Paul Sameer Cougni, 71 ans, atteint d'Alzheimer, a été mortellement percuté sur l'autoroute à Bagatelle dans la nuit du lundi 9 décembre. Grièvement blessé, il a succombé à ses blessures. Le conducteur, Fadil Khodabocus, 40 ans, a été identifié et arrêté grâce aux caméras de surveillance.
Bibi Ameena Cougni, 67 ans, est brisée. « Sept heures durant, on l’a laissé sur la route avec des fractures au niveau de son bassin. Dans cet état, comment allait-il survivre ? » tonne-t-elle, anéantie par la perte de son époux, Paul Sameer Cougni, 71 ans. Les dernières images de son mari en souffrance hantent son esprit.
Paul Sameer, d'origine camerounaise, était atteint d'Alzheimer. Mariés depuis 1985, ils ont vécu 39 ans de vie commune. Ensemble, ils ont eu trois enfants, aujourd'hui âgés de 38, 32 et 28 ans, tous résidant à Athènes, en Grèce. Mari et femme partageait leur vie entre la Grèce et Maurice, et prévoyait de visiter la famille de Paul Sameer au Cameroun en juin prochain. Mais ce rêve a été brisé le mardi 10 décembre.
Le drame a commencé la veille, lundi 9 décembre. Le couple Cougni se trouvait chez des proches à Highlands, Phœnix. Après une vidéoconférence avec leur fille aînée en Grèce et quelques instants passés en famille, Sameer est sorti faire une marche. Égaré en raison de sa maladie, il n’a jamais retrouvé le chemin de la maison. « Nous l'avons cherché partout à Highlands et Phœnix, visionné les images des caméras, et mobilisé toute la famille », raconte Ameena. Une alerte est donnée sur Facebook et à la police de Phœnix. Malgré tous leurs efforts, Sameer reste introuvable.
La nuit sera longue et angoissante pour la famille. Vers 4 heures du matin, la police de Moka annonce une macabre découverte sur l’autoroute à Bagatelle. Ameena identifie son mari comme étant la victime, son corps portant de multiples blessures, notamment des fractures au bassin. « Ce n’est pas un accident, c’est un crime », dénonce-t-elle, en larmes.
Un époux aimé et respecté
Paul Sameer Cougni n'était pas qu'un simple mari et père; il était une figure aimante et respectée. Ancien employé d'une compagnie maritime en Grèce, il avait de nombreux talents.
Maçonnerie, plomberie, électricité, et même couture : Sameer était un homme polyvalent. « Il a construit notre maison à Terre-Rouge, à Maurice de ses propres mains. Il était généreux et toujours prêt à aider, » raconte Ameena, pleine d'admiration pour cet homme « brave » et « dévoué ».
Leur histoire d'amour avait commencé à Beyrouth, au Liban, en 1980. À l'époque, Ameena, orpheline, avait quitté Maurice pour chercher des opportunités. « Dans les années 1970, les filles à Maurice n'avaient pas le droit de travailler, surtout les musulmanes. Si nous travaillions, les gens nous considéraient comme des mauvaises filles, » se remémore-t-elle. Employée comme baby-sitter, elle fait la rencontre de Sameer, un Camerounais au grand cœur. Leur amitié s'est transformée en amour, et ils se sont mariés. Ensemble, ils ont fondé une famille et surmonté les épreuves de la vie, notamment la guerre qui les a contraints à quitter le Liban pour la Grèce.
Le jour où Paul Sameer a été retrouvé mort, la douleur d'Ameena a été amplifiée par ce qu'elle considère comme un acte d'irresponsabilité de la part du conducteur impliqué. Les enquêteurs de la Divisional Crime Intelligence Unit de l’Eastern Division ont rapidement identifié Fadil Khodabocus, 40 ans, résidant à Sadally, Vacoas, comme le chauffeur de la voiture ayant percuté Paul Sameer. Grâce aux caméras Safe City, la police a pu remonter jusqu'à lui. Son véhicule, retrouvé dans son garage, présentait un pare-brise endommagé, témoignage du choc fatal. L’accident aurait eu lieu peu avant 23 heures, lundi soir.
Pour Ameena, cet acte ne peut être qualifié de simple accident. « Il aurait dû l’emmener à l’hôpital. Peut-être que mon mari aurait survécu », déplore-t-elle, submergée par la douleur. « On l’a laissé pour mort sur l’autoroute. Ce n’est pas juste. »
Une famille brisée
Le choc de cette tragédie a dévasté la famille. « Mes enfants ont perdu leur papa. Depuis ce drame, ils sont malades et pleurent matin, midi et soir. Ce chauffeur irresponsable a détruit nos enfants, » confie Ameena, la voix tremblante d'émotion. Les souvenirs heureux qu'ils partageaient avec leur père sont désormais teintés de douleur et de colère.
Les proches veulent que justice lui soit rendue. La voiture impliquée dans l'accident a été saisie pour les besoins de l'enquête, et Fadil Khodabocus est interrogé par les autorités.
Cependant, pour Ameena, aucune sanction ne pourra jamais compenser la perte de son époux.
Cette tragédie souligne les dangers de l’imprudence sur les routes et l'importance d'assumer ses responsabilités en cas d'accident. Paul Sameer Cougni, un homme respecté et aimé, a perdu la vie dans des circonstances cruelles. Pour Ameena, chaque instant est une lutte pour surmonter l'absence de l'homme qui a partagé sa vie pendant près de quatre décennies.
« Nous avions des projets, des rêves, » murmure-t-elle, les larmes aux yeux. « Maintenant, tout cela est fini. Mais je veux qu'il soit honoré pour l'homme qu'il était : un mari aimant, un père dévoué, et un être humain extraordinaire. » Ameena espère que cette tragédie servira de leçon, incitant les conducteurs à faire preuve de plus de prudence et d'humanité sur les routes.
Si le combat pour la justice ne fait que commencer pour cette famille brisée, pour Ameena, une chose est certaine : elle portera à jamais dans son cœur les souvenirs de l'homme qu'elle a aimé et perdu trop tôt.
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