Permanature : la nature vs le Petroleum hub

Albion. Imaginez pouvoir faire du VTT, pique-niquer avec des amis au bord de la falaise à l’ombre d’un arbre endémique, sentir le vent dans ses cheveux et contempler les vagues. C’est le rêve de l’association Permanature. 

Exit CT Power, enter Petroleum Hub. Les habitants d’Albion, de Pointe-aux-Sables et des régions avoisinantes n’ont pas fini de militer.

En mars 2015, le gouvernement met un terme au projet de la centrale à charbon, ce qui est un grand soulagement pour ceux qui étaient contre ce projet. Mais très vite, la menace environnementale qui pesait sur la région réapparaît sous la forme d’un centre de ravitaillement pétrolier. Cela provoque une levée de boucliers de la société civile. 

Puis, il y a l’association Permanature, qui fait partie du Collectif No to Petroleum Hub. Une association particulière, avec un projet sans précédent et ambitieux. Celui de l’aménagement du territoire de Pointe-aux-Sables à Albion en respectant l’écosystème.

Depuis 2015, un groupe d’amis décide de préserver cet endroit et d’y fonder un projet communautaire durable. Citoyens, forces vives, amoureux de la nature et habitants de la région veulent s’approprier cet espace unique, pour que tous puissent en profiter pleinement.

Les bonnes pratiques

Habitants et citoyens souhaitent réhabiliter et emménager cette partie de la côte ouest à travers les bonnes pratiques de la permaculture. « C’est un endroit magique, que nous voulons préserver. L’une des dernières côtes intactes et sauvages de l’ouest. Après l’annulation de CT Power, nous avons voulu faire quelque chose pour réhabiliter ce terrain. Nous avons organisé une course de VTT, qui a vu la participation de plusieurs membres du gouvernement. Le ministère des Terres et du Logement voulant mettre en place un parcours de santé, nous avons proposé ce projet », lance Jean-Noël Maurice, président de Permanature.

L’association souhaite mettre en place un Recreational health and leisure park, une vision à long terme intégrant le sport, la santé, les loisirs et les activités en plein air, l’éducation, la recherche, la permaculture, la réhabilitation de la terre et l’art, entre autres. Ce parc vise à être un lieu pour tous les Mauriciens. Il offrira des activités de sensibilisation à l’écologie et renforcera l’esprit communautaire à travers des activités participatives et des événements culturels.

« Jusqu’à présent, nous avons ouvert un sentier qui prend de la prison jusqu’au phare d’Albion. Les Mauriciens peuvent faire une marche et du VTT, entre autres », lance le président de l’association. Pour un tel projet, le financement est plus que nécessaire. « C’est pour cela que nous avons créé cette association. Nous nous sommes structurés pour une meilleure crédibilité », ajoute-t-il.

Le projet prévoit la mise en place d’un terrain de foot avec des éclairages solaires, des courts de tennis-volley, des terrains de pétanque et de volley-ball. Les vététistes seront bien gâtés, car une piste cyclable de 4 km a été imaginée, de même qu’une piste de marche et une plate-forme de plongée.

« Des aires de camping et de barbecue seront aussi aménagées. Il y a tant de possibilités dans cet endroit, mais tout sera fait dans le respect de la nature à travers la permaculture.

Cette technique n’est pas uniquement pour les légumes, mais c’est une philosophie de vie qui comporte l’architecture, l’aménagement du territoire, la fabrication et la gestion de l’énergie. La permaculture se sert de l’observation de la nature et de l’écosystème », explique Jean-Noël Maurice. Ce parcours peut aussi gérer de l’emploi et être une activité économique pour les habitants de la localité.

Embûches

Une ébauche de ce plan d’aménagement a été conçue avec l’aide de quelques experts. Malheureusement, le projet se heurte à quelques obstacles. Pour ces amoureux de la nature, le Petroleum Hub est une menace pour l’écologie. Les affirmations selon lesquelles ce projet ne pose aucun risque ne convainquent pas. « C’est une grosse déception.

Nous avons cru que le gouvernement allait nous soutenir dans ce projet communautaire, mais ils veulent mettre en place ce centre de stockage pétrolier. Ce sera une catastrophe pour toute la côte ouest. Nous nous attendions à un vrai changement, mais ce n’est pas le cas. Tout se fait dans l’opacité, le flou. Les Mauriciens et surtout les habitants du coin sont évincés. Il n’y a aucune communication », poursuit-il.

Malgré les obstacles, l’association redouble d’efforts sur le terrain et sensibilise les gens à travers des manifestations sur le danger d’un Petroleum Hub. Des activités sont organisées à Pointe-aux-Caves pour sensibiliser le public. « On espère que cela va s’arrêter pour que l’on puisse voir l’avenir plus sereinement », dit-il.