Petite-Rivière-Noire : la plage de toutes les convoitises

Plus besoin d’emprunter la piste sablonneuse et bordée de buissons épineux pour parvenir à la plage de Petite-Rivière-Noire. Il s’y dresse une tour magnifique et la Batterie de l’Harmonie, un fort construit pendant la période coloniale, pour défendre la cote ouest.
Aujourd’hui, le visiteur continue tout droit sur la route principale après Rivière-Noire. Après une série de courbes, une plaque indique Petite-Rivière-Noire. À hauteur du prestigieux Domaine de Palmyre, à droite, un chemin flambant neuf, qu’il suit jusqu’à la fin. Là, à quelques mètres, une tour avec un escalier. Cette tour, construite à l’époque française, est en rénovation, mais des planches et une échelle solide suivie d’un escalier permettent d’arriver en haut. Là, la vue est à couper le souffle.

Rénovation en cours

À côté, la Batterie de l’Harmonie, avec son canon pointant vers le large, récemment clôturée pour être rénovée. À droite et plus loin, la Tourelle du Tamarin et la baie. À gauche, le rempart du Morne, lieu magique pour sa valeur historique. À l’arrière, la chaîne verdoyante conduisant au Piton-de-la-Petite-Rivière-Noire, la montagne la plus haute de l’île.

Et au bas, à gauche comme à droite, une plage utopique, d’une beauté saisissante, faite de sable blanc et fin et de coraux, bordée de buissons et de filaos, face à une mer calme et transparente. Ici, aucune trace d’érosion comparée aux autres plages comme Flic-en-Flac ou Tamarin. C’est parce que plein de buissons y poussent et retiennent encore le sable. Cette plage affole les sens et fait penser à celle appelée La Passe, non loin du Souffleur dans le Sud.

La plage de Petite-Rivière-Noire était assez éloignée de la route principale et difficile d’accès autrefois. Un sentier étroit et isolé y menait à côté de la Rivière-Noire. Plus on s’y enfonçait, plus la sensation d’être complètement seul devenait pesante.

Maintenant, une belle route y mène. Des dizaines de travailleurs sont à pied d’œuvre. Certains égalisent la terre bordant la route. D’autres creusent la terre pour y mettre déjà plusieurs variétés de plantes. Tout au long de la route, à droite, des milliers de plantes conservées dans des sacs verts attendent leurs emplacements pour être mises en terre et grandir. Des camions-citernes les arrosent régulièrement, car le soleil tape dur. Des engins effectuent des travaux de terrassement près de cette plage pure et primaire.

Plusieurs projets hôteliers annoncés

Les Salines Rivière-Noire représentent un site unique. Elles conservent un cachet historique et une plage « sauvage ». En même temps, ce territoire est appelé à se développer rapidement. Dans les rues de Rivière-Noire, le chômage prévaut. De nombreux jeunes sont sans emploi et errent dans les rues. Par conséquent, il faudrait peut-être urbaniser les Salines. En même temps, l’est des Salines pourrait devenir une plage publique et l’ouest accommoder des hôtels.

Les hôtels donneraient de l’emploi aux habitants de Rivière-Noire, qui en ont bien besoin. Et les Mauriciens n’auraient pas la désagréable impression que leur plage leur a été volée ! Qui plus est, cette plage relâcherait quelque peu la pression sur Flic-en-Flac, surexploitée, d’autant plus que Tamarin a perdu ses sentiers donnant sur la mer.

Il ne faut pas se bercer d’illusions. Le temps des plages sauvages est révolu. Cette partie de Maurice doit être développée pour résorber le chômage et assurer des revenus. Or, il faut aussi créer un environnement plus respectueux de l’écologie. Et concevoir une politique qui conduirait les gens à profiter des bienfaits de la nature, tout en intégrant les avantages du développement de Petite-Rivière-Noire.

Feroz Saumtally