La Mauritius Investment Corporation (MIC) intéresse le gouvernement. Ce lundi 25 novembre 2024, une réunion présidée par le nouveau gouverneur de la Banque de Maurice, Rama Sithanen, déterminera de la suite. Au programme : un Forensic audit sur les dépenses de la MIC et sur les bénéficiaires de ses fonds.
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Créée en 2020, la MIC devait soutenir l’économie du pays pendant la pandémie de COVID-19 en aidant des entreprises à résister à la crise de l’époque et en créant de nouveaux secteurs de développement. Pour ce faire, elle avait obtenu 2 milliards de dollars américains (environ Rs 80 milliards à l’époque) de la Banque de Maurice, dont elle est une filiale. À juin 2023, elle pesait Rs 82,9 milliards. Sa mission s’était ensuite élargie à la création d’un fonds souverain pour Maurice. Le 6 juillet 2023, elle avait ainsi rejoint l’Africa Sovereign Investors Forum.
Beaucoup d’entreprises, notamment dans l’hôtellerie, ont reçu des fonds de la MIC à condition de rembourser ou de vendre des biens, à l’instar de Medine et d’Omnicane. En revanche, des sociétés ayant pour actionnaires des proches de l’ancien gouvernement figurent aussi sur la liste des bénéficiaires.
À fin 2022, Mauriplage Beach Resort Ltd, propriétaire de l’hôtel Maradiva, avait reçu Rs 650 millions. PSH Investment Ltd, appartenant à Avinash Gopee, avait obtenu Rs 100 millions, alors que Luxury Retirement Village, appartenant à la même personne, avait perçu Rs 350 millions. De début 2023 à octobre 2024, nombre d’entreprises, dont certaines ont soutenu L’Alliance Lepep durant la campagne électorale, auraient eu droit à des soutiens financiers de la part de la MIC.
L’audit devra vérifier si les procédures ont été respectées dans le choix d’aider ces sociétés et si l’argent prêté a été utilisé à bon escient. L’ancien conseil d’administration – dont les membres ont démissionné après les élections générales –, se défend de toute mauvaise gestion. Il explique que le rôle du Board se limitait à examiner les dossiers et à approuver ou rejeter les demandes : « Nous nous sommes basés sur les faits qu’on nous a soumis pour trancher. »
Autre aspect de l’audit : celui des « courtiers ». Vu les sommes colossales déboursées, le nouveau gouvernement veut établir si des courtiers ont obtenu de l’argent de la part des entreprises demandeuses de soutien pour faire « avancer les dossiers ».
Au 30 septembre 2024, la MIC avait déboursé Rs 56,83 milliards pour les prêter à 60 entreprises. Au 31 janvier dernier, elle avait injecté Rs 52,3 milliards dans 52 sociétés du privé. Entre début février et le 30 septembre, huit firmes auraient donc bénéficié de Rs 4,53 milliards. Le plus gros bénéficiaire aura cependant été Airport Holdings Ltd (AHL), propriétaire d’Air Mauritius, de l’aéroport de Plaisance, à travers AML et ATOL, et de celui de Plaine-Corail, Mauritius Duty Free Paradise Ltd, entre autres, qui a perçu Rs 25 milliards en 2021. En échange, la MIC est devenue propriétaire de 49 % des actions d’AHL. Les autres 51 % appartiennent à l’État.
Depuis fin 2022, la MIC n’a plus communiqué l’identité des entreprises auxquelles elle a prêté de l’argent. Au 31 décembre 2022, elle avait investi Rs 48,6 milliards dans 48 entités. Avec Rs 56,83 milliards déboursées, il reste potentiellement encore environ Rs 25 milliards dans ses caisses.
Avec cette somme, mais aussi des dizaines de milliards d’avoirs, dont des terrains (environ 1 080 arpents) achetés auprès de Medine et Omnicane, il s’agit de décider que faire de ce patrimoine et quelle mission conférer à la MIC. Le FMI a, à plusieurs reprises, demandé que la Banque de Maurice se désengage de la MIC, estimant qu’elle doit se limiter à son rôle de régulateur du marché et non pas être un investisseur. Au niveau du gouvernement, on souhaite trouver une solution pour respecter ce vœu. Mais quelle formule choisir ? C’est l’épineuse question.
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