Les consommateurs devront profiter des retombées de l’étude initiée par la Competition Commission sur le secteur de la construction. Tel est l’avis des organisations de consommateurs qui ont, depuis longtemps, mis en exergue la possibilité de pratiques anticoncurrentielles avec la prévalence d’une concentration verticale impliquant plusieurs opérateurs dans ce domaine.
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La Consumer Advocacy Platform (CAP) compte s’entretenir avec les enquêteurs de la Competition Commission of Mauritius (CCM) sur ce dossier dans les jours à venir. La CAP est concernée par la concentration verticale qui domine ce marché. De plus, l’organisation pour la plaidoirie en faveur des consommateurs estime que les clients qui commanditent du béton prêt à l’emploi ne sont pas suffisamment couverts par des garanties, une situation qui découle, selon elle, de l’emprise de certains opérateurs sur la vente de différents matériaux de construction.
Le marché du ciment est caractérisé, selon la CAP, par une concentration verticale, les producteurs de béton prêt à l’emploi détenant des parts importantes au sein de chacune des sociétés importatrices. De plus, de nombreux opérateurs sont aussi présents dans la fabrication et la commercialisation de divers matériaux de construction, tels que les blocs, les agrégats et le rocksand, substitut au sable. Cette concentration verticale a, selon des observateurs, largement influé sur le marché, en particulier sur le grade de ciment mis en vente.
À ce sujet, une première enquête de la CCM sur le marché du ciment avait déploré le gaspillage important de ciment à Maurice. Ce gaspillage découlait, d’une part, de l’utilisation abusive de ciment par certains ouvriers du secteur, et d’autre part, par l’imposition d’un grade supérieur pour tous les travaux de construction, entraînant ainsi un coût additionnel à la construction.
Il faut souligner que parmi les éléments sur lesquels se focalisera l’étude de la CCM, se trouve le « degree of concentration and vertical linkages. »
Pour en revenir donc à la concentration verticale, elle ne concerne pas que l’approvisionnement en béton prêt à l’emploi. La Commission devrait aussi, selon la CAP, s’intéresser au fait que les opérateurs qui fournissent ce produit sont aussi fabricants des agrégats et autres matériaux entrant dans sa fabrication. Que ce soit Gamma, UBP, Betonix, ou Eastern Stone Crusher, ils sont tous aussi fabricants et revendeurs de tels matériaux. Au vu du marché restreint, une telle pratique ne devrait pas être considérée comme anticoncurrentielle. Toutefois, la capacité de ces grands opérateurs d’influer sur l’achat du béton pourrait intéresser la CCM.
Soulignons enfin que cette étude se situe dans le cadre de la participation de la CCM dans une étude de l’industrie de la construction initiée par le Forum Africain de la Concurrence qui couvrira l’Afrique du Sud, le Swaziland, le Kenya, la Namibie, le Malawi, la Gambie et le Gabon.
Béton prêt à l’emploi : quelles garanties ?
Enfin la lumière au bout du tunnel pour des consommateurs du béton prêt à l’emploi commandité auprès de fabricants, qui assurent aussi le coulage de la dalle. L’étude de la CCM sur le secteur de la construction (voir plus loin) devra apporter de nouveaux éléments quant à la qualité de ce produit, les normes se trouvant parmi les critères qui retiennent l’attention des enquêteurs.
L’affirmation de Premix, cité par la CCM dans son premier rapport sur l’étude du marché du ciment, selon laquelle les normes internationales pour le béton ne peuvent être respectées à cause du multi-sourcing du ciment, devra retenir encore une fois l’attention de la CCM. Selon Premix, cité dans le rapport de la CCM, « the 42.5N grade has different chemical properties when imported from different countries. » Ceci serait-il une explication aux plaintes relatives aux nombreuses dalles qui suintent et qui ne sont pas entretenues par les opérateurs ?
Selon des professionnels du bâtiment, le manque d’information des consom-mateurs permet à certains opérateurs d’imposer leurs conditions, en cas de plainte sur la qualité de la dalle. Il faut souligner que la plupart des dalles requièrent du béton de grade 25, comme exigé par les ingénieurs. Or, le client ne dispose d’aucun moyen pour savoir si la dalle posée sur sa maison est conforme. Le consommateur est habitué au fait que l’opérateur prélève quelques échantillons de béton en vue de tests de compression. Les résultats des tests de compression ne lui sont jamais communiqués. Et pour cause, il n’est pas dans l’intérêt de l’opérateur, qui est à la fois juge et partie, de le faire.
Il faut aussi savoir que le client a droit à d’autres informations telles que le ratio eau-ciment dans le béton. Selon un Quantity Surveyor, ceci doit se situer entre 0,45 et 0,5. Or, cette information n’est jamais communiquée au client. Qu’en est-il du Slump test, déterminant la fluidité du béton ? Est-il en conformité avec les normes requises ? Nul ne peut répondre à cette question car de tels tests ne sont jamais effectués sur le chantier.
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