Le président du Parti travailliste, Patrick Assirvaden, dit sans équivoque que la guerre de leadership du parti entre Navin Ramgoolam et Arvin Boolell sera bientôt du passé, car l’abcès sera crevé d’ici la fin de cette année.
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Comment le Parti travailliste (PTr) accueille-t-il l’annonce de la date de l’élection partielle, programmée pour le 17 décembre ?
Il était temps pour que les Mauriciens prennent connaissance de la date de cette élection. Nous avons déjà pris les devants. Nous avons fixé une réunion de notre bureau politique pour mardi prochain et, à la lumière de cette réunion, nous allons créer notre comité de campagne et définir notre stratégie avec pour objectif de faire élire Arvin Boolell. Nous allons aborder cette campagne en tant que challenger, mais nous pensons qu’Arvin Boolell a toute la personnalité et le charisme nécessaires pour se faire élire à Belle-Rose/Quatre-Bornes.
C’est assez rare de voir le Parti travailliste aborder une élection en position de challenger. Êtes-vous à l’aise dans cette posture ?
Nous avons passé des moments difficiles depuis les élections de décembre 2014. Cela nous a permis de nous remettre en question, de faire notre mea culpa tout en nous permettant également d’avoir un nouveau regard sur l’avenir. Nous avons les yeux rivés sur cette partielle, même si nous aurions souhaité des élections générales. Je veux aussi faire ressortir que ce n’est pas un problème pour nous d’endosser ce statut de challenger, car nous sommes en train d’aller conquérir un siège qui ne nous appartenait pas. La situation a changé depuis les dernières élections générales. Le pays a pu témoigner de la trahison, de la déception et du retournement de vestes. De tous les candidats qui seront alignés pour cette partielle, Arvin Boolell semble être le mieux placé pour répondre aux aspirations de la circonscription No 18. Je dois toutefois reconnaître que le Parti travailliste devra surmonter un problème de taille qui est le financement. Nous n’avons plus de coffres-forts. Le compte du parti a été gelé, alors que ce n’est pas le cas pour les autres partis prenant part à cette partielle, notamment le Reform Party de Roshi Bhadain, dont la source de financement soulèverait plusieurs interrogations. Mais, avec le soutien de la masse et de l’imagination, nous espérons pallier ce manque de financement.
Des observateurs politiques s’accordent à dire que cette partielle dessinera les prochaines alliances, en vue des prochaines législatives. Partagez-vous cet avis ?
Le Parti travailliste ira seul aux prochaines élections générales. Je viens de lire que le Parti mauricien social-démocrate (PMSD) veut présenter Xavier-Luc Duval comme prochain Premier ministre. Le MMM veut présenter Paul Bérenger au même poste et le MSM Pravind Jugnauth comme Premier ministre. Les rouges présenteront Navin Ramgoolam comme PM. La population aura un schéma bien clair. C’est bien que chaque parti décide de se présenter sans un allié. Après les élections générales, les partis décideront de la marche à suivre.
Le PTr laisse donc la porte ouverte à une alliance post-électorale. Appréhendez-vous le fait de ne pas pouvoir diriger un gouvernement seul ?
Je ne peux anticiper de ce que décidera la population. L’arrogance du pouvoir a coûté cher au PTr en 2014. Il nous faut avoir les pieds sur terre et renoncer aux mauvaises habitudes. Il est clair qu’il faut avoir un gouvernement pour diriger ce pays. Pour l’heure, recentrons-nous sur la partielle du 17 décembre. Notre mission est de faire élire Arvin Boolell. Il a, selon nos calculs, toutes les chances de se faire élire. Les candidats de l’opposition ne nous intéressent pas. Il aurait aussi été souhaitable que le MSM aligne un candidat, cela aurait été le moment idéal pour le gouvernement de tester sa popularité après tous les scandales de ces derniers temps. Il faut dire que le pays a connu des bouleversements. Nous avons pu témoigner d’une série de chaises musicales à la tête du pays. Celui qui avait été élu comme Premier ministre en 2014 n’occupe plus ce poste et l’a cédé à son fils, sans passer par des élections générales. L’ancien ministre des Finances a lui aussi été conduit vers un autre ministère. L’ancien Attorney General a dû démissionner. L’ancien ministre de la Bonne gouvernance ne fait plus partie du gouvernement.
Arvin Boolell n’a jamais caché ses ambitions d’accéder au poste de leader du Parti travailliste. S’il parvient à se faire élire, ce sera pour lui un boost, afin de réaliser une telle ambition. Cela n’embarrasse-t-il pas le camp Ramgoolam, dont vous faites partie ?
Le leader du PTr est choisi lors du congrès du parti. Ce n’est ni le bureau politique ni l’exécutif qui décide de cela. La question de leadership entre Navin Ramgoolam et Arvin Boolell devrait être réglée cette année lors du prochain congrès. Nous n’avons pas encore arrêté de date, car notre priorité demeure la partielle.
Navin Ramgoolam est-il ‘marketable’ pour un nouveau mandat premierministériel ?
À mon avis, le mandat d’un Premier ministre doit être limité. Il faut venir avec des engagements en ce sens. Un Premier ministre ne peut dépasser deux mandats.
L’arrogance du pouvoir a coûté cher au PTr en 2014.
Posons la question autrement. Est-ce que la prochaine campagne électorale menant vers des élections générales sera la dernière de Navin Ramgoolam ?
Je pense que Navin Ramgoolam doit préparer la jeunesse. Il a l’expérience pour le faire. La démarche de Navin Ramgoolam devra aller en ce sens. Il devra non seulement préparer la relève pour le leadership du parti, mais aussi pour le poste de Premier ministre.
Venons-en au dernier scandale qui a secoué le pays, soit l’affaire Bet365. Quelle est votre lecture de cette affaire ?
Je me demande à quel niveau tombera ce gouvernement. Ce que Ravi Yerrigadoo a fait symbolise l’état d’esprit des dirigeants du MSM. Ils pensent pouvoir agir en toute impunité. Cela reflète tous les maux de ce gouvernement. Un ancien Premier ministre qui a légué son trône à son fils sans passer par des élections. Il y a eu l’affaire d’Euro Loan. Et, tout récemment, la connexion entre un ancien Attorney General et un récidiviste notoire.
Pouvons-nous accorder du crédit aux dénonciations d’un récidiviste notoire ?
La personne qui s’est engagée dans cette affaire a pris beaucoup de risques. Nous verrons à l’avenir si ces risques sont calculés. Je ne suis pas là pour défendre qui que ce soit. Mais je sais que cette affaire a coûté le poste à un Attorney General. Ce que je souhaite, c’est que la Commission anticorruption enquête en toute indépendance et j’espère que le commissaire de police, Mario Nobin, agira aussi en toute indépendance.
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