Moeurs : Alain Agathe réactive son réseau de prostitution 15 ans après

• Deux Malgaches et un Bangladais arrêtés
• Rs 2 500 pour chaque « transaction »

Chassez le naturel, il revient au galop, dit l’adage. Alain Agathe semble n'avoir tiré aucune leçon de ses démêlés antérieurs avec la justice. Le mardi 10 octobre, les portes de la prison se sont rouvertes pour cet homme de 62 ans, originaire de Terre-Rouge. Trempé dans un réseau de prostitution depuis 2008, Alain Agathe n'est pas étranger aux tribunaux.

Après 15 ans, il est accusé d'avoir réactivé son réseau. Le 16 septembre 2023, la police a mis un frein à ses activités lors d'une descente de la Crime Intelligence Unit du Nord, dirigée par le sergent Arnasala. Il est en détention depuis cette semaine après que sa demande de remise en liberté a été rejetée.

À l'étage où il réside à Terre-Rouge, Alain Agathe avait aménagé plusieurs chambres climatisées, comme un pensionnat. Cependant, le propriétaire ne possède aucune autorisation de la Tourism Authority pour exploiter une Guest House. Dans deux pièces différentes de cette maison close, deux Malgaches monnaient leurs charmes contre paiement. Leurs clients sont des Mauriciens. Natacha R., (31 ans) et Lalaina A., (33 ans) ainsi que le Bangladais Sazzad Muhammad, alias Alex, ont été arrêtés.

Avec la progression de l’enquête supervisée par l'inspecteur Ramburrun de la Criminal Investigation Division (CID) de Terre-Rouge, la police a établi que le Bangladais joue un rôle clé dans ce réseau de prostitution actif dans le nord de l'île. Il est le « courtier » entre le propriétaire des lieux, Alain Agathe, et les clients. Lors de chaque « transaction », le client doit débourser Rs 2 500 pour des rapports sexuels avec les filles du réseau. Le Bangladais touche une commission de Rs 500, tandis que les prostituées malgaches perçoivent chacune Rs 1 000. Outre le paiement pour la location d’une chambres, le gérant obtient également Rs 1 000 sur chaque « transaction ».

Lors de leur interrogatoire, les deux prostituées ont incriminé les proxénètes Alain Agathe et le Bangladais Alex. « M. Alain, le propriétaire du bâtiment, et Alex, le transporteur, m’ont engagée pour cette activité. Je me prostitue pour de l’argent », dira l’une d’elles.

Les deux Malgaches étaient arrivées au pays avec un visa touriste, mais ont ensuite été recrutées par Alain pour vendre leurs charmes. Le Bangladais a, lui, déclaré qu'il agit sous les instructions d'Alain. Les quatre suspects sont actuellement derrière les barreaux. Chez Lalaina A., à Beau-Bassin, la police a saisi la somme de Rs 81 000. « Cette somme, je l'ai obtenue en me prostituant », concède-t-elle. Chez Natacha R., à Port-Louis, les enquêteurs ont saisi Rs 8 125 ainsi que des devises étrangères.

Un réseau d'une cinquantaine de femmes

En avril 2008, le présumé cerveau de ce réseau de prostitution, Alain Agathe, est arrêté pour la première fois. À l'époque, celui qui dirige un réseau de plus de 50 femmes opérait dans un pensionnat à Riche-Terre. L'enquête de la police avait permis de lever le voile sur son modus operandi. Il utilisait un site Web à l'époque pour « vendre des femmes ». Quand un client l'approchait, il lui montrait des photos des femmes figurant dans la galerie de son téléphone. Une fois que le client validait son choix, Alain faisait appel à la fille. Il a également eu des démêlés avec la justice pour des affaires de drogue. En 2010, il est arrêté pour le trafic de 87 ‘pouliahs’ de gandia.

En un clic

Fuyant la misère dans la Grande île, ces filles vendent leurs charmes à Maurice et à La Réunion. À Maurice, loin de faire le trottoir, ces Malgaches opèrent via un site Internet, l'A..... Escort. Pour un rendez-vous, tout se passe en un clic. Les prix varient entre Rs 2 500 et Rs 4 000. Elles donnent rendez-vous principalement à leurs clients dans la région de Grand-Baie. Lors d'une descente dans une villa à Trou-aux-Biches, le 1er décembre 2022, la police a procédé à l’arrestation de quatre Malgaches. Dans deux pièces différentes, un client était en compagnie de deux femmes. Même scène dans la seconde chambre. Le client avait déboursé Rs 2 500.