Le ministre des Arts et de la Culture veut révolutionner le secteur. Il annonce, entre autres, l’utilisation des infrastructures sportives au profit des artistes. Il proposera aussi une nouvelle loi sur le piratage.
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Comment vivez-vous le passage au ministère des Arts et de la Culture ? Un nouvel univers pour vous…
C’est évidemment un nouvel univers avec de nouveaux défis à relever. Ce sont deux vastes domaines mais bien ancrés dans notre quotidien. Au ministère, on a la responsabilité de promouvoir et d’amener l’art et la culture au plus près des citoyens en éveillant leur intérêt et en rompant les cloisonnements sociaux. Comme je l’ai mentionné lors de mon intervention au Parlement sur le Budget, nos différentes cultures ne doivent pas être des murs qui séparent mais des ponts qui unissent.
Vous écoutez de la musique ? Quel est votre chanteur préféré ?
Pour moi, la musique est une source d’inspiration profonde. Elle fait partie de ma vie et de mon quotidien. Des chanteurs préférés, j’en ai plusieurs car d’habitude je ne me limite pas à un seul genre de musique. Qu’elle soit celle de Kaya, de Mr Love ou de Jagjit Singh !
Pensez-vous que le Budget a fait la part belle à votre ministère et, si oui, comment ?
Nous devons tous reconnaître la considération du Premier ministre (PM) et ministre des Finances pour optimiser le potentiel du secteur créatif et mieux intégrer les artistes dans le développement économique global. D’ailleurs, jamais auparavant un PM n’avait appelé les artistes pour des consultations pré-budgétaires. De plus, les mesures annoncées dans le Budget ont été bien accueillies par la communauté des artistes.
Au moins une dizaine de mesures ont été annoncées pour booster et redonner un nouveau souffle à ce secteur. Rs 50 millions seront allouées à travers le National Arts Fund pour financer les activités des artistes, dont des concerts, des expositions et d’autres moyens de commercialiser leurs œuvres.
Un Palais des Arts et de la Culture verra le jour à Côte-d’Or et une médiathèque sera mise en place pour sauvegarder notre patrimoine musical traditionnel. Une cérémonie nationale annuelle de remise de prix va être organisée pour reconnaître les artistes locaux qui se sont distingués par leurs réalisations. Par ailleurs, les artistes mauriciens seront rémunérés pour leurs performances présentées à la télévision nationale afin de les encourager à partager leur travail et leurs talents à une échelle nationale. Nous aurons aussi un Village artistique à Batterie de l’Harmonie. Ce sont, là, quelques-unes des mesures qui ont été accueillies favorablement par les artistes.
Parlez-nous du projet de Palais des Arts. Comment aidera-t-il les artistes ?
Les artistes déplorent souvent un manque d’espaces publics d’expression artistique et d’infrastructures pour se faire connaître et produire leurs œuvres. Toutefois, la communauté des artistes doit reconnaître que le ministre des Finances n’a pas été insensible à leurs demandes. Outre les espaces qui leur seront dédiés à Batterie de l’Harmonie, à l’Art Zone ou encore à La Citadelle, comme annoncé dans le Budget, nous souhaitons aussi mettre des infrastructures existantes au profit des artistes.
Nous allons développer une nouvelle stratégie pour optimiser l’utilisation des infrastructures déjà en place. En ce sens, nous avons effectué un inventaire des espaces disponibles. J’ai eu une rencontre avec les différentes collectivités locales et le ministère des Sports avec lesquels nous allons démarrer un projet en commun pour voir comment les infrastructures sportives pourraient être mises à la disposition des artistes.
Là, je parle des artistes de diverses disciplines, dont des peintres, sculpteurs et autres. Nous travaillerons également en collaboration avec les différentes institutions comme le Mahatma Gandhi Institute, entre autres.
Le stade musical, tant rêvé par les artistes, deviendra une réalité. Lors de mon intervention à l’Assemblée nationale j’ai annoncé que le complexe sportif de Côte-d’Or sera une enceinte multifonctionnelle conçue pour accueillir une programmation diversifiée tant sportive qu’artistique. Elle pourra facilement se métamorphoser pour accueillir des concerts, festivals et bien d’autres spectacles avec les technologies de pointe, tout en accommodant 2 000 à 5 000 personnes. Le budget comprend aussi les rénovations du théâtre de Plaza et de la salle des fêtes de la municipalité de Curepipe.
Par rapport à la fermeture d’une partie de la montagne du Morne, où en est le projet ?
Il faut souligner que l’accès au sommet de la montagne du Morne a été fermé essentiellement pour des raisons de sécurité. En novembre 2016, Le Morne Heritage Trust Fund avait fait une requête pour un Risk Management Assessment qui a jugé que l’escalade de la montagne est dangereuse.
A ce jour, le portail qui avait été arraché par des randonneurs a été remplacé. Le lieu a été clôturé et un tableau d’affichage a été installé pour décourager les personnes à grimper jusqu’au sommet. En ce qui concerne la gestion de cette partie de la montagne, nous envisageons de lancer une expression of interest.
Est-ce qu’une partie des terres, dans la zone tampon du Morne, a été partitionnée et développée ?
Uniquement pour l’accès.
Le piratage se fait au grand jour chez nous. Avez-vous un plan pour le combattre ?
Le piratage ne date pas d’hier et on ne pourra le combattre du jour au lendemain. il faut une culture anti-piratage. Copier c’est facile, mais créer c’est différent. Avec les amendements apportés à la Copyright Act de 2014, que nous présenterons prochainement à l’Assemblée nationale, nous souhaitons mettre un frein à ce problème. Cette loi prévoit de nouvelles limitations à la violation des droits d’auteur et la sanctionne plus sévèrement.
Dorénavant, ce ne sera pas uniquement ceux qui publient, distribuent, vendent ou reproduisent une œuvre sans l’autorisation écrite du titulaire du droit ou de la société, qui seront en infraction, mais aussi ceux ayant en leur possession une copie d’un ouvrage.
Les plans précédents semblent ne pas fonctionner. Comment s’assurer que le vôtre soit efficace ?
Vous aurez certainement remarqué qu’il y a une réelle volonté de ce gouvernement pour reconnaître et valoriser le travail des artistes. Le changement, c’est dans la mentalité.
Parlez-nous de votre prédécesseur. Que vous a-t-il laissé comme héritage ?
Il y a un proverbe qui dit « montre ce que tu peut faire en le faisant toi-même, produis au lieu de critiquer ». Donc je préfère m’abstenir de juger ce que j’ai hérité…
Des pédagogues disent que Maurice est une société éduquée mais pas cultivée. La faute à qui ?
C’est la faute au système éducatif trop académique et élitiste qui a n’a que trop duré. D’où cette refonte complète qu’apporte en ce moment le ministère de l’Education. On a eu l’habitude d’apprendre davantage dans le but d’obtenir un diplôme que pour développer un esprit critique, créatif et innovateur qui est essentiel au progrès d’une société. Il était vraiment temps de revoir le programme scolaire que ce soit en primaire ou au secondaire.
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