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Projet Metro Express : démolition des maisons à La Butte dans l’indifférence

Lundi matin, les autorités ont entrepris la démolition des maisons se trouvant sur le tracé du Metro Express, à La Butte, à Port-Louis. Les travaux se sont déroulés dans l’indifférence des passants et en l’absence des députés du quartier.

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Les démolisseurs ont donné les premiers coups de marteau-piqueur sur les panneaux de béton qui étaient autrefois le domicile des Rujubali, à La Butte. La scène s’est déroulée sous les yeux impuissants d’Azam, le père de famille, la sœur de ce dernier, son épouse, ses deux enfants qui ont atteint la majorité et en présence d’une vingtaine de policiers de la force régulière en uniforme. Pour des raisons de sécurité, peu avant la destruction de l’habitation, les agents avaient quadrillé le périmètre pour dévier le trafic et interdire l’accès aux membres de la presse, sur la zone où se déroulent les travaux.

La démolition est intervenue sans qu’aucun député de l’opposition ne soient présent. Contrairement à la dernière fois, aucun badaud n’a contesté la démolition de la maison. Le 1er septembre dernier, les lieux avaient été investis par les policiers, venus démolir la maison des Rujubali, provoquant une forte protestation. La juge Rita Teelock avait émis un ordre intérimaire pour suspendre la démolition du domicile des Rujubali. La famille avait également obtenu un sursis de l’État.

Cette fois-ci, toute la scène, qui a duré au moins cinq heures, s’est déroulée dans l’indifférence totale des habitants et des passants. Tout a été rasé, laissant un amas de béton.

Inquiétudes et attentes

Lydie Tamby, 93 ans.

Rencontrés à leurs domiciles, les autres habitants, n’ayant pas encore évacué les lieux, se disent inquiets. Ils campent sur leur position : « Nous ne bougerons pas aussi longtemps que nous ne serons pas indemnisés par les autorités. » Assise dans son fauteuil, Lydie Tamby (93 ans) va droit au but. La locataire explique que le maître des lieux « a vendu la maison avec le gouvernement » et qu’elle ne paie plus le loyer depuis quatre mois.  « J’ai entendu dire que je serai relogée. Mais où vais-je aller ? Mes enfants sont déjà dans des situations délicates et je ne partirai pas tant que je n’aurai pas une maison. Les autorités auraient dû employer une autre méthode et non agir de la sorte. Tout comme moi, il y a beaucoup de personnes pauvres qui seront délocalisées à cause du Metro Express. Je ne pourrai pas m’acquitter d’un loyer qui est plus élevé que celui que je paie », dit-elle. Le montant actuel du loyer est de Rs 900, selon la nonagénaire.

Nadège Benoît, une autre mère de famille de la région, semble être perdue dans ses pensées, malgré le bruit assourdissant des marteaux-piqueurs. « Nous allons bientôt vider les lieux car nous n’avons pas le choix. Mais où allons-nous partir ? D’ailleurs, le gouvernement ne nous a jusqu’ici pas indiqué le montant de notre compensation. D’où le fait que nous sommes toujours dans l’attente. »

Lindsay André, un autre habitant de la région qui ne sera pas délocalisé, sympathise avec ses voisins. « Kot inn arive-la, bizin ale. Pa kapav fer narnyen. Je suis déçu que ça tombe sur mes voisins. Mais ils n’ont pas le choix. En revanche, je suis d’avis que le gouvernement aurait dû indemniser les habitants avant de procéder à la délocalisation. »

La durée des travaux

Rencontré sur le site de démolition, le responsable de ces travaux déclare que ceux-ci seront complétés d’ici mardi. Il souligne qu’il y a presque huit habitations qui se trouvent sur le tracé. « Les travaux de démolition marchent à souhait. Il n’y a aucune résistance de la part des habitants de La Butte. Nous faisons de notre mieux pour compléter les travaux dans les meilleurs délais. »

La famille Rujubali plus forte que jamais

L’émotion était palpable pendant les minutes précédant la démolition du domicile des Rujubali. Azam, qui n’a pu contenir ses larmes, confie au Défi Quotidien que cet événement marquera la famille à jamais. « Ce processus de démolition nous affectera et nous rendra encore plus forts. Les responsables en sont les perdants. Ils ont perdu toute crédibilité et prouvent ainsi qu’ils n’ont aucun sens d’humanisme. »

Les bulldozers ont mis cinq heures pour raser la maison.
 

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