Le directeur de la Land Drainage Authority, Nuvin Khedah, indique que l’organisme a identifié plus de 200 zones inondables à travers le pays. Selon lui, les constructions illégales sur des drains naturels, l’épierrage des champs et le remplissage illégal des zones humides sont des facteurs qui accentuent le problème d’inondation.
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Quelles sont les procédures à suivre avant que la Land Drainage Authority (LDA) ne décrète une région de l’île, zone à risques ?
D’abord, on prend en considération la topographie de la région en question. Nous avons à notre disposition des outils très sophistiqués et il y a également le Digital Elevation Model qui nous permet d’avoir une idée précise de la surface du sol. Ensuite, il s’agit d’identifier des potentiels Low points, des bassins versants et des drains naturels, qui permettent de faire une estimation du volume d’eau qui sera canalisé à ces endroits.
À partir de là, on peut déterminer la vulnérabilité des habitants. On doit aussi faire un état des lieux des drains existants. Prenant en considération tous ces facteurs, on catégorise ces régions. À titre d’exemple, à ce jour, nous avons identifié plus de 200 zones inondables à travers l’île, dont moins de la moitié sont considérées comme zones à risques. À ce jour, moins de 20 % de ces régions ont été décrétés High Risk Zone par la LDA.
Dans la pratique, que risquent ces endroits en cas de grosses averses ?
Il faut faire une distinction entre grosses averses et flashfloods. Quand on parle de grosses averses, on peut avoir une pluie de forte intensité étalée sur plusieurs jours. Le sol a le temps d’absorber une partie de cette eau. Par contre en cas de flashfloods, on peut avoir des pluies d’une même intensité sur une plus courte durée. Dans ce cas précis, le sol ne peut absorber l’eau à temps. Avec le changement climatique, ce genre de phénomène est plus fréquent. Si les mesures appropriées ne sont pas mises en œuvre à temps dans ces régions, celles-ci peuvent se retrouver sous les eaux. D’où la démarche du gouvernement d’accélérer les procédures pour la construction de drains.
Où en sommes-nous avec les travaux de drains dans ces régions ?
Les travaux entrepris par la National Development Unit sont en voie d’être complétés cette année à Fond-du-Sac, L’Amitié et Cottage, entre autres. Des travaux sont en cours à Piton, Camp-Thorel, Vallée-Pitot, Tranquebar et plusieurs endroits du district de Moka.
Des études spécifiques et plus poussées sont également en train d’être effectuées dans des endroits tels que Nouvelle-France. Port-Louis est également concerné et une étude a été commanditée pour cette région dans le sillage de la construction des deux Urban Terminal à Victoria et Immigration Square. Dans ce cas précis, nous souhaitons sécuriser ces zones avec les drains appropriés.
Vous avez établi une liste de plus de 200 régions identifiées comme zones inondables. Est-ce que ce chiffre peut augmenter à l’avenir ?
La LDA a établi une carte comprenant plus de 200 zones inondables et il s’agit d’une carte dynamique qui évolue constamment. Pour répondre à votre question, il faut comprendre que les zones à risques actuelles ne vont le rester éternellement. Il y a un suivi et une fois les mesures prises, et après les intempéries, si le constat est positif, elles ne seront plus considérées à risques. Par exemple, avec les mesures déjà prises dans certains endroits, nous avons noté une nette amélioration comparée aux inondations de 2018, même si le risque zéro n’existe pas.
Par contre, il faut prendre en considération le nombre de construction à travers l’île. En plus de cela, les constructions illégales sur des drains naturels, l’épierrage des champs de canne et le remplissage illégal des zones humides sont des facteurs qui accentuent le problème d’inondation et nous sommes contraints à considérer de nouvelles régions comme zones à risque.
Vous travaillez sur le Land Drainage Masterplan. Où en sommes-nous ?
Une équipe, composée de consultants et d’employés de la LDA, travaille d’arrache-pied sur les sites à risque. Nous avons eu des consultations avec toutes les parties concernées, dont la Météo et le National Disaster Risk Reduction Management Centre. Nous respectons l’échéance prescrite et dans 12 mois nous serons en présence d’une première ébauche du Masterplan.
L’avis du public est primordial sur cette première ébauche avant la publication du rapport final dans 15 mois. Je demande au public, d’éviter des constructions dans des zones inondables et surtout de ne pas combler les wetlands. Il y a des cas, comme à Lallmatie et à Sainte-Croix, où la simple construction d’un mur, a fait qu’une cinquantaine de maisons ont été inondées. La collaboration du public est primordiale dans notre stratégie pour atténuer les effets du changement climatique.
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