Passation de pouvoir - SAJ : «J’ai terminé ma mission»

Il a passé 18 ans à la tête du pays et tire sa révérence comme Premier ministre. Dans un discours télévisé, samedi soir, sir Anerood Jugnauth a expliqué son raisonnement et vanté les mérites de son successeur, Pravind Jugnauth.

Clap de fin. Sir Anerood Jugnauth (SAJ) a annoncé dans un discours télévisé diffusé samedi à 20 heures qu’il soumettra sa démission comme Premier ministre à la présidente de la République, Ameenah Gurib-Fakim, ce lundi.

« J’estime avoir terminé ma mission engagée depuis le 20 mars 2012. » Et d’ajouter : « Ensemble, nous avons sauvé le pays. Ensemble, nous avons mis le pays sur le chemin d’une nouvelle phase de progrès et de prospérité ».

Il passe le « flambeau au leader du parti majoritaire au Parlement ». Et cela, « dans la pure tradition westminstérienne, dans le respect de nos traditions démocratiques et de notre Constitution ». Pravind Jugnauth, dit-il, a « à cœur l’intérêt du pays et de la population ».

Selon SAJ, ce dernier « a fait ses preuves » en tant que ministre de l’Agriculture d’abord et comme ministre des Finances ensuite. « C’est un leader visionnaire et avant-gardiste. C’est un rassembleur et un garant de stabilité. » Sir Anerood Jugnauth précise qu’il « lègue un leadership fort en héritage » et que Pravind Jugnauth a « l’étoffe, l’expérience et la maturité pour diriger la Nation vers une destinée qui fera notre fierté ».

Il est convaincu qu’avec « un tel leadership, on réussira éventuellement un deuxième miracle économique. Je quitte le pays entre les mains d’une personne en qui vous pouvez avoir confiance ».

Sir Anerood Jugnauth ne prend, cependant, pas sa retraite. Il restera au sein du Conseil des ministres et « servira le pays dans une autre capacité ». Laquelle ? Il ne l’a pas précisé dans le discours. Il laisse la prérogative au « prochain Premier ministre d’annoncer la composition du Cabinet ». Il précise néanmoins qu’il « sera toujours là pour le guider, ainsi que son gouvernement ».

«Je quitte le pays entre les mains d’une personne en qui vous pouvez avoir confiance.»

Lors de son discours, SAJ s’en est pris tour à tour à Paul Bérenger et à Navin Ramgoolam. Au premier, il reproche qu’au « lieu de sauver le pays, il a choisi de sauver le gouvernement travailliste ». évoquant le leader du Parti travailliste, il dira : « Je vous ai sauvés d’un assoiffé du pouvoir qui agissait comme un tyran et prenait les institutions en otage. Je vous ai sauvé de ce cauchemar que vous viviez sous un régime travailliste qui appauvrissait la population pour enrichir ses courtisans et courtisanes. »

« En me ramenant au pouvoir, vous avez accompli un miracle politique » et « ensemble, on a empêché que le pays ne sombre dans l’anarchie ».

SAJ se targue de laisser un bon bilan et d’avoir remis le pays sur les rails. Son gouvernement, affirme-t-il, a respecté les engagements (nettoyer et reconstruire le pays, relancer l’économie) pris durant la campagne électorale de 2014. « Sur les trois fronts, mon gouvernement a deliver durant les deux premières années de notre mandat », dit SAJ.

Il s’attarde sur quelques réalisations. Parmi, Air Mauritius et la Mauritius Shipping Corporation, qui réalisent à nouveau des profits, de même que la MBC et les Casinos de Maurice, qui « remontent la pente ».

Sur la situation de l’eau, SAJ affirme que la fourniture 24/7 devrait être une réalité en 2019 et demande de ne pas céder à la démagogie. « Est-ce que ce problème qui dure depuis bien des années peut être réglé en deux ans seulement ? »

Jamais, dit SAJ, il n’a pratiqué le cover-up. « Quand des gens en qui nous avons placé notre confiance ont abusé de cette confiance-là, j’ai agi fermement contre eux. Il y a eu des sanctions, des révocations et des réprimandes à chaque fois qu’il le fallait. C’est comme cela qu’un Premier ministre digne de ce nom agit ».

En deux ans, SAJ estime que son gouvernement aura insufflé un nouveau dynamisme et créé un environnement propice au développement économique et social. « Plusieurs projets qui changeront la face de Maurice seront lancés prochainement, y compris le Metro Express. C’est un projet qui m’a toujours tenu à cœur. Sur le plan social, ce que mon gouvernement a fait est sans précédent. » Il évoque ici l’amélioration du pouvoir d’achat et les mesures prises pour éliminer la pauvreté extrême.

« La situation de l’ordre et de la paix sociale s’est améliorée, et la lutte contre le trafic de drogue est pleinement engagée.15 000 nouveaux emplois ont été créés dans le privé et 6 000 jeunes ont été recrutés dans la Fonction publique l’an dernier. »