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Accès au cannabis thérapeutique : faut-il assouplir les règles?

Le traitement par le cannabis thérapeutique est un recours ultime utilisé lorsque les médicaments conventionnels n’ont pas donné les résultats escomptés, souligne le Dr Harrish Reesaul.

Lancé en septembre 2023 à l’hôpital Victoria, trois patients participent au  projet pilote de cannabis thérapeutique. Une révision des critères et un élargissement des pathologies concernées sont souhaités pour permettre un meilleur accès à ce traitement.

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L’expérimentation du cannabis thérapeutique a été lancée en septembre 2023 à l’hôpital Victoria. Toutefois, seuls trois patients en bénéficient actuellement. Pour le psychologue et addictologue Kunal Naïk, c’est parce que les critères d’admissibilité sont stricts et le nombre de pathologies concernées est restreint. Il plaide pour une révision du dispositif afin d’élargir l’accès à ce traitement.

Des critères restrictifs

Kunal Naïk estime que les conditions d’accès au cannabis thérapeutique sont trop contraignantes. Il fait observer que le médicament présentement utilisé ne contient pas de tétrahydrocannabinol (THC) et n’a donc pas d’effet psychoactif. « Il aurait pu être accessible en pharmacie », estime-t-il. Selon lui, le projet pilote présente plusieurs « erreurs » qui mériteraient d’être corrigées. Il regrette que ses recommandations, formulées avant le lancement du programme, n’aient pas été prises en compte.

Dans ses commentaires sur le rapport du comité technique, il a mis en avant l’existence de produits à base de cannabidiol (CBD) - crèmes, huiles et pilules - déjà en vente libre à l’étranger. Ces produits pourraient être proposés à certains patients, selon lui. Il plaide ainsi pour un modèle plus souple et évolutif, permettant un meilleur accès aux patients, ajoute-t-il.

Il critique également la lourdeur du processus pour avoir droit au traitement. « Les patients sont évalués par un comité et la prescription est limitée à quatorze jours. Cette durée pourrait être étendue à 30 jours, voire à six mois pour les médicaments non psychoactifs, car il n’y a pas de risque de dépendance », avance-t-il.

Projet pilote

Le Dr Harrish Reesaul, neurologue, affirme que seulement trois patients atteints de sclérose en plaques reçoivent actuellement de l’huile de cannabis dans le cadre du projet pilote. « Ce traitement est un recours ultime, utilisé lorsque les médicaments conventionnels n’ont pas donné les résultats escomptés », explique-t-il. Il précise que le cannabis thérapeutique ne guérit pas, mais peut aider à réduire la spasticité liée à la sclérose en plaques. Sur les trois patients traités, un seul ressent un soulagement. « Il faut du temps pour évaluer l’efficacité du traitement. »

Le Dr Reesaul reconnaît que certains critères sont peut-être trop stricts, mais il rappelle que le projet est en phase pilote. « Il est essentiel de mettre en place une structure bien huilée avant d’élargir le dispositif », précise-t-il.

Expansion du programme

Comme prévu, les autorités envisagent d’étendre progressivement le programme. Un Medical Cannabis Therapeutic Committee sera bientôt mis en place à l’hôpital national Sir Seewoosagur Ramgoolam (SSRNH) à Pamplemousses. D’autres comités devraient suivre dans les autres hôpitaux régionaux. « Ce service ne peut pas être centralisé dans un seul établissement, il doit être décentralisé », indique le Dr Reesaul, Regional Health Director au SSRNH.

Les pathologies concernées

Le cannabis thérapeutique est actuellement proposé pour les pathologies suivantes :
• Sclérose en plaques
• Crises d’épilepsie résistantes aux médicaments conventionnels
• Douleurs neurologiques si les analgésiques classiques sont inefficaces
• Vomissements et nausées liés aux traitements du cancer
• Cas sévères d’endométriose après échec des traitements et des interventions chirurgicales
• Certaines maladies auto-immunes, comme le lupus, affectant différents organes et systèmes
Avec les avancées du projet pilote et une révision des critères, l’accès au cannabis thérapeutique pourrait à terme profiter à un plus grand nombre de patients.

 

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