Huit ans après avoir perdu son frère Noorani, lors d’une altercation en pleine rue, Yoosoof livre ses sentiments sur le rôle des autorités et sur le verdict.
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«Je suis moralement affecté par ce verdict », lâche Yoosoof Korimboccus. Cet habitant de Terre-Rouge, âgé de 58 ans, a perdu son frère, Noorani Korimboccus, il y a huit ans. C’était lors d’une altercation en pleine rue avec son voisin, Sheik Sayed Mohamade Kausmally, 46 ans, et le père de ce dernier, Moossa Kausmally, un retraité de 74 ans. Le drame a eu lieu le 24 octobre 2009 à Terre-Rouge.
Les deux accusés avaient plaidé coupables d’avoir mortellement agressé leur voisin, Noorani Korimboccus, 46 ans, après une énième dispute à propos d’un droit de passage. Le 12 mai 2017, la cour intermédiaire a condamné Sheik Sayed Mohamade Kausmally à quatre ans de prison. Son père a, lui, écopé de trois ans. Le verdict a été prononcé par la magistrate Niroshini Ramsoondar qui a aussi ordonné que les 955 jours passés en détention préventive soient déduits de leur peine.
Les inséparables
Rencontré le mercredi 17 mai 2017, Yoosoof Korimboccus a analysé ce verdict. « Quatre ans, c’est léger par rapport à la souffrance et au traumatisme de toute notre famille, dit-il. À la radio, j’ai entendu le cas d’un jeune homme qui a été condamné à dix ans de prison pour une tentative de meurtre alors que dans notre cas, il y a eu mort d’homme. »
Yoosoof Korimbocus explique qu’il travaille depuis son plus jeune âge comme tôlier. Son frère l’aidait dans sa tâche comme peintre pour les véhicules qu’il retapait dans la cour de la maison paternelle sise à Kausmally Lane, Terre-Rouge. « Dans le passé, mon frère et moi avions réparé des voitures appartenant aux Kausmally. »
« Mon frère et moi avons connu une vie difficile. Nous étions une famille nombreuse de quatre frères et trois sœurs. À la mort de notre père, nous avons dû apprendre un métier et trouver du travail, J’avais 17 ans et Noorani, 14. Nous étions presque inséparables à tel point que des personnes nous confondaient souvent. »
C’est en larmes que Yoosoof Korimbocus a fait le portrait de son frère. « C’était quelqu’un de bien et n’importe qui vous le dira, c’était un travailleur assidu, même les dimanches, et Noorani avait toujours de la peinture sur ses vêtements, dit-il. Pour rentrer à la maison, nous devions passer par une étroite ruelle comme bon nombre de gens qui habitaient près de cette impasse. Puis, il y a eu des dissensions avec les Kausmally sur ce droit de passage. »
« Le silence des autorités »
Yoosoof Korimbocus a expliqué en avoir averti les autorités. Pour preuve, il a montré une pétition, signée le 11 mars 2008, par lui et d’autres habitants de Kausmally Lane. Elle était adressée au conseil de district de Mapou et son frère était leur porte-parole pour protester contre le fait que les Kausmally obstruaient le passage. « La lettre est restée sans réponse, soutient Yoosoof Korimbocus. C’est un drame qui aurait pu être évité mais les autorités n’ont rien fait pour remédier au problème. »
Dans ses aveux à la police, Sheik Sayed Mohamade Kausmally a relaté les circonstances du drame. Son père et lui travaillent dans une chambre froide et sont engagés dans la vente de poulets. Selon lui, leurs relations avec Noorani Korimboccus n’étaient pas au beau fixe. Ce dernier se serait plaint de n’avoir pas de place pour sa moto en raison des obstructions occasionnées par les voitures des Kausmally.
Le jour fatidique, le père et le fils étaient dans leur chambre froide à découper des volailles lorsque Noorani Korimboccus serait arrivé à moto en proférant des injures. Une énième dispute a éclaté entre voisins et il serait allé chercher un sabre pour frapper Moosa Kausmally au visage. Blessé, ce dernier s’est saisi du sabre. Son fils Sheik Sayed Mohamade, qui avait un couteau de travail à la main, est intervenu et il s’est ensuivi une lutte entre les deux hommes en pleine rue.
Sheik Sayed Mohamade Kausmally dit être tombé sur Noorani Korimboccus près d’un trottoir. Blessé à l’épaule, il se serait difficilement relevé et il a constaté que son couteau s’était enfoncé dans le ventre de celui-ci. Le père, lui, en a profité pour assener deux coups de sabre à la jambe de Noorani Korimboccus.
S’il se dit conscient que rien ne ramènera son frère à la vie, Yoosoof Korimboccus a confié qu’il souhaite loger une plainte au civil contre les agresseurs de son frère. « Je suis quelqu’un qui prie beaucoup mais comment expliquer à ma nièce de 18 ans que celui qui a agressé son père va sortir de prison dans quelques mois ? »
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