Hommage au pape François : une visite inoubliable, un deuil partagé

Le souvenir du pape François reste gravé dans les mémoires. Sa visite historique à Maurice, en septembre 2019, avait marqué les esprits. L’annonce de son décès a suscité une vive émotion parmi ceux qui l’ont rencontré ou aperçu lors de son passage. Nombreux sont nos compatriotes à partager leurs souvenirs empreints de respect et de reconnaissance.

Sandra Péka-Ramasawmy : « Viva Il Papa »

Le décès du pape François a suscité une vive émotion à Maurice, où sa visite en septembre 2019 reste gravée dans les mémoires. Pour Sandra Péka-Ramasawmy, ce moment a marqué un tournant spirituel.
Depuis l’ annonce du décès du pape, elle est profondément bouleversée mais se remémore de son passage à Maurice. « Je me souviens parfaitement de ce jour, deux jours avant mon anniversaire. J’ai quitté la maison à 6 h 30 pour me rendre à Marie Reine de la Paix. Je voulais être dans les premiers rangs pour assister à la messe célébrée par le pape », dit-elle. 

Elle évoque une ferveur intense. « Voir la Papamobile m’a donné des frissons. J’ai pleuré de joie », poursuit-elle. Mais c’est un geste simple qui l’a le plus marquée. « Après la messe, alors que le pape quittait les lieux, j’ai crié ‘Viva El Papa’. Il s’est retourné et m’a saluée. Ce regard, ce geste, je ne les oublierai jamais », lance Sandra Péka-Ramawmy. 

Elle avait envisagé de se rendre à Rome pour la messe de Pâques, espérant l’apercevoir à nouveau. « J’avais prévu un séjour au Vatican, mais j’ai dû annuler », se désole-t-elle.  Aujourd’hui, elle garde en mémoire le souvenir d’un pape proche des gens et profondément humain.

Shanmuga Allagapen : « Ce regard du pape a tout changé pour moi »

Pour Shanmuga Allagapen, ancien journaliste, la visite du Pape à Maurice a revêtu une signification toute particulière. « Ce jour-là, j’étais censé assurer le shift de l’après-midi, mais j’ai tenu à me rendre au bureau dès 8 heures du matin. Je voulais simplement le voir passer, être témoin d’un moment historique pour notre pays, voire pour le monde. Ce n’est pas donné à tout le monde de voir le pape passer devant soi », raconte-t-il. 

Il se positionne alors devant les locaux de Radio Plus, rue Labourdonnais, au moment où le pape quitte Marie Reine de la Paix à bord de la Papamobile. « J’ai commencé à prendre des photos. Et c’est là que j’ai remarqué qu’il regardait dans ma direction, avec un sourire. » 

Un bref instant, mais chargé d’émotions. « Cela m’a procuré un bonheur immense. À l’époque, j’étais dans une période de doute concernant une situation personnelle. J’hésitais à prendre une décision importante. Mais à ce moment précis, je n’avais plus aucun doute. Je me suis senti libéré. J’ai pris cette décision, et je ne l’ai jamais regrettée », confie-t-il.

Shameem et Magda : « Nous avons immédiatement ressenti en lui une noblesse »

« Nous nous souvenons encore avec une vive émotion du jour où le pape François est venu à Maurice », confient Shameem et Magda. « Lorsqu’il est apparu, nous avons immédiatement ressenti en lui une noblesse, une humilité et une simplicité bouleversantes. » D’ajouter : « De sa personne émanait une profonde aura de paix, un désir sincère de rassembler les peuples, ici comme ailleurs, notamment à travers ses récentes prises de position en faveur de Gaza. »

Ce qui les a « profondément marquées, c’est l’incroyable ferveur du peuple mauricien : enfants, jeunes, personnes âgées, toutes communautés confondues, unies dans une foule immense ».

Elles se souviennent avec émotion de « l’instant magique, devant la cathédrale, puis en procession vers Marie Reine de la Paix, où l’émotion était palpable, presque sacrée ». « Nous l’avons ensuite suivi jusqu’à l’évêché de Port-Louis. Ce moment de grâce, de communion et d’espérance restera à jamais gravé dans nos cœurs », disent-elles.

Patrick St Pierre : « Les catholiques diront que c’est le Saint-Esprit qui s’est manifesté »

« J’étais à Marie Reine de la Paix. Nous étions arrivés deux heures en avance, juste pour avoir la meilleure place. Le soleil de plomb n’était que secondaire », raconte Patrick St Pierre.

Selon lui, à l’arrivée du Saint-Père, l’émotion était à son comble. « Les frissons parcouraient mon corps. Les catholiques diront que c’est le Saint-Esprit qui s’est manifesté. » Après la messe, il dit avoir couru pour le voir passer. « Il était à moins de deux mètres de moi. La sensation de bien-être était si forte que je suis ensuite allé l’attendre à Sainte-Croix. J’ai toujours les vidéos. »

Il estime être « un privilégié » d’avoir vécu ces moments. « Adolescent, j’avais assisté à la messe célébrée par le pape Jean-Paul II au stade de Rose-Hill. Adulte, j’ai assisté à celle du pape François. »

Somas Appavou : « Un moment sacré dans les airs avec le pape François »

L’ancien CEO d’Air Mauritius, Somas Appavou, se souvient avec émotion du vol exceptionnel qu’il a partagé avec le pape François, lors de son départ de Maurice vers Madagascar, le 9 septembre 2019. Une rencontre brève, mais profondément marquante.

« C’est avec une grande tristesse que j’ai appris le décès de Sa Sainteté le pape François », confie-t-il, en ajoutant avoir eu le privilège de l’accompagner à bord du vol d’Air Mauritius, le « Chagos Archipelago », à destination de Madagascar.

Au cours de ce voyage, un geste symbolique a scellé la rencontre. « Je lui ai offert un Paille-en-Queue en argent, emblème de notre compagnie nationale. Sa réaction, empreinte d’humilité et de paix intérieure, m’a touché », se rappelle Somas Appavou.

Ce qui l’a marqué avant tout, c’est la simplicité et la profondeur du pape François. « Il dégageait une sérénité exceptionnelle, une authenticité rare. Il s’adressait à chacun avec respect et attention, peu importe 
son statut », relate-t-il.

Pour Somas Appavou, cette traversée dans les airs est devenue bien plus qu’un simple vol. « Ce moment reste gravé en moi comme la preuve qu’une présence spirituelle peut transformer une situation ordinaire en expérience sacrée », dit-il. Et de conclure avec reconnaissance : « Que son âme repose en paix dans le royaume céleste qu’il a fidèlement servi. Tout comme le Paille-en-Queue symbolise la grâce et la liberté en vol, puisse l’esprit du pape François continuer de nous inspirer vers plus de compassion et d’humanité. »

Bashir Nuckchady : « Le pape François a uni les cœurs au-delà des croyances »

La nouvelle du décès du pape François a profondément attristé le monde entier. Parmi ceux qui rendent hommage à sa mémoire, Bashir Nuckchady, membre du Conseil des religions, qui salue l’impact universel du Souverain pontife. « Sa foi inébranlable, son engagement constant pour la paix, la justice et le service de l’humanité ont laissé une empreinte indélébile dans le monde », déclare-t-il.

Il évoque avec émotion la visite historique du pape à Maurice en septembre 2019. « Ce moment a transcendé les frontières religieuses. Il a su rassembler les Mauriciens autour des valeurs d’espoir, de compassion et d’amour », estime ce dernier. 

En cette période de deuil, Bashir Nuckchady exprime sa solidarité à la communauté catholique. « Nous nous associons à tous ceux qui ont été touchés par ses paroles et ses actions spirituelles pour honorer sa mémoire. Le pape François a uni les cœurs au-delà des croyances. Que son message continue d’éclairer le chemin des générations futures », avance-t-il. 

Et de conclure avec respect : « Nos sincères condoléances vont au Vatican, à l’Église et à tous ceux qui pleurent cette immense perte. »

Christophe Troylukho : « J’ai senti que Dieu me parlait à travers son regard »

Christophe Troylukho, membre de l’équipe de Zezi Vre Zom (ZVZ), chargée de l’accueil à Marie Reine de la Paix, se souvient d’un moment marquant lors de la visite du pape François. 

« J’avais un problème lombaire, et je souffrais depuis 2016. Ce jour-là, alors que je portais une ceinture lombaire, nos regards se sont croisés. C’était un regard de compassion et d’amour. J’ai senti que Dieu me parlait à travers ce regard, me disant : ‘N’aie plus peur, je suis avec toi, avance.’ Depuis cet instant, j’ai rarement souffert du dos, jusqu’à une nouvelle blessure en juillet 2024 », évoque-t-il. 

L’impact du pontificat du pape François sur Christophe Troylukho est évident. « Il a marqué son pontificat par son approche innovante. En prenant le nom de François, il a cherché à rapprocher l’Église des pauvres. Ses prises de position sur des sujets comme Gaza, l’Ukraine, les migrants de Lampedusa, et son ouverture au monde musulman et aux chrétiens orthodoxes m’ont profondément marqué », précise-t-il. 

Christophe Troylukho cite également l’encyclique du pape. « Laudato Si », qui aborde l’écologie et le changement climatique, un autre aspect du pontificat qui l’a touché.

Éric Rioux : « Un privilège inoubliable de l’avoir photographié »

Photographe officiel du diocèse de Port-Louis, Éric Rioux a capturé des moments uniques lors de la visite du pape à Maurice en 2019. « Photographier le pape François a été un privilège inoubliable », confie-t-il. Il garde l’image d’un homme simple, défiant le protocole pour aller à la rencontre des fidèles. « Au caveau du père Laval, lorsqu’une dame l’a interpellé, il n’a pas hésité à aller la saluer », se souvient-il.

Au monument Marie Reine de la Paix, Éric Rioux était au plus près du pontife. « Ce qui était stressant, c’est qu’on n’avait droit à aucune erreur. Il fallait être constamment vigilant pour saisir la meilleure photo, car on ne pouvait pas lui demander de poser. Il fallait capturer chaque instant », explique-t-il. 

La tentation de lui serrer la main était forte, mais le professionnalisme l’a emporté. « Je ne suis pas certain d’avoir une telle opportunité une nouvelle fois. J’ai eu cette chance, 30 ans après la dernière visite d’un pape à Maurice. » 

La dernière bénédiction Urbi et Orbi du pape, dimanche, malgré sa santé fragile, l’a marqué. 

« Je me suis demandé d’où il tirait un tel courage. En apprenant la nouvelle de son décès, je n’ai pu m’empêcher de penser que Dieu lui avait accordé la grâce de faire cette dernière apparition devant les fidèles, pour offrir une ultime bénédiction, avant de partir sur la pointe des pieds, le lendemain, lundi de Pâques », confie-t-il. Éric Rioux mesure sa chance d’avoir pu rencontrer le pape François. « Ces souvenirs resteront gravés à jamais », souligne-t-il.