À l’approche de la forte tempête tropicale Belal, les Mauriciens ont, selon leurs habitudes bien ancrées, manifesté un empressement à se rendre massivement aux supermarchés afin de s’approvisionner de la meilleure manière possible. Dès leur ouverture, les enseignes ont accueilli des foules importantes.
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Samedi matin, 13 janvier. La météo est relativement clémente. L’occasion pour de nombreux Mauriciens d’envahir les rayons des supermarchés. Cet afflux massif a été observé dès l’ouverture des portes, témoignant d’une urgence commune face à la menace imminente de Belal. Les différentes enseignes de supermarchés ont été prises d’assaut, créant une ambiance particulière dans ces espaces où les gens se hâtaient de remplir leurs chariots.
Certains, à l’instar d’Ajitesh Seebcharan, rencontré dans les allées d’un supermarché de Curepipe, ont partagé leurs impressions sur cette ruée pré-cyclonique. « C’est une habitude pour nous de nous préparer de cette manière lorsqu’une tempête s’approche. Cela nous donne une tranquillité d’esprit de savoir qu’on ne manquera de rien pendant le passage cyclonique », déclare-t-il.
La tendance d’achat observée chez de nombreuses familles se concentre principalement sur les denrées non périssables et les articles essentiels. Certains supermarchés ont rapidement vu leurs rayons vidés de produits spécifiques, comme le relate Yusuf Sambon, directeur des supermarchés Lolo. À son arrivée à Valentina, il a constaté de longues files d’attente aux caisses, notant que les Mauriciens se sont particulièrement dirigés vers les légumes, le pain et le poulet. À 16 heures samedi, il n’y avait plus de légumes frais disponibles sur les rayons, confie-t-il.
S’agit-il d’un comportement d’achat impulsif, similaire à celui observé lors du confinement lié à la pandémie de Covid-19 ? À cette question, Yusuf Sambon répond que la situation n’est pas comparable. « Pendant le confinement, les Mauriciens ressentaient l’angoisse de ne pas avoir accès à certains produits, mais la situation actuelle est différente. L’atmosphère est plus familiale, les parents veulent s’assurer de ne manquer de rien chez eux. » Il évoque une ambiance folklorique typiquement mauricienne, où les familles se réunissent probablement pour quelques jours et souhaitent profiter de l’occasion pour partager des repas en famille.
De nombreux pères et mères de famille se sont assurés d’avoir au moins un sachet de farine dans leur caddie. Chez la famille Seebcharan, Ajitesh partage avec enthousiasme que le traditionnel « farata curry poisson » ne manquera pas au menu pendant le cyclone. « On ne peut imaginer un cyclone sans un bon farata. Mon épouse et moi nous mettons aux fourneaux. Je m’occupe du curry de poisson et elle du farata », précise-t-il.
Tout cela témoigne, en tout cas, de l’attachement aux traditions culinaires, même en temps de préparation cyclonique. Les familles se rassemblent autour de plats réconfortants, ajoutant une dimension chaleureuse à la période d’anticipation de la forte tempête tropicale Belal.
Ignace Lam, directeur d’Intermart, souligne avoir observé une frénésie d’achats dès le vendredi 12 janvier, même avant la première alerte cyclonique à Maurice. « De nombreux Mauriciens se sont dirigés vers nos différents supermarchés à travers le pays pour être le mieux préparés possible. Il y a eu, bien entendu, beaucoup d’achats d’aliments, mais également de piles et de bougies », partage-t-il.
Tout comme Yusuf Sambon, Ignace Lam refuse de parler de panic buying et préfère évoquer le terme de responsible buying. « Les consommateurs ont été informés de l’intensité du cyclone et sont conscients des risques potentiels de fermeture des supermarchés et autres commerces pendant plusieurs jours. Ainsi, ils souhaitent s’assurer d’être bien équipés chez eux. »
Malgré la précipitation massive des Mauriciens dans les supermarchés, aucune véritable pénurie n’a été observée. Certes, de nombreux citoyens ont dû patienter de longues minutes pour obtenir du pain, mais tous ont finalement pu s’approvisionner.
Les boulangeries opérant à l’intérieur des supermarchés ont été particulièrement sollicitées, ce samedi 13 janvier. À chaque fois qu’une fournée de pains était prête, elle disparaissait en l’espace de cinq minutes. Une cadence soutenue qui a incité les boulangers à augmenter la production de pains pour répondre à la demande.
Kevin Gerald, boulanger dans l’un des supermarchés du nord du pays, partage son expérience : « En temps cyclonique, c’est souvent ainsi. On sait que la production de pains doit être largement supérieure à ce que l’on produit quotidiennement. Il y a plus de pression, mais c’est comme cela en temps cyclonique. »
La gestion de l’appro-visionnement en temps cyclonique reste un défi, mais l’expérience partagée par Kevin Gerald met en lumière la compréhension préalable des exigences cycloniques et la mise en place de mesures pour garantir que l’abondance soit maîtrisée malgré les circonstances.
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