Pravind Jugnauth : «Heritage City ne fera pas baisser l’estimation de croissance»

Selon le ministre des Finances, le fait que le projet Heritage City ait été mis au placard n’entraînera aucune baisse des projections de croissance pour 2016-17.

Il dit que l’argent sera canalisé vers d’autres projets. Pravind Jugnauth intervenait dans une conférence de presse, mercredi, à Port-Louis. Il a aussi fait le point sur les mesures budgétaires.

Un comité ministériel et trois groupes de travail pour le Budget

Le Budget 2016-17 et ses annexes contiennent 383 mesures. La moitié a déjà force de loi avec le vote du Finance Bill le 31 août. Beaucoup sont déjà en vigueur parce que ces mesures ont trait à la fiscalité, l’incitation à l’investissement et la facilitation des affaires.

« Le travail a déjà commencé (…) Tous les ministères ont obtenu les fonds. Ils ont déjà la possibilité de démarrer les projets qui ont déjà été annoncés et de mettre en pratique les mesures sociales », a indiqué Pravind Jugnauth.

Afin d’effectuer un suivi continu de la concrétisation des mesures, un comité ministériel et trois groupes de travail ont été créés. Le comité ministériel, présidé par Pravind Jugnauth, comprendra dix autres ministres et se réunira le 20 septembre. Cette instance aura pour attribution de passer en revue le progrès accompli par les trois comités de travail.

Elle aura, à sa charge, la réforme dans le secteur public, la stabilité macro-économique et les finances publiques.  Selon Pravind Jugnauth, le premier comité sera placé sous la tutelle du ministre de l’Agro-industrie, Mahen Seeruttun, et se consacrera aux cinq premières stratégies énoncées dans le Budget 2016-17 et ayant trait aux secteurs économiques.

Le deuxième, sous la présidence du ministre Nando Bodha, supervisera les avancées des projets d’infrastructures. Quant au comité de travail, chargé de la question de la qualité de la vie et de la lutte contre la pauvreté, il sera mené par la ministre de l’Éducation Leela Devi Dookun-Luchoomun.

« Les Rs 2,7 milliards pour d’autres projets »

«Non. La croissance ne reculera pas. L’argent (un montant de Rs 2,7 milliards) est toujours là (…) Heritage City n’existe plus. Nous ne pouvions pas garder l’argent dans le Budget sans aucune description (…) Nous l’avons attribué au projet Metro Express. Nous disposons d’une certaine flexibilité quant à son utilisation (voir hors-texte) », a affirmé le Grand argentier. La croissance pour l’année fiscale en cours est de 4,1 %. L’année dernière, l’expansion économique a été de 3,4 %. La réponse de Pravind Jugnauth est intervenue à l’issue d’une interpellation sur la décision de ne pas réaliser le projet une semaine après que Heritage City a été mentionné dans le Budget 2016-17.

Ces Rs 2,7 milliards font partie d’une enveloppe d’aide financière « exceptionnelle » de quelque Rs 12,7 milliards (USD 353 millions) obtenue de l’Inde sur les quatre prochaines années. Un montant de Rs 7,2 milliards a été budgété dans un premier temps pour financer en partie le projet Metro Express. En deuxième position, il y a les Rs 2,7 milliards pour la construction d’une nouvelle Assemblée nationale et les bureaux du gouvernement sous l’enseigne Heritage City.

« Définitivement. Le projet aurait apporté un plus à la croissance. Je ne peux le nier. Nous avons décidé de ne pas aller de l’avant (avec Heritage City ; NdlR). Mais la question n’est pas qu’on n’utilisera point l’argent que le projet représente en termes de financement », a-t-il ajouté. « C’est à nous de voir, en cours de route, dans quels autres projets on pourra utiliser ce financement. »

Sur le plan de la croissance, le pays reste sous l’influence des facteurs externes, comme le ralentissement de l’économie mondiale et l’impact du Brexit sur nos relations futures avec la Grande-Bretagne. Ce pays, qui a décidé de quitter l’Union européenne, est le principal marché pour les exportations mauriciennes. Est-ce que l’estimation de croissance de 4,1 % a englobé l’impact de ces facteurs ?

« Nous avons tenu compte de ces aspects de même que les mesures budgétaires. Je pense qu’on peut arriver à 4,1 %. Maintenant, s’il y a des imprévus au niveau mondial que ne nous n’avons pu prendre en considération et qui auront un impact sur l’économie, c’est sûr que nous serons affectés », a fait ressortir Pravind Jugnauth, qui avait, à ses côtés, son conseiller principal Gérard Sanspeur et le Secrétaire financier Dev Manraj. « La clé c’est dans l’implémentation. (…) Nous devons mettre beaucoup d’accent sur cet aspect. Si nous réussissons à mettre en pratique tout ce que nous avons dit, nous pensons que nous atteindrons une très bonne croissance. »

Bhadain vs Sanspeur : « Aucun froid »

Pravind Jugnauth s’est expliqué sur ses relations avec Roshi Bhadain, ministre des Services financiers, après la déposition faite contre Gérard Sanspeur. « Le plus important c’est qu’entre mon collègue ministre et moi, il n’y a pas de froid. (…) Nous nous sommes mis à la tâche. Nous avons voté un budget.

Le Budget a été bien accueilli. Nous travaillons ensemble. Car il y a beaucoup de mesures dans le secteur financier qui ont été annoncées. (…) Nous sommes là pour travailler. C’est ma priorité. Dans tout gouvernement, il se peut qu’il y ait des frictions à gauche et à droite. Mais je ne me permettrais pas que mon attention soit détournée par des frictions (…) Ma priorité, je le redis, c’est de me concentrer sur le travail. C’est non seulement la mienne, mais aussi celle de tous les ministres. »

L’Inde, première mission officielle du Grand argentier

Pour sa première mission officielle en tant que ministre des Finances et du Développement économique, Pravind Jugnauth se rendra en Inde la semaine prochaine. Bien qu’aucune précision ne soit disponible, il a, néanmoins, levé le voile sur ces dossiers importants dont il discutera avec les autorités indiennes.

Un item à l’agenda sera une flexibilité dans l’utilisation des Rs 12,7 milliards. « L’Inde a souhaité que je vienne pour des discussions et cette question sera soulevée », a-t-il dit. Lors de sa visite, il incomberait aussi au Grand argentier de promouvoir la destination mauricienne auprès des investisseurs indiens.