Le conseiller au ministère des Affaires étrangères, Akilesh Roopun, a réclamé Rs 3 000 par heure pour ses services à Planet FM. Coût total : Rs 5 millions qu’il devait initialement obtenir sous forme d’actions. S’il a d’abord nié l’information, le conseiller change son fusil d’épaule.
Les services d’un conseiller du gouvernement coûtent cher. C’est ce qu’a appris la direction de Mayfair and Purely Communications Ltd, entreprise derrière la radio Planet FM en décembre 2017. Akilesh Roopun, conseiller au ministère des Affaires étrangères, a évalué son travail pour le compte de l’entreprise à Rs 3 000 l’heure. La somme totale de Rs 5 millions devait lui être remise sous forme de ‘sweat equity’, à savoir des actions dans l’entreprise en guise de paiement. Le sujet a été évoqué par le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, lors de sa PNQ au Parlement mardi dernier.
Interrogé par le Défi Quotidien, Akilesh Roopun avait nié tout en bloc : « Il n’en a jamais été question. Je ne sais pas où le leader de l’opposition tient ces informations ». Son rôle se serait arrêté à « donner quelques idées ». Sauf que des échanges de courriels, en possession du Défi Quotidien, entre les protagonistes impliqués dans le lancement de Planet FM disent tout le contraire.
Le 23 décembre 2017, Gavin Ng Lung Kit, un des partenaires d’Arvind Nilmadhub (également actionnaire de Mayfair and Purely) au sein de la firme de consultants Afribrains, écrit aux différents protagonistes pour leur faire part de l’évaluation de leur ‘sweat equity’ : « I have estimated Akilesh’s Sweat Equity based on his actual labour output - that is work performed over a period without remuneration for an estimated cost of Rs 3.65 million. I have also included an estimated Rs 1 388 000 for the mental capacity and services provided for the success of the radio license application ». Ce qui fait un total de Rs 5 millions.
Cette estimation du dur labeur d’Akilesh Roopun provient, en fait, de ce dernier, dans un courriel adressé quelques minutes plus tôt à l’équipe de Mauribrains : « An average of two hours per day over 20 months of labour. Hourly rate is Rs 3 000. » Soit, les Rs 3,6 millions mentionnées ensuite par Gavin Ng Lung Kit.
Akilesh Roopun a-t-il menti en clamant qu’il n’a jamais été question de sweat equity ? Contacté par le Défi Quotidien, il s’en défend : « La question était si j’avais des actions et il n’a jamais été question d’actions. La compagnie m’avait dit que j’aurais des sweat equity pour mon coup de main. C’est eux qui l’ont proposé, ce n’était pas à ma demande ». La proposition n’a jamais été concrétisée, assure-t-il. En effet, Akilesh Roopun ne fait pas partie des actionnaires de Mayfair and Purely Communications Ltd.
Un « Acknowledgement for sweat equity », également circulé via courriel, soulève une autre question. Akilesh Roopun y explique que ses travaux pour Planet FM ont duré 20 mois « on a part-time basis ». Avait-il le droit d’exercer à temps partiel alors qu’il était conseiller en communication à un ministère ? Un ancien chef de la fonction publique, qui n’a pas souhaité être identifié, explique : « Dans la fonction publique, il n’y a des exceptions que dans des cas spéciaux, comme les médecins spécialistes qui peuvent exercer dans le privé, mais pas pour un attaché de presse ! La nature de leur emploi est à plein temps. Je n’ai jamais entendu une affaire pareille. »
Mais Akilesh Roopun s’en défend : « Je l’ai fait en dehors de mes heures de travail ou parfois durant mes jours de congé. Ce n’était pas quelque chose pour lequel j’étais rémunéré. Je n’ai jamais reçu d’argent ». Ce travail était donc parfaitement légitime selon lui.
Roopun a cherché refuge auprès de Planet FM après la démission de Lutchmeenaraidoo
Un autre courriel échangé le 25 avril dernier entre le bailleur de fonds français de Planet FM, Raphael Eggenspieller, et Vedan Choolun, un des promoteurs, dresse un portrait peu flatteur d’Akilesh Roopun. Il en ressort que l’attaché de presse, après avoir pris ses distances avec la radio, a tenté un comeback après la démission de son ministre, Vishnu Lutchmeenaraidoo en mars.
Voici ce que dit Eggenspieller à son propos : « Akilesh Roopun, who (I sum up) left the radio over finance concerns two months ago to seek shelter in its administration and wanted to come back - as agreed with you - when its minister was kicked out. My answer was that if a guy who is supposed to be the CEO leaves the boat at the first little storm then he doesn’t have what it takes to be a CEO and I’m glad that you did not allow him to come back. »
Et l’estocade : « Avoid unskilled political puppets as much as possible, they are useless because they will never be there in tough times. »
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