Prix Nicolas Lambert : la consécration du temps et de l’énergie

Prix Nicolas Lambert Les lauréats, au premier rang, posant en compagnie des membres du jury.

Le Prix Nicolas Lambert a récompensé cette année des reportages dans lesquels les journalistes primés se sont beaucoup investis personnellement. Ritvik Neerbun, de la MBC, est le grand gagnant, repartant avec trois prix, dont celui du meilleur journaliste 2017. Le Défi Media Group reçoit trois récompenses. 

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Le jury, présidé par l’ancien rédacteur en chef Gilbert Ahnee, a livré son verdict le samedi 17 février 2018 : c’est Ritvik Neerbun de la MBC qui décroche le prix Nicolas Lambert pour son documentaire « Pour un maillot  », sur la formation dans l’univers du football. Le concours, organisé tous les ans par le Media Trust, a aussi récompensé Eshan Dinally, Fernando Thomas, Reshmee Bheemuck et Ronnie Antoine du Défi Media Group et Nathalie Didier de la MBC. Parmi les journalistes récompensés, certains affichent de longues années d’expérience dans le paysage de la presse mauricienne, d’autres à peine quelques mois. Mais ce qui caractérise le travail de celui qui a décroché la plus haute distinction du concours, c’est le temps investi pour produire de la qualité.

Le grand bonhomme de la soirée de samedi, Ritvik Neebun, fait partie de ceux qui ont de longues années de métier. Celui qui est ressorti de la cérémonie avec trois prix sous les bras a démarré sa carrière de journaliste en février 89 à 5-Plus, où Finlay Salesse et Georges Chung le recrutent. Il y passe trois ans avant de poser ses valises à la MBC en 1991. « À la MBC, j’ai eu un parcours atypique pour diverses raisons, explique le lauréat du prix Nicolas Lambert 2017, par un concours de circonstances, j’ai travaillé à la fois à la rédaction et à la production. » Il est alors amené à réaliser diverses émissions et des documentaires et il réalisera que ses aptitudes sont sans doute mieux adaptées à la production.

Nouvelle génération

Ses années passées à la production n’ont pas appris la langue de bois à Ritvik Neerbun.  Ses trois prix sont une surprise pour lui et une satisfaction aussi, vu les circonstances dans lesquelles il réalise ses sujets : « Si Pour un maillot a touché, c’est que cela raconte les Mauriciens. C’est rassurant que ce ne soit pas que les scoops et les scandales qui soient à l’honneur. Je suis très content. » Pour ce reportage auquel personne ne l’a assigné, il a utilisé sa propre caméra, la MBC ne pouvant pas, ou ne voulant pas, mettre plus de ressources sur ce genre de sujets. C’est seul qu’il a suivi la formation des jeunes pendant huit mois. «  C’est à la MBC de réaliser qu’en libérant son personnel, on peut avoir des résultats magnifiques », conseille-t-il.

Le genre journalistique qui réclame sans doute le plus long temps de travail, c’est l’investigation. Domaine dans lequel Ehshan Dinally et Fernando Thomas ont été récompensés. Ehshan Dinally va passer le cap des 31 ans dans la presse cette année et est responsable des publications Le Dimanche/L’Hebdo, Star et News on Sunday. Il a démarré sa carrière à Le Dimanche, avec un bref saut à L’Express avant d’atterrir au groupe Défi en 2004. Au départ un touche à tout, c’est là qu’il se découvre une vocation de journaliste d’investigation. « Le Défi a été un tournant pour moi, raconte-t-il, quand je suis arrivé, je ne savais rien sur les enquêtes et c’est là qu’éclate l’affaire Deelchand. J’ai appris à faire des enquêtes à l’école d’Ehshan Kodarbux. C’était lui qui était en charge de tous les briefings et a fait mon apprentissage.  »

Cet apprentissage, c’est Ehshan Dinally qui se charge de le faire à son tour pour la nouvelle génération de journalistes, comme avec Fernando Thomas, avec lequel il a co-signé son enquête sur le trafic de psychotropes. « J’ai démarré en 2010 à Samedi Plus avant de rejoindre Le Défi en 2011, raconte Fernando, je m’occupais surtout des pages magazines et de la culture. C’est à partir de l’année dernière vraiment que Dinally m’a pris sous son aile en réalisant ma capacité à faire de l’investigation. » Ce qui a toutefois permis d’aboutir à l’article sur les psychotropes, c’est encore Ehshan Dinally qui le décrit le mieux: « La rigueur, la détermination et, comme tous les journalistes, on ne s’occupe pas du nombre d’heures passées au travail. »

Chez Ronnie Antoine, primé pour un article sur le business des chaînes de fast food à Maurice, on retrouve ce même souci du temps consacré à un sujet journalistique. Il raconte pourquoi avoir choisi cet article à soumettre au jury : « Quand on travaille dans un quotidien, on a rarement le temps d’aller au fond des choses, pris dans l’engrenage des breaking news. Or, pour ce papier, j’avais justement pu prendre plusieurs jours, ce qui m’a permis de soumettre un travail plus complet et riche. » Comme ses collègues Fernando Thomas et Ehshan Dinally, à ses débuts Ronnie Antoine a touché à plusieurs secteurs depuis qu’il a intégré la profession en 2009, démarrant à L’Hebdo et touchant aux sujets magazines, avant de passer à l’actualité générale. Après un passage de quatre ans à L’Express, il revient au Défi Media Group en 2015, où il continue de traiter des sujets d’actualité.

Lien direct avec les citoyens

La journaliste lauréate a un parcours différent de ses collègues primés. Nathalie Didier n’a jamais travaillé dans la presse écrite et a passé le plus clair de ses 20 ans de carrière à la MBC et à la radio. «  J’ai commencé tout petit comme radio announcer en lisant les communiqués et au fil du temps, j’ai beaucoup travaillé, raconte-t-elle, j’ai toujours fait des émissions sur la femme et c’était un challenge de traiter de la santé. Je ne savais pas trop où je mettais les pieds quand on a commencé. Mais faire des micro-trottoirs m’a permis de réaliser qu’il y avait beaucoup de souffrance dans les hôpitaux. » Un lien direct avec les préoccupations et la vie des citoyens ordinaires que prône aussi son collègue Ritvik Neerbun. Ce que la MBC ne ferait pas suffisamment, selon ce dernier.

La lauréate du prix de la meilleure photo de presse, Reshmee Bheemuck, illustre cependant une autre des qualités de la presse : la faculté de capturer l’instant. C’est presque par accident qu’elle parvient à prendre la photo du moment où les forces de l’ordre tentent de démolir la maison des Rujubally sur le tracé du Metro Express. Un accident qu’elle a su provoquer : «  J’essayais de me faufiler dans la foule pour capturer l’image des policiers qui voulaient faire sortir les filles Rujubally de force, mais j’ai été bousculée et je suis tombée. Je me suis mise à saigner de la main et les policiers m’ont conseillée de rester assise pour ne pas risquer d’être écrasée. C’est là que j’ai vu cet officier avec sa grosse massue… » Et, assise, à même le sol, elle immortalise l’instant. Reshmee Bheemuck est la benjamine des lauréats 2017, ayant moins d’un an d’expérience dans la presse. Elle a intégré Le Défi Media Group en 2017 et a passé du temps dans plusieurs sections avant d’intégrer l’équipe multimédia.

Le palmarès du Prix Nicolas Lambert 2017

  • Prix Nicolas Lambert et meilleure production multimédia : Ritvik Neerbun (MBC) - Pour un maillot
  • Meilleur article d’investigation de la presse écrite : Eshan Dinally et Fernando Thomas (Défi Media Group) - Psychotropes: quand des pharmacies alimentent le trafic
  • Meilleure production radiophonique: Nathalie Marie Didier (MBC) - Morisien konn ou la sante
  • Meilleur article de la presse écrite: Ronnie Antoine (Défi Media Group) - Fast food business : Rs 1,9 milliard de chiffre d’affaires pour quatre géants
  • Meilleure photo de presse: Reshmee Varma Bheemuck (Défi Media Group) - Protests derail Metro Express
  • Prix égalité des genres : Ritvik Neerbun (MBC) - La diplomatie sportive
 

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