Ce mois-ci, Landscope Mauritius fêtera ses deux ans. Sa création et la nomination de sa directrice ont fait couler beaucoup d'encre. Naila Hanoomanjee, directrice de la compagnie, nous en dit davantage.
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Landscope fête ses deux ans. Depuis décembre 2016, quels ont été les accomplissements de cette « super structure » ?
La plus grande réussite c'est d'avoir pu à amalgamer trois compagnies en une seule. Nous avons réussi à rendre la compagnie profitable. La SLDC subissait une perte de Rs 95 847 720, la SPDC une perte de Rs 21 241 077 et BPML un profit de Rs 12 180 698. Pour l’année financière de 2017, après l’amalgame des compagnies, nous avons réalisé un profit de Rs 29 137 078. Pour l’année à venir, nous réaliserons un profit de Rs 43,5 millions.
Comment vous vous y êtes prise pour réaliser de tels profits ?
La SLDC avait un cluster de SME Parks que la compagnie louait. Elle plaçait des entrepreneurs dans ces parcs, mais ces derniers ne payaient pas le loyer. Nous avons transféré ces parcs et leurs dettes à la Banque de développement de Maurice. Autre exemple est que nous avons transféré le Mahebourg Waterfront au ministère des Terres, car il ne rapportait aucune rente. Nos dépenses excédaient nos revenus de Rs 8 millions chaque mois.
Il n'y aura aucun développement au front de mer de Mahébourg ?
Il n’y aura aucun développement au Mahebourg Waterfront de la part de Landscope.
Éliminer les dépenses ne suffit pas, avez-vous d'autres projets ?
Riche-Terre Business Park nous a rapporté Rs 70 millions de revenus.
Landscope Mauritius est souvent critiquée, car le mandat du gouvernement arrive à échéance et les réalisations de Landscope sont peu visibles selon l'opposition.
L’opposition fait son travail et nous aussi. Il faut comprendre que, pour chaque projet, il faut faire approuver des permis et des plans et cela prend du temps. Au Riche-Terre Business Park, il y a 275 arpents et 80% ont été loués et nous allons émettre des lettres d’approbation à 21 promoteurs. Le premier projet sort des terres le 3 décembre. Il y a aussi un projet de front de mer à Les Salines, Cassis.
Concernant Ébène, arrivez-vous à mettre de l’ordre entre les parkings sauvages, les marchands ambulants et les embouteillages ?
Landscope est actionnaire d'Ébène Car Park. Ce projet a été mis en arrêt pendant longtemps. La raison c’est qu’il y a eu des guerres d’orgueil. Lorsque je suis venue, la situation était chaotique à Ébène et je me suis dit qu’il fallait débloquer la situation. J’ai appelé les deux parties et nous avons résolu les pépins. En novembre 2019, le parking sera prêt.
L’opposition, dont le député Rajesh Bhagwan, souligne que la situation vous échappe…
Il faut comprendre que les terrains appartiennent à Landscope mais les routes sont sous la responsabilité de la municipalité de Quatre-Bornes. Nous avions demandé à des personnes d’agir comme ‘warden’ et d’empêcher les automobilistes de se garer n'importe où, mais il y a eu des accrochages. Nous avons alors négocié avec un promoteur privé pour qu’il mette son terrain à la disposition des automobilistes pour qu'ils puissent se garer en dehors d’Ébène. Nous allons de notre côté offrir des navettes pour rejoindre Ébène. Le terrain se trouve à côté de la station d’essence d’Ébène et les automobilistes paieront une petite somme pour se garer.
Au sujet des marchands ambulants, nous avions demandé qu’il y ait une station de police. Nous leur avons donné un bâtiment gratuitement et je leur ai dit de ne pas faire office de vases à fleurs. La police a demandé aux marchands de ne plus se garer, car ce n’était pas joli à voir des marchands qui gâchent la vue devant un hôtel. Nous voulons construire un food court, mais cela prendra du temps. Nous avons accommodé 50 marchands sur un terrain et ce sont eux qui seront relogés au food court contre paiement.
Rs 200 M pour le Belle-Mare Tourist Village pour rien.»
Le Rose-Belle Business Park abrite une tour vide depuis 2014… Quel est son avenir ?
Concernant le Rose-Belle Business Park, il faut comprendre que le bâtiment a été construit sans qu’il n’y ait de consultations ni d’études pour voir si on pourra recouvrir les coûts. Nous avons été mis devant les faits accomplis. Le Premier ministre l’a même souligné au Parlement. Mais, avec le développement du secteur de la recherche pharmaceutique annoncé dans le Budget, nous avons eu beaucoup de demandes pour ce bâtiment. Nous sommes en négociations avec un promoteur étranger pour qu’il loue complètement le bâtiment. Jusqu’à la fin de l’année, le bâtiment sera loué à 100%.
La Smart City de Côte d’Or n'est pas sortie des terres. Le projet est-il toujours d'actualité ?
Il y a eu un Master Plan en mars et il y a eu 70 propositions. C’est l'EDB et le ministère des Finances qui ont évalué les dossiers avec nous. Nous allons faire des recommandations et ensuite envoyer le papier au conseil des ministres. Nous n’avons pas d’expérience dans la construction d’une Smart City et il nous faudra prendre notre temps et bien réfléchir. Côte d’Or est d’une superficie de 2000 arpents alors qu’Ébène est de 120 arpents. Il a fallu 15 ans à Ébène pour se développer complètement. Donc, il faudra du temps, au moins cinq ans.
Avez-vous trouvé une solution pour Le Belle-Mare Tourist Village, qualifié d’éléphant blanc ?
Le Belle-Mare Tourist Village est un éléphant blanc. Encore une fois, ce bâtiment a été construit en 2009 sans études de faisabilité et la façon dont il a été érigé ne l’avantage guère. C’est un couloir avec des tables des deux côtés et les pylônes sont mal structurés. On ne peut y effectuer de développement. Rs 200 millions ont été dépensées pour rien. Nous avons essayé de louer le bâtiment ou le vendre, mais toutes les options n’aboutissent à rien, car si un promoteur veut le transformer en bungalow ou maison de retraite, il lui faudra injecter de l’argent. Louer ce bâtiment comme marché artisanal ne couvrira jamais les frais. Nous avons lancé des ‘expressions of interest’ pour le louer à bail sur le long terme. Nous avons reçu des propositions et nous les examinons.
L'opposition parle aussi d'opacité, surtout dans les recrutements et l'allocation de contrats. Comment recrutez-vous vos cadres ?
Opacité… (rire) Nous avons agi en transparence. Les appels à candidatures étaient ouverts. Idem concernant les projets. Les recrutements passent par la firme Deloit et ce n'est pas une firme « Mickey Mouse ». C’est cette firme qui recrute des candidats et effectue des entretiens. Ce n’est pas de l’opacité.
Les élections approchent et c'est sûr que votre recrutement, votre salaire et votre proximité avec le gouvernement seront soulevés lors de la campagne. Comment affronter toutes ces critiques ?
J’étais en Angleterre, j’ai vu qu’une compagnie recherchait un directeur et j’ai postulé. Je ne savais même pas qu’il s’agissait de Landscope. J'étais classée lauréate et boursière, j’ai travaillé à Londres pendant 12 ans, j’ai gravi les échelons et j’ai terminé comme associate Director. Je ne vois pas comment ma proximité avec Maya Hanoomanjee ou les Jugnauth m’a aidé dans mon parcours en Angleterre.
Recevez-vous des instructions du gouvernement ?
Aucune instruction de personne à aucun moment ! Même si je tombe sous le bureau du Premier ministre, il ne m’a jamais donné d’instruction.
Que devons-nous attendre de Landscope Mauritius avant la fin du mandat de ce gouvernement ?
La phase une du Port-Louis Waterfront sera opérationnelle avant la mi-décembre. Il y aura aussi d'autres projets, dont la rénovation de la Cyber Tower One, une centrale photovoltaïque en partenariat avec CEB Green et un morcellement à Highlands, entre autres.
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