La Coupe du Monde de football peut parfois être une source d’inspiration insoupçonnée, dont celle qui a conduit le chanteur-compositeur Ajit Ramtahal à mettre en mots et en musique les prouesses des anciennes gloires des stades de Maurice et les légendes internationales. Après deux premiers CD, il signe son retour avec une nouvelle galette intitulée « Football mo passion ».
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Il faut vraiment aimer le foot et ses stars pour qu’ils fassent l’objet d’un CD, au moment bien choisi qu’est la Coupe du Monde. Comment leur rendre un véritable hommage populaire autrement que par la chanson… Les noms ne manquent pas à Ajit Ramtahal pour rappeler qu’il fut un temps que leur seule présence soulevait les passions et les pulsions sur les gradins de nos stades, ces amphithéâtres chargés d’émotion comme au temps de la Rome antique. Mais de mise à mort, il n’en fut point.
Mamade Elahee, Danny Imbert, Ashok Chundunsing, Reshad Mungly, entre autres, sont quelques-uns des héros qui peuplent le morceau qui donne son nom au titre de l’album et dont les exploits rappellent l’âge d’or du foot mauricien. Mais Ajit ne s’arrête pas au foot, il décline d’autres thématiques qui constituent, en quelque sorte, sa profession de foi : dont le romantisme à fleur de peau avec ‘Mona Darling', la cause canine avec ‘Les Larmes d’un chien’ ou encore l’engagement contre l’avortement avec 'Le droit de vivre'.
Mike Brant et Fréderic François
Cette sensibilité ‘fleur bleue’, il la porte en lui depuis tout petit lorsque son père égrenait les morceaux de Tino Rossi "lorsqu’il buvait un verre de trop", se souvient-il. Sur les accents du Corse le plus célèbre au monde, viennent se greffer quelques tubes de Mireille Mathieu, mais le déclic intervient dans les années 70 à l’écoute de Mike Brant et de Fréderic François, les deux plus grosses influences musicales populaires à l’époque, jusqu’à susciter sa vocation artistique. « Là, j’ai voulu écrire et chanter », explique-t-il. Mais, à un romantisme parfois à l’eau de rose, le Mauricien va plaquer ‘le parcours de sa vie, les incidents, les moments difficiles et surtout la solitude », car ces années-là sont aussi marquées par le chômage, les périodes de lutte syndicale et politique, l’espoir de jours meilleurs.
Ajit Ramtahal est quelque part le produit de cette période où les jeunes croyaient encore au grand amour, pur et fait de petites choses, aux promesses d’une vie familiale cimentée par la fidélité face aux défis de tous genres. C’est pour cela que ses compositions veulent célébrer la vie et l’espoir. Pour rester dans ce registre, il puise encore dans le répertoire de ses idoles des seventies mais aussi en cherchant du côté de Joe Dassin ou de Gilbert Bécaud et, plus près de nous, de Pascal Obispo. « J’attache beaucoup d’importance aux paroles, fait-il valoir. Il doit y avoir une leçon à tirer. ‘Un Homme’, ‘Les Larmes d’un chien’ ou encore ‘Le Droit de naitre’ en sont des preuves. »
Que ce soit en créole ou en français, les dix titres de l’album participent à l’acte de foi de l’artiste qui vient démontrer la vitalité et la diversité de la scène musicale mauricienne. Cette diversité s’exprime surtout par des textes qui échappent au simplisme dans lequel versent certains artistes au nom d’un sega ‘ambiance’ qui, sans doute, a son audience.
Mais Ajit Ramtahal, refuse cette voie et ses textes portent l’empreinte d’une certaine réflexion d’ordre général lorsqu’il proclame, par exemple, son ‘mauricianisme’, ou met en garde contre les dérives auxquels nous conduisent l’addiction à la technologie. On l’aura donc compris : notre ami inscrit dans la tradition des auteurs à texte, à la manière des frères Joganah ou d’un Menwar, chacun dans son registre particulier tout en restant fidèle aux sonorités locales, sans besoin d’emprunter aux rythmes des Caraïbes pour se faire valoir.
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