Raj Appadu : «Nous aurons recours à la justice pour faire respecter nos droits»

Le président du Front commun des Commerçants de l'île Maurice n'écarte pas la possibilité d'avoir recours à la justice pour que les petits commerçants aient la priorité dans l'allocation des 2 500 nouveaux emplacements dans le cadre de la modernisation de la gare Victoria et de la gare du Nord.

Comment voyez-vous l'évolution des petits commerces ces 50 dernières années ?
Les  petits commerces ont toujours accompagné les Mauriciens dans leur vie de tous les jours, que ce soit dans le domaine de l'alimentation, la mercerie et la construction, entre autres. Après l'Indépendance, ils ont connu leurs heures de gloire suivant le développement de la zone franche, du tourisme et d’autres secteurs économiques. Malheureusement, ces dernières années, les petits commerces passent par une période de stagnation pour ne pas dire une mort lente.

Comment expliquez-vous ce déclin ?
Ces dernières années, les Mauriciens sont de plus en plus modérés dans leurs achats. Cela peut s'expliquer par un appauvrissement de la classe moyenne. La politique du All inclusive, pratiquée par l'industrie touristique, a aussi contribué au déclin des petits commerces. Les quelques rares touristes qui flânent dans nos rues ne font plus des achats comme dans le passé. Outre le fait qu'ils sont plus prudents après que certains ont été arnaqués par des commerçants véreux — ce que je condamne fortement  —,  on fait face aussi à un grave problème de sécurité dans le pays avec de nombreux cas de vols avec violence. Autant de facteurs qui ont contribué à la chute du commerce en général.

On dit aussi que les petits commerçants n'ont pas évolué avec le temps, choisissant de rester dans leur zone de confort...
Je ne le pense pas vraiment.  Plusieurs ont investi massivement dans leurs commerces, mais finalement ont été contraints de mettre la clé sous le paillasson. Regardez le nombre de magasins, de restaurants et de petites entreprises qui ont fermé boutique ces dernières années car ils ne pouvaient plus couvrir les frais.

Mais on trouve que les hypermarchés sont toujours remplis. Ce qui indique que les consommateurs ont déserté les boutiques au profit des hypermarchés, dont les prix sont plus avantageux. N'est-ce-pas ?
Je ne dis pas le contraire. Ces grosses  maisons de commerce ont l'avantage d'acheter de gros volumes de marchandises, tout en bénéficiant d'important rabais. C’est ce qui explique que les  prix de certains de leurs articles sont plus avantageux que ceux proposés par certains petits commerces. Toutefois, on ne peut occulter le fait que les prix pratiqués dans certaines boutiques sont aussi avantageux que dans des hypermarchés.  Concernant les promotions dans des hypermarchés — et j'ai appris que le ministère du Commerce suit cette affaire de près —, je parle  des articles de consommation, dont la date arrive à terme sous peu et qui sont mis en vente à prix réduit.

Quelles sont les principales difficultés auxquelles font face les petits commerces ?
Les petits commerçants font face à mille difficultés pour rouler leur entreprise. Nous sommes très préoccupés par les prix de location des espaces commerciaux. Certes, on a bénéficié d'un nouveau moratoire, mais on n'a fait que repousser le problème.  Il est souhaitable que les autorités organisent une table ronde avec toutes les parties concernées en vue de trouver une solution durable dans l'intérêt de tout un chacun.