Mosadeq Sahebdin, président de la Consumer Advocacy Platform : «Consommateurs, planifiez vos dépenses»

En cette période de festivités, Mosadeq Sahebdin, président de la Consumer Advocacy Platform (Cap), conseille aux consommateurs de bien planifier leurs dépenses et d’éviter de tomber dans le piège du surendettement. Par ailleurs, il s’attend à ce que le salaire minimal stimule la consommation en 2018.

Salaires de décembre, boni de fin d’année, les Mauriciens, toutes générations confondues, pourraient tomber dans une frénésie d’achats durant cette période festive. Surtout avec les campagnes de promotion dans le commerce. Certes, on ne peut les empêcher de dépenser leur argent, mais que leur conseillez-vous ?
Il est certain que disposant de plus d’argent, des consommateurs se laisseront tenter par des achats effrénés. Toutefois, pour ne pas tomber dans l’excès et surtout s’endetter davantage, il est primordial de planifier ses dépenses. Cela s’applique pour tous les mois et pas qu’en décembre. Une planification budgétaire permet d’éviter les achats impulsifs et de se retrouver avec des produits dont on n’a pas réellement besoin. Paradoxalement et alors qu’ils ont plus d’argent en main, bon nombre de consommateurs achètent davantage à crédit. La Cap recommande vivement aux consommateurs d’éviter les achats impulsifs pour ne pas tomber dans le piège du surendettement. Nous leur conseillons aussi d’éviter les achats à zéro dépôt. Faire un versement en vue d’un achat à crédit permet de se responsabiliser et il faut à tout prix éviter le concept « achetez maintenant, payez après trois mois ».

Que peuvent faire les autorités pour éponger cet excès de liquidités sur le marché, qui pourrait relancer l’inflation ?
Malheureusement, les plans d’épargne ne sont plus attrayants et il convient de développer d’autres produits bancaires en vue de permettre aux consommateurs d’investir. 

Comme chaque année à cette période, des maisons de commerce rivalisent au niveau des campagnes de promotion. Qu’en pensez-vous ?
Les campagnes promotionnelles font partie des stratégies commerciales pour inciter les consommateurs à dépenser. Toutefois, c’est à eux d’être vigilants afin de faire la différence entre les offres avantageuses et les pièges. L’offre de produits alimentaires, de confiseries et autres chocolats etc., à des prix promotionnels, peut cacher le fait qu’ils sont proches de leur date d’expiration. Par exemple, une boîte de margarine vendue à Rs 18 contre Rs 50 au prix normal, risque de ne plus être comestible dans deux jours…

Pensez-vous que 2018 sera meilleure pour les consommateurs avec l’introduction du salaire minimal ?
Si le salaire minimal est accepté par la majorité des employeurs, il faudra s’attendre à une relance de la consommation. Disposant d’une plus large marge de manœuvre, l’on peut s’attendre à une montée en grade de la consommation, avec plus de consommateurs préférant des produits de meilleure qualité plutôt que les entrées de gamme. Une telle évolution stimulera la concurrence et permettra, sur le long terme, aux consommateurs de disposer d’un plus grand choix de produits à des prix compétitifs.

De plus avec l’abolition du resale price maintenance, les prix d’une large gamme de produits de consommation courante seront plus compétitifs, les distributeurs devant permettre aux détaillants d’offrir des prix plus attrayants. Par ailleurs et au vu de la réduction des commissions perçues par les agences de crédit auprès des revendeurs de produits, tels que l’électroménager et les meubles, les prix de ces produits devront baisser d’au moins 5 %.