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Ougadi : un renouveau dans la tradition

L’« Ugaadi Pacchadi » est le premier plat consommé pour célébrer le Nouvel an.

Ce dimanche, les Mauriciens de foi télougou célèbrent Ougadi, commémorant la création du monde par Brahma. Au programme : bain rituel, prières, dégustation du symbolique « ugaadi pacchadi », visite au mandiram pour le Panchaangam et festivités culturelles.

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«Ougadi marque le début d’une nouvelle ère, d’une nouvelle année, non seulement pour la communauté hindoue, mais aussi pour l’ensemble de l’humanité. C’est le jour de l’Ougadi que le dieu Brahma a créé le monde. Ougadi représente donc l’anniversaire de la création », souligne l’Acharya Balkrishna Appadoo, qui officie au Shri Vishnu Aalayam à Morcellement St André. 

Ce dimanche 30 mars, les Mauriciens de foi télougou célèbrent Ougadi, également connu sous le nom de Nouvel an télougou. À cette occasion, les familles se rassemblent pour rendre hommage aux divinités, consulter les prédictions astrologiques et partager des instants de convivialité autour de douceurs traditionnelles et de mets festifs.

Les célébrations débutent par le bain sacré, appelé « Mangala Snanam ». « Ce bain est préparé avec un mélange de grains secs et de safran vert, que nous écrasons au préalable. Aucun savon ni shampooing n’est utilisé. Nous effectuons un massage pour déboucher les pores et purifier la peau. Le safran, reconnu pour ses propriétés antiseptiques, est également bénéfique pour la peau », précise l’Acharya Balkrishna Appadoo.

Après le bain rituel, les membres de la communauté se consacrent à la prière et à la préparation du « muggulu » (rangoli), un motif traditionnel tracé à l’entrée de la maison avec des grains secs et des céréales. Ensuite, ils accrochent le « toranam », une guirlande de feuilles de mangue, au seuil de la maison, symbole de prospérité et de bénédictions pour l’année à venir. « Le ‘toranam’ que nous plaçons au-dessus du seuil de la maison représente la verdure, la nature, la santé et l’oxygène. »

Un moment incontournable des festivités est la préparation du « ugaadi pacchadi », un mélange composé de six ingrédients en quantités égales : piment, sucre, sel, mangue ou fruit de Cythère, fleurs de lilas de Perse et tamarin. « Chaque ingrédient représente un goût distinct. Ce mélange symbolise les différentes étapes de la vie, avec ses joies et ses épreuves. Il nous rappelle qu’il faut accepter chaque facette de l’existence sans se laisser décourager par les obstacles », explique le prêtre.

Avant le petit déjeuner, chaque membre de la famille goûte au « ugaadi pacchadi », dont une petite portion est offerte aux divinités sur l’autel à la maison. Cette tradition s’étend également aux gâteaux préparés pour l’occasion. Parmi les douceurs traditionnelles, on retrouve l’Ariselu à base de riz (appelé Adourson chez les Tamouls), l’Aplu, le Pat Kai llu. 

Une fois ces rituels matinaux complétés, les fidèles se rendent au mandiram pour les prières et la lecture du Panchaangam, un calendrier lunaire guidant les prévisions astrologiques. Selon l’Acharya Balkrishna Appadoo, chaque individu naît à un jour et une heure précis, sous une étoile particulière. En consultant les nouvelles prédictions du Panchaangam, chacun pourra découvrir les prédictions de son horoscope, notamment dans les domaines financier et du bien-être.

Après la cérémonie au mandiram, les Mauriciens de foi télougou se rassemblent à l’Indira Gandhi Centre for Indian Culture (IGCIC) à Phoenix pour assister à un spectacle. Ce dernier met en lumière la richesse de la culture télougou à travers des performances de chants, de danses et de poèmes. Ce moment de partage célèbre l’héritage culturel et renforce les liens communautaires. De retour à la maison, un repas végétarien est privilégié pour clore cette journée empreinte de spiritualité et de convivialité. 

En effet, d’un foyer à l’autre, Ougadi tisse invisiblement les familles mauriciennes dans un grand tissu de traditions. Ce n’est pas seulement une célébration, c’est une affirmation : la culture vit, respire, et se transmet avec une passion intacte.

À Saint-Pierre, Vishal Appadu et sa famille se préparent minutieusement pour cette journée spéciale. Le nettoyage de la maison, l’achat de vêtements neufs et de cadeaux marquent le début des festivités. La veille, ses filles ont tracé avec soin le « muggulu » à l’entrée et installé le « torranalu ». « Le ‘muggulu’ vise à apporter de la positivité, tandis que le ‘torranalu ‘agit comme une barrière contre les énergies négatives », explique-t-il.

Tôt ce matin, avant même le lever du soleil, il se prépare pour le rituel du bain sacré, symbole de pureté et de renouveau. Pendant ce temps, son épouse s’affaire en cuisine pour préparer le « ugaadi pacchadi » et d’autres mets traditionnels. Puis, direction le mandiram, un passage incontournable pour de nombreuses familles, où chacun vient écouter la lecture du Panchaangam. 

« Contrairement à l’horoscope grégorien, le Panchaangam est bien plus précis. En fonction de notre date et heure de naissance, l’Acharya nous donne des indications précieuses sur l’année à venir », souligne Asriya Seethapah, qui, comme Vishal Appadu, attache une grande importance à ce rituel.

Résidente d’Alma, Dagotière, elle aussi commence sa journée avant l’aube. « Nous avons tout préparé en amont : le nettoyage, l’achat de vêtements et de décorations. » Son rituel matinal inclut un bain spirituel aux huiles, censé purifier à la fois le corps et l’esprit. Avec sa mère, elle prépare le Pat Kai llu avant de rejoindre le mandiram, où elle déguste le ugaadi pacchadi et écoute attentivement le Panchaangam. « C’est une tradition essentielle, qui nous permet d’avoir des repères pour l’année à venir. »

Tout comme Vishal Appadu et sa famille, Asriya Seethapah ne manquera pas la fête culturelle à l’Indira Gandhi Centre for Indian Culture. « Cette célébration met en valeur la langue et la culture télougoue », sourit-elle.

Au-delà des prières et des prédictions, Ougadi est aussi un moment de convivialité. Pour Videsh Venkatasami, cette fête symbolise un nouveau départ. « C’est un renouveau avec une nouvelle année », confie-t-il. Comme chez Vishal et Asriya, la matinée débute par les prières, puis ses deux enfants, son épouse et lui se réunissent pour préparer les douceurs traditionnelles avant de se rendre au mandiram. « Nous y rencontrons des proches, des amis, des connaissances, et c’est l’occasion de discuter et de se souhaiter un joyeux Ougadi. »

Mais pour lui, la fête ne s’arrête pas là. Après la prière, il prend la route avec ses proches en direction de Belle-Mare, où ils célèbrent l’événement dans une ambiance festive. « Nous allons fêter Ougadi comme le 1er janvier, avec un bring and share exclusivement végétarien. Nous jeûnons aujourd’hui et poursuivrons ce jeûne pendant huit jours pour Ram Navmi, qui commémore la naissance du Dieu Ram. »

Si certains choisissent de célébrer en extérieur, d’autres privilégient la chaleur du foyer. Brinda Chiniah-Bungaroo, installée en Angleterre depuis plus de 20 ans, a décidé de repousser son départ pour vivre cet Ougadi à Maurice après cinq années d’absence. « Cette fête me tient particulièrement à cœur. » Après avoir accompli les rites traditionnels et assisté aux prières au mandiram, elle retrouvera sa famille pour un dîner.

Elle se remémore avec émotion les célébrations d’antan. « Avant, nous allions à la plage en bus, chacun apportait son deksi de briani, et nous partagions un repas tous ensemble. C’était un moment de bonheur en famille. » Aujourd’hui, les habitudes ont changé, mais l’essence d’Ougadi demeure : un moment de retrouvailles et de transmission. « Cette année, nous nous réunirons dans la maison de nos parents disparus. Ce sera l’occasion de raconter les histoires d’antan et de passer un agréable moment ensemble. »

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