Il ne reste plus que quelques heures avant que la nouvelle année ne pointe le bout de son nez. À l’aube de 2023, des gens évoluant dans divers secteurs d’activités reviennent sur leurs engagements de citoyens. Ils confient quel cadeau ils espèrent offrir au pays.
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Pr. Khalil Elahee, universitaire et expert en matière énergétique : «Convaincre la population à dire non au gaz naturel liquéfié»
« Si Dieu le permet, je ferai tout mon possible en 2023 pour convaincre les décideurs, les acteurs économiques, le public mais surtout la jeunesse à dire « NON » à l’introduction du gaz naturel liquéfié (GNL). Il ne faut pas céder aux puissants lobbies et leurs agents qui veulent imposer à toute la population, et aux générations futures, cette source d’énergie fossile qui doit être importée et dont le prix ne fera qu’augmenter avec le temps. Nous avons une alternative si nous voulons ne pas suivre ces lobbies. Nous avons pu éviter un ‘lock-in’ avec CT-Power, et le danger du GNL est le même, voire pire aujourd’hui.
L’investissement initial est énorme, au-delà de Rs 20 milliards, et le coût annuel sera de plusieurs milliards, au bénéfice d’un promoteur, mais au détriment de centaines de milliers de contribuables, actuels et futurs. D’ailleurs, nous n’avons pas la masse critique en matière de demande pour justifier la fourniture et le stockage de ce carburant dont on ne sait pas où, à moins de 160 oC, selon des normes strictes de sécurité.
Je m’engage, en 2023, qui est une année décisive pour notre avenir énergétique, à lutter contre ceux qui nous mentent en affirmant que c’est une énergie propre. Les émissions de méthane durant l’extraction, la transformation et le transport, y compris les fuites, doivent être prises en compte. Le GNL n’est pas renouvelable. Ce projet sera toutefois inévitable si nous ne résistons pas ensemble contre ceux qui, directement et indirectement, ne font que bloquer, depuis des années, le progrès des énergies locales propres comme l’énergie solaire et éolienne. Des fois, ils avancent le spectre du black-out pour effrayer et ainsi faire l’affaire des ‘lobbies’. Au lieu de crier au loup, notre priorité doit être une bonne gestion de notre énergie, en misant sur la maîtrise de la demande. Ce sera mon combat, si Dieu le veut ».
Dr Karuna Rajiah, psychologue et lecturer : «Donner un peu de soi»
Je souhaite aider les enfants à problèmes à travers des organisations non gouvernementales. Je veux aussi apporter mon soutien aux femmes en détresse, aux familles en difficulté. Je compte aussi user de mon expertise pour être à l’écoute des enfants qui ont des troubles d’apprentissage. Donner un peu de soi et de son expérience est indéniablement un cadeau qu’on peut offrir à son pays. »
Dr Yanish Purmah, consultant en cardiologie : «Je continuerai à faire l’éducation médicale des Mauriciens»
Ma contribution serait de continuer à faire l’éducation médicale des gens. Je souhaite aider à améliorer le service de santé à Maurice. J’essaye de partager mon savoir et mon expertise. C’est ce que je peux donner à ma patrie. Je continuerai à le faire. Cependant, il faut un forum plus ouvert pour qu’on puisse le faire. Je fais l’éducation des Mauriciens sur les réseaux sociaux et à travers des articles de presse et des émissions radio. Je pense que le ministère doit mettre sur pied un forum pour que les médecins mauriciens puissent partager leurs connaissances et expériences. Il faut plus d’ouverture à ce niveau. Il faut aussi faciliter la tâche aux médecins voulant rentrer au bercail en créant une streamline et qu’ils n’aient pas à tout recommencer à zéro. »
Adi Teelock, militante écologiste : «Renouvellement de mon engagement»
« Plutôt que cadeau, je vais parler de renouvellement de mon engagement citoyen. Avec d’autres, je poursuivrai ce que je fais : m’impliquer à fond dans la vie de la cité. Aujourd’hui encore plus qu’auparavant, il y a de la part des citoyens une responsabilité de vigilance, de prise de parole, de s’indigner quand la situation le demande, d’exiger de la transparence et l’accountability de la part des dirigeants, et de solidarité et d’empathie envers les plus affectés par les crises multiples qui impactent notre société et notre pays.
Informer, expliquer, proposer des politiques alternatives et une autre manière de voir et de faire les choses seront encore au menu. Ensemble, nous devons trouver des solutions. Et pour cela, nous devons faire des diagnostics de manière aussi dépassionnée et sérieuse que possible, éviter le piège des réponses faciles qui ne sont en fin de compte que des leurres, qui séduisent parce qu’elles semblent apporter une solution rapide à un problème dont nous n’avons peut-être pas saisi la complexité, mais dont nous voulons nous débarrasser au plus vite. »
Mohammad Yaaseen Edoo, Research Officer pour la Global Rainbow Foundation : «Poursuivre mon activisme pour améliorer le sort des handicapés»
Je souhaite que l’année 2023 soit meilleure que 2022 pour les Mauriciens surtout pour les jeunes. J’espère qu’il y aura plus d’opportunités d’emploi et qu’ils ne se laisseront pas tenter par la drogue, le tabagisme et l’alcoolisme. J’espère qu’ils s’adonneront à une activité physique régulière. En tant qu’activiste pour les personnes en situation de handicap, je souhaite que la loi pour la protection et le bien-être de celles-ci soit enfin une réalité. Ainsi la vie des personnes handicapées s’améliorera. Quant à moi, je vais poursuivre mon activisme en ce sens. »
Rita Venkatasawmy, Ombudsperson for Children : «Je ferai don de ma personne pour le bien-être des enfants»
Je veillerai à ce que les droits des enfants soient respectés. Je continuerai à travailler d’arrache-pied. Je ferai don de ma personne pour le bien-être des enfants. Je souhaite que tout enfant puisse grandir dans une famille. C’est dommage qu’il y l’éclatement de la cellule familiale, dont les premières victimes et qui en souffrent sont les enfants de tous âges.
Mon cadeau pour le pays serait de travailler pour la consolidation de la famille. Je pense que c’est le plus gros cadeau qu’on puisse offrir à un enfant. Il y a aujourd’hui, trop d’enfants qui sont perdus et qui ne grandissent pas avec l’amour des parents. Il faut aussi que les couples réfléchissent à deux fois avant d’avoir des enfants. Être dans une relation et faire un enfant ne suffisent pas. Il faut pouvoir s’en occuper. Il y a cette responsabilité citoyenne. Ce n’est pas à l’État de prendre soin des enfants, mais leur famille. »
Stéphan Nabab, footballeur professionnel : «Me battre pour l’or si je fais partie de la sélection pour les JIOI»
Plusieurs compétitions sont en ligne de mire en 2023. La COSAFA ou encore les Jeux des îles de l’océan Indien (JIOI). Si je fais partie de l’équipe, je vais me battre pour l’or. Ce qui sera une gloire pour le pays. En 2019, aux JIOI, on s’est donné à fond avec toute l’équipe. On a remporté l’argent. Le Club M compte bien se rattraper avec une meilleure performance.
En ce qui me concerne, je ne sais pas encore si je ferai partie de la délégation. Mais je me donne à fond et je persévère. J’ai des ‘release’ au niveau du travail pour les entraînements. On espère avoir plus de soutien du ministère des Sports qui nous encadre déjà. Ce, à travers l’organisation de matchs amicaux avec des équipes internationales. Cela nous permettrait de savoir où on se situe, quelles sont nos forces et nos lacunes. Ce sont des entraînements continus qui nous aident à être plus performants. »
Jane Ragoo, syndicaliste : «Militer pour un comité disciplinaire indépendant»
Il y a une chose qui me tient à cœur. Il s’agit de l’instauration d’un comité disciplinaire indépendant pour les employés du secteur privé. Comme le salaire minimum pour lequel on a milité, si on arrive à mettre sur pied ce comité indépendant, ce sera un cadeau pour les employées du pays. À ce jour, quand un employé a fauté ou quand l’employeur affirme qu’il a fauté, on dispose de 20 jours afin de décider ce qu’on va faire de lui. Dans la majorité des cas, la décision de le virer est prise. L’employeur ne se soucie pas si l’employé à une famille à nourrir, des enfants à envoyer à l’école et des dettes à payer. L’employeur est ‘juge & partie’. L’employeur paye une Chairperson pour présider le Board disciplinaire qui est soi-disant indépendant, alors que tel n’est pas le cas. On milite ainsi pour qu’il y ait un comité disciplinaire vraiment indépendant avec des officiers du Travail et des avocats à la retraite. Des ministres du Travail, dont Shakeel Mohamed et Soodesh Callichurn, ont essayé d’aller dans cette direction, mais jusqu’ici il n’y a rien eu de concret. Il faut vraiment mettre sur pied ce comité disciplinaire indépendant sous l’égide du ministère. Ce n’est pas difficile. Cela permettrait aux employés d’avoir un ‘fair trial’. Je vais continuer à lutter pour que cela se concrétise. Je serai très contente. »
Avinaash Munohur, politologue : «Identifier les crises»
Il me semble de plus en plus clair que nous vivons une époque marquée par de profondes transformations. La manière avec laquelle nous agissons et faisons de la politique se doit d’évoluer afin de pouvoir faire bouger certaines lignes qui montrent aujourd’hui une grande fébrilité. Il n’est pas difficile d’identifier les grands problèmes qui seront les nôtres pour les décennies à venir. Ils se résument, en gros, à trois vecteurs : le réchauffement climatique ; la révolution digitale et la géopolitique de l’océan Indien. Ces trois vecteurs se déploient dans tout ensemble de crises, que nous subissons déjà, mais qui vont continuer à s’approfondir. Crises des institutions, crise environnementale, crise sociale, crise du logement, crise des inégalités, crise du chômage, crises énergétiques et crises alimentaires etc. Identifier ces crises, même si elles sont toujours à l’état embryonnaire, est la priorité actuelle pour tout citoyen engagé. C’est à partir de là seulement que nous pourrons commencer à faire émerger une cartographie politique différente, qui soit en rupture avec les réflexes historiques qu’il est grand temps de faire voler en éclats. Ainsi, je pense que le meilleur cadeau que nous puissions faire à notre pays, c’est d’avoir le courage de cet autre regard. Accepter de voir les choses différemment, accepter de voir que notre pays se transforme rapidement et que d’autres enjeux sont rapidement en train d’émerger. S’éduquer et s’informer aussi pour comprendre le monde qui émerge afin de pouvoir rapidement y trouver notre place. Ce shift n’est pas simple à réaliser, mais il est vital si nous voulons faire avancer notre pays. »
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