La cible politique principale du Mouvement socialiste militant ces dernières semaines semble être Richard Duval. Celui qui a longtemps évolué dans l’ombre de son frère Xavier-Luc Duval est, pour la première fois, propulsé sur le devant de la scène politique.
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Alors que tout laissait penser que Navin Ramgoolam, principal rival de Pravind Jugnauth pour le poste de Premier ministre, était la cible privilégiée du Mouvement socialiste militant (MSM), le parti a orienté son offensive vers quelqu’un d’autre. Ces dernières semaines, Richard Duval est devenu le nouvel homme à abattre pour le gouvernement.
Pendant deux semaines consécutives, le co-dirigeant de Nouveaux Démocrates (ND) a été visé lors des séances de Prime Minister’s Question Time (PMQT) par Ashley Ittoo, député de la circonscription n°16 (Vacoas/Floréal). Durant l’une des PMQT, Pravind Jugnauth a abordé le cas de Cindy Legallant, la diététicienne condamnée pour importation de Subutex après son arrestation en 2008. Les vingt minutes consacrées à l’affaire, visiblement dans le but de mettre en lumière la présumée relation entre Richard Duval et Cindy Legallant, ont clairement démontré la volonté du gouvernement à mettre le député dans l’embarras.
Une semaine plus tard, c’est encore Ashley Ittoo qui a interpellé Pravind Jugnauth sur les interventions de Richard Duval auprès du State Lounge pour demander de faciliter l’accès de « la terrasse » à Cindy Legallant. Une situation qui a même poussé le Premier ministre à fredonner le sega « Cousin Cousine » au sein de l’hémicycle, histoire de souligner davantage la supposée proximité entre Richard Duval et Cindy Legallant.
Financial Crimes Commission
Autre point notable : si on s’attendait à ce que Navin Ramgoolam soit le premier politicien ciblé par des investigations de la toute nouvelle Financial Crimes Commission (FCC), c’est finalement Richard Duval qui a été le premier membre de l’opposition à faire l’objet d’une enquête préliminaire de cette institution. Ce qui prouve, une fois de plus, à quel point l’attention est braquée sur lui.
La grande question est désormais de savoir ce qui justifie tout cet acharnement à son égard de la part du gouvernement et des institutions gouvernementales, comme la FCC. Depuis son entrée en politique, Richard Duval a toujours été considéré comme un second couteau, vivant dans l’ombre de son frère, Xavier-Luc Duval, leader du Parti mauricien social-démocrate (PMSD).
Plusieurs observateurs et collaborateurs de Richard Duval sont d’avis qu’il a franchi un nouveau cap politique lorsqu’il a décidé de se séparer du PMSD pour faire équipe avec le Parti travailliste (PTr) et le Mouvement militant mauricien (MMM). Ses proches affirment qu’il a été l’un des premiers, si ce n’est le tout premier, au sein du PMSD à alerter plusieurs membres sur un éventuel rapprochement entre les bleus et le MSM.
Les munitions contre Richard Duval sont là. Rien n’a été inventé. Nous sommes en campagne électorale et il faut attaquer.»
Bien que cette éventualité ait perpétuellement été démentie par Xavier-Luc Duval et qu’elle continue encore de l’être, Richard Duval reste convaincu qu’une alliance entre le MSM et le PMSD se concrétisera tôt ou tard. « Il a toujours été clair sur le sujet : hors de question de travailler avec le MSM. Il a toujours dit que ce serait un suicide politique », confie un de ses collaborateurs.
Nouvelle dynamique
Selon cette même source, c’est Richard Duval qui a catégoriquement refusé de s’associer, de près ou de loin, au MSM. Cela aurait ainsi contribué à créer une nouvelle dynamique autour de lui et à susciter un intérêt accru pour sa personne. D’autres sources soulignent que cette décision de Richard Duval a été bien accueillie au sein du PMSD, ce qui a conduit plusieurs membres à quitter le parti pour créer ND.
Au-delà de cela, ce refus a aussi mais surtout renforcé son influence auprès de Navin Ramgoolam et de Paul Bérenger, lesquels l’ont rapidement propulsé sur le devant de la scène. Lors des conférences de presse de l’alliance, c’est Richard Duval qu’on retrouve aux côtés de ces deux leaders pour prendre la parole.
Un troisième point important à relever pour comprendre l’intérêt que suscite Richard Duval réside dans sa décision de quitter la circonscription n°12 (Mahébourg/Plaine-Magnien) pour migrer au n°17 (Curepipe/Midlands). Selon plusieurs acteurs politiques, tant dans les rangs du gouvernement que dans ceux de l’opposition, l’accueil réservé à Richard Duval est remarquable. Ce dernier, bénéficiant, d’après eux, de l’aura du patronyme Duval associé à l’ancien leader Gaëtan Duval, considéré comme un véritable pilier, semble s’être bien intégré dans la circonscription n°17.
Une situation qu’observent de près tant le PTr et le MMM que le MSM. Au sein de l’alliance de l’opposition, on est convaincu qu’avec l’arrivée de Richard Duval à Curepipe/Midlands, l’opposition pourrait remporter un 3-0 au n°17, voire un 2-1 en sa faveur dans le pire des cas.
Lors des dernières législatives, seul le PTr avait réussi à faire élire un député de l’opposition à Curepipe avec Michael Sik Yuen. Vu la popularité de ce dernier qui brigue une quatrième élection, l’alliance PTr/MMM/ND estime que les chances de l’opposition au n°17 ont considérablement augmenté avec Richard Duval.
Danger direct
D’une autre perspective, l’arrivée du co-dirigeant de ND au n°17 est perçue, au sein du MSM, comme un danger direct pour l’actuel numéro 2 du gouvernement, Steven Obeegadoo. « C’est donc évident pourquoi il est important de discréditer Richard Duval. C’est la politique. C’est de bonne guerre. Les munitions contre Richard Duval sont là. Rien n’a été inventé. Nous sommes en campagne électorale et il faut attaquer », souligne une source à l’Hôtel du gouvernement.
Ce jeudi 6 juin 2024, le lancement officiel de ND est prévu au n°17, ce qui donnera une nouvelle impulsion non seulement au parti mais aussi à Richard Duval. Vu que ce dernier bénéficie du réseau politique des anciens du PMSD qui ont décidé de lui prêter main-forte, on pourrait assister à une véritable démonstration de force ce jour-là. Richard Duval continuera-t-il d’être une source de préoccupation pour le parti au pouvoir ? Tout dépendra de l’attitude qu’adoptera le gouvernement à son égard dans les prochaines semaines…
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