Nouveaux horaires de fourniture d’eau : comment font les Mauriciens pour s’adapter ?

L’eau, c’est la vie, dit-on. Sauf qu’avec la situation actuelle dans le pays, la fourniture d’eau a été revue. Comment font les Mauriciens pour s’acclimater à leur nouveau quotidien ? Tour d’horizon.

Avec un taux de remplissage d’environ 35 %, nos réservoirs voient rouge en ce début de 2023. Avec les pluies d’été qui ne se profilent toujours pas à l’horizon, les autorités n’ont pas eu d’autre choix que de prendre des mesures extrêmes afin de limiter la casse. Ainsi, les vannes de la CWA seront ouvertes sur une durée moyenne de six heures par région, notamment trois heures le matin et idem le soir.

Retour à l’ancienne

Habitués à une fourniture d’eau en continu, les Curepipiens devront désormais s’habituer à leur nouvelle réalité. C’est avec une lance qu’un jeune adolescent remplit son récipient d’eau. Pour Marie, une commerçante, la fourniture d’eau ne sera pas un souci majeur, par contre, le plus compliqué, c’est la pression dans le robinet. « C’est un retour à l’ancienne. Même si nous n’utilisons pas beaucoup d’eau pour le commerce, ce sera un peu plus compliqué pour nos besoins quotidiens. Surtout que nous avons une maison à étage et que l’eau n’arrive pas forcément jusqu’au robinet. Il nous faudra la transporter », dit-elle. Selon la mère de famille, le bâtiment est dépourvu de pompe à eau. « Notre pompe vient tout juste de rendre l’âme. On prévoyait d’en acheter une autre, mais on n’a pas eu le temps de la remplacer vu qu’on était très occupés par les festivités. Mais depuis mercredi, quand les horaires de fourniture ont été revus, on en a ressenti le besoin », soutient-elle. Entre-temps, c’est le benjamin de la famille qui s’occupe de récupérer l’eau. « On remplit des récipients à l’aide d’un tuyau d’arrosage, car la pression est faible. Par la suite, les seaux d’eau sont transportés à l’étage pour utilisation », indique-t-elle.

Véronique O. : « Nou met linz dan loto nou al kot fami pou lave »

À Morcellement Flèche, La Gaulette, le problème d'eau perdure depuis plus d'un mois. Véronique O., mère de deux enfants, explique qu'auparavant, l'eau coulait au moins pendant deux heures. « De 4 à 6 heures du matin, il fallait tous les jours remplir de l'eau. Mais depuis quelques jours, il n'y a plus de pression. Ce qui fait que certaines maisons ont de l'eau pendant seulement 20 minutes. Chez moi, l'eau n'a pas coulé depuis 48 heures. Je n'ai plus de réserve », se plaint-elle.

Elle avance que depuis toujours, elle fait attention à l'utilisation d'eau. « Nous avons un réservoir qui ne remplit presque pas. Nous n'avons presque plus d'eau. Pour laver les vêtements, je dois les mettre dans la voiture et me rendre chez ma mère ou ma belle-mère pour avoir du linge propre. Cependant, la situation se complique, car nous n'avons plus d'eau pour les bains ni pour préparer les repas ». Elle lance un appel aux autorités pour améliorer la situation.

À Safaa lane à Vallée des Prêtres, Ameerah Nuzooa, âgée de 29 ans, ainsi que ses voisins, ne reçoivent plus d’eau depuis le mois de novembre. Même si les horaires ont été revus, elle affirme que cela n’a rien changé à leur quotidien. « Cela fait plus d’un mois que nous attendons que notre problème soit résolu. Les habitants en face de chez moi sont approvisionnés en eau, mais moi ainsi que cinq autres voisins, ne sommes pas alimentés. C’est très difficile au quotidien de faire face à ce problème. Nous devons acheter des bouteilles d’eau tous les jours et cela coûte très cher », déplore l’habitante.

Les camions-citernes, selon elle, elle ne les a jamais aperçus. « Nous avons appelé à plusieurs reprises sur le 170, mais nous attendons toujours la venue des camions-citernes. Cette situation est très agaçante, surtout qu’en cette période, on a l’habitude de s’affairer avec le ménage de fin d’année », dénonce-t-elle.