je peux vous dire qu’il n’y avait pas la marque Esko sur les biscuits qu’on a testés. Je ne savais donc pas qu’il s’agissait de ces biscuits. L’emballage était très bien fait et avait ce côté exclusif qui caractérise les produits que nous vendons.

Est-ce que cela veut dire que vous avez été bernés et qu’on vous a fait goûter un autre produit lors de la présentation ?
Je ne sais pas. Je n’étais pas au pays ces derniers jours et je n’ai pas eu l’occasion de voir cette affaire de plus près. Je retourne au bureau lundi et je pourrai alors mieux comprendre ce qui s’est passé exactement.

Qui a pris la décision de faire retirer les boîtes de biscuits mercredi de votre magasin hors-taxes et pourquoi ?
C’est moi qui ai demandé depuis l’étranger qu’elles soient enlevées de nos rayons, car je crois que c’est mieux, en raison de la polémique autour de ce produit. Après, nous verrons ce que nous allons faire. Je tiens à préciser que nous avons plus de 200 fournisseurs et que Rum & Sugar ne nous fournissait qu’un seul article. Quant au prix de ces biscuits, c’est subjectif. Si c’était vraiment aussi cher que ça, les biscuits ne se vendraient pas.

Vous en avez vendu beaucoup ?
Oui. C’est un produit qui s’est bien vendu. En environ un mois, on a vendu 70 % du stock.

Et vous aviez combien de boîtes en stock ?
Nous en avions pris 1 400.

Le leader de l’opposition Xavier-Luc Duval a dénoncé le prix de ce produit qu’il trouve exorbitant.
J’aurais aimé savoir s’il a déjà comparé le prix d’une bière ou d’une bouteille d’eau au supermarché avec les prix pratiqués par les hôtels quand il était ministre du Tourisme. S’il trouve qu’il n’y a rien à redire à ce niveau, alors pourquoi trouve-t-il cela grave quand il s’agit de la MDFP ? Tout comme les établissements hôteliers, on a aussi des coûts associés qui entrent en jeu quand il faut fixer nos prix.

Que voulez-vous dire par coûts associés ?
Nous avons beaucoup de frais. Il y a le loyer que nous devons payer à Airport Terminal Operations Ltd et les ‘concession fees’ qu’on doit leur payer sur les ventes. Et n’oublions pas les salaires de nos 430 employés, les frais administratifs, ainsi que d’autres frais.

Certains soutiennent que vos prix sont très élevés…
Depuis que Dufry, qui était notre fournisseur exclusif, est parti en 2015, les prix ont beaucoup baissé. Nous faisons beaucoup d’efforts pour proposer les meilleurs prix et je peux vous dire que MDFP est très abordable aujourd’hui.

Où vous situez-vous par rapport aux autres ?
Nous sommes moins chers que Dubayy et Mumbai sur tous les produits, sauf le chocolat. Nous faisons de très bonnes ventes auprès des Chinois. Cela démontre qu’ils estiment que nos prix sont bons, sinon ils auraient fait des achats chez eux. Nous n’avons pas à avoir honte de nos prix.

Et votre chiffre d’affaires ?
2016 est une année record avec un chiffre d’affaires de 53,5 millions d’euros (environ Rs 2,1 milliards). En janvier, on a enregistré un autre record avec 6,2 millions d’euros en termes de ventes (Rs 235,5 millions). C’est le meilleur mois depuis la création de la MDFP en 2002. Si nous progressons, c’est bien la preuve que nous ne sommes pas aussi chers que certains le prétendent et que notre nouvelle stratégie marche bien. Nous travaillons maintenant sur plusieurs possibilités d’expansion dont nous parlerons plus tard.